Les circuits mythiques : Mexico (1/2)

Richie Ginther Mexico 1965
Richie Ginther offre à Honda son premier succès en F1 lors du Grand Prix du Mexique 1965.
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Baptisé en hommage aux frères Rodriguez décédés en compétition, l’Autodrome Hermanos Rodriguez demeure à ce jour le seul tracé à avoir hébergé la Formule 1 au Mexique. Construit et implanté  en 1959 au milieu du parc Magdalena Mixhuca au nord-est de Mexico, le circuit se distingue par son caractère bosselé, ses enchaînements à haute vitesse et son terrible dernier virage en banking. Hôte du championnat du monde pendant 15 ans entre 1963 et 1992, l’épreuve est rayée du calendrier au soir du premier podium en carrière de Michael Schumacher en raison de la forte détérioration de sa piste.

De retour en grâce depuis l’éclosion en 2012 du bouillant Sergio Perez, le sport automobile mexicain tente, aujourd’hui, de renouer avec son illustre passé. Celui qui l’avait conduit à accueillir par 15 fois le championnat du monde de Formule 1. Privé de la catégorie pinacle du sport automobile pendant plus de 23 ans, le pays du président Enrique Pena Nieto est parvenu à corriger cette anomalie en 2015 non sans des années de lobbying auprès du grand manitou de la F1 Bernie Ecclestone. Remis au goût du jour par l’architecte Hermann Tilke, l’Autodrome Hermanos Rodriguez a, comme lors de ses plus belles heures, résonné au son des monoplaces et enthousiasmé un public de passionnés toujours aussi fidèle. Pourtant, l’histoire d’amour entre le circuit mexicain et la F1 n’aura jamais été un long fleuve tranquille.

Si l’encombrant voisin américain et son mythique speedway d’Indianapolis ont longtemps été les seuls à bénéficier de la visite de la catégorie reine en Amérique du Nord, le Mexique va profiter de l’abandon de l’escale dans la capitale de l’Indiana au début des années 60 pour entrer en scène. Porté par l’émergence du jeune et talentueux Ricardo Rodriguez, le pays décide, sous l’impulsion de son père Pedro Natalio, de bâtir son propre tracé au cœur de Mexico, la ville natale du pilote Ferrari. Situé dans le parc public Magdalena Mixhuca, le circuit long de 5 km est imaginé par l’ensemble de la famille Rodriguez et offre plusieurs versions différentes ainsi qu’un ovale d’un mile. Confiés à l’ingénieur Gilberto Valenzuela, les travaux de construction du tracé débutent en 1959. À peine achevée, la piste héberge la toute première course de son histoire, les 500 miles de Mexico, le 20 décembre et sacre Pedro Rodriguez vainqueur devant Moises Solana.

Le drame Rodriguez

Confortés par le succès enregistré lors de cette épreuve inaugurale, les propriétaires du circuit poussent afin de recevoir la Formule 1. Ce sera chose faite trois ans plus tard à l’occasion d’une manche hors-championnat. Désireux de briller devant un public entièrement acquis à sa cause, Ricardo Rodriguez loue une voiture à l’écurie de Rob Walker, Ferrari n’ayant pas souhaité se déplacer au Mexique, et prend part à la séance de qualification avec la ferme volonté d’offrir la pole position à ses compatriotes. Hélas, la Lotus 24 du prodigue mexicain manque inexplicablement la terrible courbe à 180° de Peraltada, sans doute en raison d’une rupture de suspension, et vient s’encastrer dans le rail de sécurité extérieur avant d’être renvoyée de l’autre côté de la piste. Sorti dans un état critique de l’épave de sa monoplace, la machine du mexicain ayant été coupée en deux par la violence du choc, Rodriguez périra quelques minutes plus tard lors de son transfert à l’hôpital, laissant une nation entière orpheline de son plus grand pilote.

Marqué par la disparition de celui qui avait contribué à rendre populaire la Formule 1 au Mexique, le pays décide de rebaptiser le tracé « Autodrome Ricardo Rodriguez ». Niché à 2285 mètres d’altitude, le circuit tire sa singularité de son revêtement terriblement bosselé et de son dernier virage en banking. Très rapide, même si elle possède une portion plus lente, la piste de Mexico recèle un caractère unique en son genre, mêlant à la fois vitesse et enchaînements interminables. Intégré au calendrier du championnat du monde en 1963, le Grand Prix voit Jim Clark triompher lors de la première édition au terme de plus de deux heures de course. Crédité de la pole position cette année là, l’Écossais de chez Lotus réitérera sa performance dans l’exercice du tour chronométré à trois autres reprises, exploit qu’aucun pilote n’a pu réaliser depuis.

Mieux, avec deux victoires en terre Mexicaine (1963 et 1967), Clark reste le pilote le plus victorieux sur l’Autodrome Hermanos Rodriguez en compagnie d’Alain Prost (1988, 1990) et de Nigel Mansell (1987, 1992). Si la première édition fut des plus limpides, Clark dominant chacun des 65 tours de course, le Grand Prix 1964 va réserver un scénario complètement fou. Solide leader du championnat en arrivant à Mexico, Graham Hill semble se diriger vers une deuxième couronne mondiale quand Lorenzo Bandini, équipier de John Surtees chez Ferrari, percute volontairement le Britannique peu avant la mi-course, le contraignant à un interminable arrêt au stand. Promis alors à l’intouchable leader Jim Clark, le titre change une nouvelle fois de mains à deux de l’arrivée lorsqu’une fuite d’huile oblige le pilote Lotus à renoncer, offrant sur un plateau la couronne à Surtees, ce dernier ayant une deuxième fois bénéficié de l’aide de Bandini qui lui a laissé sa deuxième place dans le dernier tour.

Andrea Noviello

Graham Hill Mexico 1968
Graham Hill coiffe sa deuxième couronne mondiale à Mexico en remportant la course en 1968.
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