Charles Leclerc : « Aller chercher un bon résultat »

Charles Leclerc Monaco
Charles Leclerc assure ne pas avoir douté malgré deux premières courses compliquées en F1.
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Révélation de ce début de championnat 2018, Charles Leclerc dispute ce dimanche son premier Grand Prix de Monaco au volant d’une Formule 1. Impatient d’en découdre à domicile, le régional de l’étape s’attend à vivre un week-end riche en émotions et en sollicitations.

En l’espace de deux courses il est devenu la nouvelle attraction du paddock. Et la nouvelle coqueluche des médias télés. Du jeune espoir couvé par la Scuderia Ferrari, Charles Leclerc s’est transformé en véritable révélation de cette entame de saison 2018. Ses brillantes prestations de Bakou et de Barcelone deux semaines plus tard y ont bien sûr largement contribué. Mais pas seulement. Car le Monégasque a aussi réussi la prouesse de séduire le pourtant peu sentimental microcosme de la Formule 1 par sa simplicité et son honnêteté. Sûr de sa force, mais pas arrogant pour autant, le pilote Sauber a convié l’ensemble de la presse monégasque dans le motor-home de l’écurie helvétique pour un petit-déjeuner placé sous le signe de la décontraction. L’occasion d’évoquer son Grand Prix à domicile et de mesurer l’ambition de celui qui n’a pas hésité à renier son style de pilotage pour performer au plus haut niveau.

En arrivant à Monaco vous comptez déjà neuf points au championnat soit plus que le total récolté par Sauber ces deux dernières saisons (7). Vous attendiez-vous à une entrée en matière aussi réussie ?

Honnêtement non. On a surtout réalisé de très bons Grand Prix en Azerbaïdjan et en Espagne. Les deux premières courses se sont avérées plutôt compliquées pour moi. J’avais énormément de choses à apprendre. Je m’attendais à vivre des moments difficiles. La suite s’est heureusement mieux passée. Peu de monde aurait parié sur ma sixième place à Bakou. La dixième position à Barcelone, même nous nous ne l’aurions pas envisagé ! Sur le papier, Catalunya ne représentait absolument pas un circuit qui pouvait nous convenir. En termes de performance, on s’attendait un peu à souffrir. J’espère donc être aussi surpris ici que je ne l’ai été à Barcelone. Ce ne sera clairement pas facile, mais on va essayer d’aller chercher un bon résultat à Monaco.

En rejoignant Sauber pendant l’hiver vous réalisiez un premier rêve, celui de devenir pilote titulaire au plus haut niveau du sport automobile. Ce week-end vous allez assouvir un autre rêve en pilotant pour la première fois une Formule 1 à Monaco. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

J’attends ce moment depuis tout petit. J’ai toujours regardé le Grand Prix de Monaco étant plus jeune et m’y retrouver aujourd’hui en tant que pilote de Formule 1 c’est juste incroyable. Ces routes, je les emprunte régulièrement pendant l’année en bus ou en voiture. Après, cela n’a plus rien à voir quand on monte dans une F1. L’an dernier j’avais déjà eu l’occasion de m’en rendre compte lors de mon premier Grand Prix de Monaco au volant d’une F2. J’avais même été choqué par la différence de perception que l’on peut avoir par rapport au quotidien. C’est vraiment un rythme à prendre. Une chose est certaine toutefois, j’adore ce circuit.

Rapprivoiser un tracé sur lequel vous avez l’habitude de rouler dans votre vie de tous les jours constitue-t-il la tâche la plus ardue de votre épreuve monégasque ?

Non, en réalité cela vient assez naturellement. Le plus difficile selon moi est de basculer en mentalité course tout en faisant abstraction du fait que j’ai toujours vécu dans cette ville. Je dois garder en tête qu’il s’agit d’un week-end de course et d’une semaine comme les autres. Ce n’est pas forcément évident, mais j’avais plutôt bien assimilé ce paramètre la saison dernière. Je vais donc essayer de conserver la même approche cette année.

« Je ne dois pas changer mes habitudes sous prétexte que je dispute mon Grand Prix à domicile. En fin de compte, ce n’est ni plus ni moins que l’une des 21 courses inscrites au calendrier »

Grand Prix national oblige, vous allez être l’objet de moult sollicitations extérieures tout au long du week-end. Comment réussir à gérer ce facteur sans vous détourner de votre principal objectif ? 

En m’évertuant à aborder ce week-end comme n’importe quel autre du championnat. Je ne dois pas changer mes habitudes sous prétexte que je dispute mon Grand Prix à domicile. En fin de compte, ce n’est ni plus ni moins que l’une des 21 courses inscrites au calendrier. Alors certes, courir à la maison revête toujours une dimension spéciale chez un pilote. Mais je dois conserver la mentalité qui a été la mienne lors des cinq précédents Grand Prix de la saison.

Ne prend-on pas le risque de se disperser quand on doit répondre à autant de demandes de la part des sponsors, des médias et des fans ?

Possible, mais j’ai la chance d’avoir déjà vécu un peu ça en Australie. Pour ma première en F1 à Melbourne, j’ai aussi été confronté à de très nombreuses sollicitations. J’ai connu quatre jours particulièrement chargés, car les gens attendaient beaucoup de moi. Maintenant c’est encore différent ici, car je suis l’homme de Monaco ce week-end (sourire). Comme me l’a justement conseillé Fred (Vasseur), il faut juste que je veille à garder un peu de temps pour moi.  Je dois pouvoir tranquillement analyser les datas et me reposer aussi.

Le circuit de Monaco privilégie les grosses charges aérodynamiques, un domaine dans lequel la C37 n’excelle pas. Redoutez-vous un secteur un particulier ?

Les deux « S » de la Piscine, soit la partie la plus rapide du circuit. On risque d’y rencontrer quelques difficultés parce que l’on manque un peu d’appui aérodynamique. On va devoir bien bosser sur les réglages de la voiture et se concentrer principalement sur le troisième secteur. Ces dernières années, l’équipe a généralement souffert à cet endroit-là. À nous maintenant de bien travailler pour ne pas lâcher trop de temps dans ce dernier secteur.

« Je me suis rendu compte que je devais au contraire privilégier le sous-virage, car c’était de cette manière qu’une F1 se conduisait efficacement. En réadaptant mon style de pilotage, j’ai réalisé un gros pas en avant »

L’an dernier vous survoliez l’épreuve en Formule 2 quand une double intervention de la voiture de sécurité et une rupture de suspension ont mis fin à vos espoirs de succès en Principauté. Que gardez-vous de cette première sortie frustrante à domicile ?

Pour être tout à fait honnête, je n’y pense pas trop. Ce souvenir est derrière moi désormais. Alors oui, j’étais frustré quand la calle de carrossage a cassé. J’évoluais en troisième position à ce moment-là, car on s’était fait avoir par la safety-car. De premier, j’étais tombé au troisième rang d’où ma frustration. Puis la calle a cédé, m’obligeant à abandonner. Or, un abandon en course 1 signifie automatiquement de s’élancer en dernière position de la course 2 en Formule 2. On comprend alors assez rapidement que le week-end est terminé. J’étais forcément déçu, mais je préfère retenir que la performance était là. J’espère simplement qu’elle sera aussi au rendez-vous cette année.

Vous aviez pris l’habitude d’exploiter une monoplace survireuse en Formule 2. Vous avez toutefois dû oublier tous vos anciens reflexes pour performer en catégorie reine. De quelle manière avez-vous procédé pour adopter votre style de pilotage à celui d’une F1 ?

Avant l’Azerbaïdjan, je disposais d’une voiture trop survireuse à mon goût. Elle se comportait de manière imprévisible. On devait corriger ce problème. Bakou étant un circuit en ville bordé de murs, on a cherché à obtenir une voiture plus stable. Or, une voiture survireuse allait à l’encontre de cet objectif. Finalement, je me suis rendu compte que je devais au contraire privilégier le sous-virage, car c’était de cette manière qu’une F1 se conduisait efficacement. En réadaptant mon style de pilotage, j’ai réalisé un gros pas en avant. Après, ce changement d’approche n’explique pas à lui le seul les très bons résultats obtenus lors des deux dernières courses. Mais il m’a permis de vraiment progresser. Charge à mois désormais de rester les pieds sur terre et de continuer à bosser.

Après votre superbe performance de Bakou, vous avez déclaré « être sur un nuage ». Depuis, on a le sentiment que vous ne voulez pas en descendre …

Complètement (sourire) ! J’essaye en tout cas de donner le meilleur de moi-même afin d’obtenir des résultats similaires à celui de Bakou. Je suis parfaitement conscient que cette sixième place a été rendue possible par l’abandon de plusieurs autres pilotes. Réitérer une telle performance ne sera donc pas chose facile. Mais cela restera particulier, car ce sont mes premiers points en F1. Inscrire de nouveaux points dans la foulée à Barcelone, sur un circuit pas favorable à la Sauber de surcroît, fut aussi une réelle satisfaction. Je traverse une belle période. Maintenant, il faut poursuivre sur cette lancée.

Andrea Noviello

Charles Leclerc Monaco interview
Charles Leclerc s’est essayé dans la matinée au simulateur installé par Sauber sur le MGP Live.
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