Indéboulonnable leader d’une course qu’il aura de nouveau marquée de son empreinte, Lewis Hamilton a raflé le Grand Prix de Bahreïn, quatrième rendez-vous de la saison de Formule 1. Impitoyable au volant de sa Mercedes, le Britannique devance un grand Kimi Räikkönen et son coéquipier Nico Rosberg.
Dernier tour d’une course enlevée et enthousiasmante jusqu’au bout : imperturbable leader du Grand Prix depuis l’extinction des feux une heure et demie plus tôt, Lewis Hamilton baisse étrangement la cadence au volant de sa Mercedes. Averti du problème de freins qui a affecté la monoplace de son coéquipier Nico Rosberg dans l’avant-dernier passage, le Britannique, fort d’une confortable avance de six secondes sur le second Kimi Räikkönen, ménage sa monture afin de rallier sans encombres l’arrivée de cette quatrième épreuve de la saison. S’il n’éprouve aucun problème à s’extraire des virages, le double champion du monde se voit obliger de louvoyer fortement dans les longues lignes droites du tracé de Sakhir afin de refroidir sa machine meurtrie.
Déchaîné après s’être déjà offert le scalp d’une flèche d’argent, Räikkönen fond sur le natif de Stevenage avec l’espoir de le coiffer dans les derniers mètres. Hélas pour le Finlandais, ses efforts seront vains. De nouveau intouchable en course, Hamilton s’en va chercher à Bahreïn le 36ème succès de sa carrière, le troisième en quatre course cette saison. « Les Ferrari nous ont donné du fil à retordre aujourd’hui, révèle celui qui arbore le numéro 44. Bien que la Scuderia se rapproche, nos Mercedes restent les meilleurs. J’ai pu gérer mes pneus ce qui m’a permis de continuer à attaquer. Je crois que mes freins ont quelque peu surchauffé lorsque j’étais derrière les retardataires. Il n’y avait plus suffisamment d’air frais qui passait, mais ce n’était pas vraiment un problème. Je tiens à remercier l’équipe qui a encore réalisé un travail formidable. »
Vettel à la faute
Qualifié en pole pour la 42ème fois de sa carrière, Hamilton jaillit parfaitement de sa position de pointe au moment du départ et passe dans la peau de leader le premier virage. Placé derrière lui sur la grille, l’autre pilote Mercedes Nico Rosberg ne profite pas du bon envol de son coéquipier pour subtiliser la deuxième place à Sebastian Vettel. Enfermé par l’Allemand dans le virage 1, le vice-champion 2014 perd même une position au profit de l’autre Ferrari d’un Kimi Räikkönen opportuniste sur le coup. Crédité d’une mise en action canon qui luit permit de gagner trois places, Romain Grosjean attaque par l’extérieur Daniel Ricciardo au virage 4, mais sa manœuvre s’avère trop audacieuse. Mal positionné sur la grille, le coéquipier du Français, Pastor Maldonado, ne se contente pas de cette première bourde puisque le Vénézuélien part deux fois à la faute en trois virages, offrant ainsi le 16ème rang à Daniil Kvyat.
Contraint de s’élancer depuis la voie des stands après que sa Williams ait refusé de démarrer, Felipe Massa entame sa longue et fastidieuse remontée dès le deuxième tour, éliminant le Russe puis Maldonado deux boucles plus tard. Contrarier de s’être fait déborder par Räikkönen au départ, Nico Rosberg pique « Ice-Man » au freinage du premier virage et récupère la 3ème position dès le 4ème passage. Distancé à plus de deux secondes du leader Hamilton, Sebastian Vettel rate son freinage au virage 1 dans la 8ème boucle, permettant à Rosberg de revenir sur lui. Après une première tentative infructueuse, le pilote Mercedes vient à bout de son compatriote le tour suivant à la suite d’une manœuvre audacieuse au premier virage. En difficulté dans cette fin de premier relais, le quadruple champion du monde décide d’opérer son premier changement de gommes à la fin du 13ème tour. Une stratégie payante.
Räikkönen conquérant
Arrêté une boucle plus tard par la firme à l’étoile, Nico Rosberg ressort derrière le pilote Ferrari et va devoir tout recommencer. Pas décidé à perdre trop de temps derrière le natif d’Heppenheim, le résident monégasque passe à l’attaque au 16ème tour et double l’Allemand au virage 1 dans les roues de son coéquipier Hamilton tout juste sorti de son box. Dernier pilote du quatuor de tête à opérer son passage par les stands au 17ème tour, Kimi Räikkönen repart en 4ème place chaussé de pneus mediums. Un choix différent de ses adversaires, mais qui s’avèrera judicieux. Alors que son coéquipier Vettel accumule les erreurs pendant son deuxième relais, en témoigne ses excursions hors pistes dans les 26ème et 35ème tours, le champion du monde 2007 réalise une deuxième partie de course de toute beauté qui va le replacer dans le sillage des deux flèches d’argent.
Plus rapide que les Mercedes pourtant équipées de pneus tendres, le Finlandais allonge au maximum son deuxième relais et stoppe à la fin du 40ème tour. Ressorti en 3ème place à 19 secondes du second Rosberg, Räikkönen comble son retard sur le pilote Mercedes en l’espace de 15 tours et profite des problèmes de freins affectant la machine du natif de Wiesbaden pour lui souffler la 2ème position à un tour du but. Lancé aux trousses du leader Hamilton, le pilote Ferrari échouera finalement à moins de quatre secondes du leader du championnat, la faute sans doute à un deuxième arrêt au stand trop tardif. « Je suis content, mais en même temps je suis déçu, affirme fidèle à lui-même le natif d’Espoo. Je ne peux pas me satisfaire d’une deuxième place, il manque une marche. Après une période délicate pour moi comme pour l’équipe, c’est un bon résultat, mais nous devons poursuivre nos efforts. »
Ricciardo de retour
Auteur de trois erreurs dans la même course, chose plutôt inhabituelle pour lui, l’autre pilote de la Scuderia, Sebastian Vettel, ne parviendra jamais à se défaire de la Williams de Valtteri Bottas en fin de Grand Prix. Bien qu’aidé par l’activation de son DRS, le quadruple champion du monde butera jusqu’au bout sur celui qui lui était passé devant à la suite de son troisième passage forcé par les stands pour changer d’aileron avant. Obligé de se contenter d’une frustrante 5ème place, l’ancien enfant chéri de Red Bull admettra avec honnêteté sa culpabilité dans ses embardées hors-piste. « C’est de ma faute, concède la nouvelle figure de proue de Maranello. C’est dommage d’être resté coincé derrière Valtteri et ne pas avoir pu accrocher cette quatrième place. J’ai l’impression d’avoir un peu laissé tomber l’équipe aujourd’hui. Kimi a montré que la deuxième position était possible. J’aurais pu faire mieux. »
Esseulé pendant tout le Grand Prix, Daniel Ricciardo achève sa brillante course au 6ème rang non sans s’être occasionné une énorme frayeur après l’explosion spectaculaire de son moteur Renault dans le dernier virage. Fort heureusement, sa Red Bull lancée franchira bel et bien la ligne d’arrivée devant la Lotus de Romain Grosjean qui signe une deuxième 7ème position en une semaine. Dominé par son coéquipier Nico Hulkenberg la veille en qualification, Sergio Perez a totalement inversé la tendance ce dimanche et s’offre une très belle 8ème place devant un Daniil Kvyat enfin convaincant et un Felipe Massa revenu de très loin. Exceptionnel d’abnégation, Fernando Alonso décroche, quant à lui, une inespérée 11ème position et redonne au passage du baume au cœur à une équipe McLaren toujours aux abois.
De nouveau impitoyable à Bahreïn, Lewis Hamilton empoche la 36ème victoire de sa carrière, la deuxième consécutive sur le tracé de Sakhir. Inébranlable en 2015, le double champion du monde assène un nouveau coup rude à la concurrence et affirme un peu plus sa supériorité dans le giron Mercedes. Favori désigné à sa propre succession, le Britannique s’est déjà ouvert une voie royale vers une troisième couronne mondiale.
Andrea Noviello
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