Les circuits mythiques : Mexico (2/2)

Gerhard Berger Mexico 1986
Gerhard Berger s'adjuge sa toute première victoire en carrière à Mexico lors de l'édition 1986.
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Baptisé en hommage aux frères Rodriguez décédés en compétition, l’Autodrome Hermanos Rodriguez demeure à ce jour le seul tracé à avoir hébergé la Formule 1 au Mexique. Construit et implanté  en 1959 au milieu du parc Magdalena Mixhuca au nord-est de Mexico, le circuit se distingue par son caractère bosselé, ses enchaînements à haute vitesse et son terrible dernier virage en banking. Hôte du championnat du monde pendant 15 ans entre 1963 et 1992, l’épreuve est rayée du calendrier au soir du premier podium en carrière de Michael Schumacher en raison de la forte détérioration de sa piste.

Tout aussi symbolique, bien que nettement moins rocambolesque, l’édition 1965 marque la première victoire d’une Honda en Formule 1 dans les mains de Richie Ginther pour la dernière sortie des moteurs 1500 cc. Vainqueur surprise l’année suivante au volant de la modeste Cooper Maserati, John Surtees ne brillera plus dans la capitale mexicaine à l’inverse de son compatriote Graham Hill sacré finalement une deuxième fois en 1968 quelques mois après la disparition de Jim Clark. Rendues toujours plus rapides par l’évolution des technologies et des matériaux employés, les F1 avalent, en 1970, les 5 km du tracé en 1’41’’860 (temps signé par le poleman Clay Regazzoni) soit près de 17 secondes plus vite que lors de la manche inaugurale organisée sept ans auparavant. La sécurité du tracé n’ayant guère évolué entre-temps, en témoigne l’incident ayant impliqué la March de Jackie Stewart à un chien errant, la catégorie reine renonce à se rendre au Mexique l’année suivante.

L’exode durera 16 longues années, l’occasion pour le pays d’opérer une profonde refonte de ses infrastructures sérieusement mis en cause lors des débordements de foule qui ont eu lieu en 1970 (les spectateurs n’avaient pas hésité à traverser la piste alors que la course n’était pas encore terminée). Le tracé subit lui aussi une cure de jouvence. Ramené à 4, 421 km, le circuit mexicain est amputé de son démoniaque premier virage d’Espiral et de sa sournoise épingle d’Horquilla. En lieu et place émergent les Eses Moise Solana et un nouvel enchaînement avant les Eses qui ramènent les pilotes au virage le plus spectaculaire de la piste : le 180° de Peraltada. Encore secoué par le séisme meurtrier qui a frappé le pays un an plus tôt, le Mexique signe son retour au calendrier en 1986 grâce à un prêt accordé au gouvernement par la famille du pilote mexicain Hector Rebaque. Renommé Autodrome Hermanos Rodriguez, en hommage à Pedro Rodriguez décédé en 1971 lors d’une course d’Endurance sur le Norisring (Allemagne), le tracé sacre Gerhard Berger qui offre à Benetton la première de ses 27 victoires en Grand Prix.

Dégradation fatale

Alors que la F1 vit les dernières heures de son ère turbo, le circuit de Mexico et ses 2285 mètres d’altitude vont représenter un véritable supplice pour les moteurs. En sept éditions, 21 propulseurs failliront lors de la manche nord-américaine. Autre problème de taille : la disparité de l’asphalte mexicain. Fortement critiqué avant sa première mise à l’écart du calendrier, le tracé à la forme de revolver a conservé ses innombrables bosses en dépit de sa réfection récente. Pire, le problème s’accroît d’année en année. Les accidents sont nombreux et l’Autodrome Hermanos Rodriguez passe tout près d’une nouvelle catastrophe en 1988. Lancé à pleine vitesse dans la Peraltada, Philippe Alliot perd le contrôle de sa Lola à la sortie du dernier virage et vient s’encastrer dans le muret des stands. Le choc est effroyable. Après plusieurs tonneaux dans les airs, la monoplace frappée du numéro 30 s’immobilise lourdement de l’autre côté du circuit. Seule la cellule de survie a résisté à l’effrayant crash. Fort heureusement, le pilote français s’en sort sans dommages.

Point culminant de l’affrontement entre Ayrton Senna et Alain Prost, la saison 1990 marque également l’un des plus beaux Grand Prix du Mexique de l’histoire. Seulement 13ème sur la grille, le Français remonte un à un ses adversaires, dont le Brésilien impuissant devant la maestria du pilote Ferrari, et remporte la plus belle victoire de sa carrière lors d’une course marquée par le dépassement d’anthologie  de Nigel Mansell sur Gerhard Berger dans la Peraltada. Malheureusement, le manque de sécurité du circuit mexicain va de nouveau être pointé du doigt l’année suivante. Trois ans après l’accident d’Alliot, Senna se fait lui aussi piéger dans la terrible Peraltada. Si tous les pilotes du plateau abordent l’ultime virage en 5ème vitesse, le futur triple champion du monde tente de le passer en 6ème. Mal lui en a pris. La McLaren décroche immédiatement et va terminer sa course en marche arrière dans le mur de pneus, avant de partir en tonneau sur le sable.

Par chance, le casque du natif de Sao Paulo échoue dans le creux du sillon de sable qui jalonne le tracé mexicain. Mais en 1992, Senna est encore victime d’un sérieux accident à Mexico dans les Eses précédant le dernier virage. La McLaren du Brésilien sous-vire à l’attaque d’un vibreur et s’en va violemment frapper le mur de protection. Blessé à la jambe, le Brésilien vient de subir deux de ses plus graves accidents en carrière. Cette fois, la coupe est pleine pour la FISA (Fédération Internationale du Sport Automobile, ancêtre de la FIA). À l’issue d’une ultime course qui verra Nigel Mansell s’imposer aisément et Michael Schumacher décrocher le premier podium de sa jeune carrière, la plus haute institution du sport automobile choisit de bannir le rendez-vous mexicain. Après 15 Grand Prix disputés, l’Autodrome Hermanos Rodriguez et son incroyable ferveur populaire disparaissent définitivement de l’échiquier de la F1.

Andrea Noviello

Philippe Alliot Mexico 1988
La cabriole de Philippe Alliot en 1988 demeure l’un des crash les plus effrayants de l’histoire.
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