Les Flops du Grand Prix d’Autriche

Nico Rosberg

Mais quelle mouche a-t-elle piqué Nico Rosberg pour le pousser à agir de la sorte dans le dernier tour de course ? Assuré de repartir de Spielberg fort d’un matelas d’avance toujours aussi confortable sur son coéquipier Hamilton au championnat, l’Allemand a de nouveau sombré dans l’anti-sportivité la plus primaire en se fendant d’une manœuvre aussi abjecte que stupide sur le Britannique. En refusant délibérément de tourner dans l’épingle du virage 2 au risque d’occasionner l’abandon de la monoplace sœur du triple champion du monde, le natif de Wiesbaden a encore un peu plus terni son image de gendre parfait et renforcé l’opinion de ceux qui le jugent bien trop fébrile face à la pression. Logiquement sanctionné par la FIA après la course, même si les dix secondes de pénalité infligées par l’instance dirigeante ne changent finalement rien à sa quatrième place finale, pour avoir provoqué l’accrochage avec Hamilton et ne pas avoir stoppé sa voiture privée d’aileron avant (une autre merveilleuse règle de la bande à Charlie), le fils de Keke quitte Spielberg le moral dans les chaussettes et avec une marge réduite à 11 unités au classement pilote. Déjugé en interne par le directeur non-exécutif Niki Lauda, le champion 2005 de GP2 voit le vent complètement tourner en sa défaveur dans les rangs de Mercedes à l’heure où sa prolongation de contrat n’a toujours pas été signée. Sa cohabitation avec Hamilton n’étant désormais plus viable à Brackley, Rosberg aurait tout intérêt à éviter de nouvelles sautes d’humeur de ce genre dans le futur sous peine de perdre définitivement la confiance de l’état major de la firme à l’étoile. A encore craqué mentalement.

La nouvelle génération

Jamais la dernière quand il est question de donner des leçons de morale ou de (bonne) conduite à ceux qui sont censés représenter l’élite mondiale du sport automobile, la Fédération Internationale de l’Automobile s’obstine pourtant à fermer les yeux lorsque la nouvelle génération, mais aussi certains vieux briscard n’est-ce pas monsieur Massa, ose outrepasser les limites du raisonnable en manière de défense. Aussi talentueuse soit-elle, la jeune garde du paddock s’est une nouvelle fois tristement signalée en Autriche en se fendant de manœuvres tout bonnement inacceptables à ce niveau de la compétition. Pas à son premier coup d’essai, Carlos Sainz n’a ainsi pas hésité à mettre un violent coup de volant à Sergio Perez pour empêcher le pilote Force India de le dépasser avant le virage 3 au 15^ème tour de course. Lui aussi coutumier du fait lors de sa première expérience en F1 chez McLaren, Kevin Magnussen a très vite retrouvé ses mauvaises habitudes cette année comme en témoigne ses changements de direction intempestifs devant Pascal Wehrlein après avoir disposé de l’Allemand dans le 23^ème passage. Encore très limite lors du restart où il se décala une énième fois trop tardivement afin de contrer l’attaque de Felipe Massa, le Danois a finalement écopé d’une ridicule pénalité de cinq secondes de la part des commissaires quand dans le passé une telle attitude en piste lui aurait valu une exclusion de la course ou une suspension au Grand Prix suivant. À trop se concentrer sur des secteurs futiles (vibreurs, zone de dégagement bitumée, resurfaçage de la piste), la FIA en a complètement oublié de se pencher sur ce vrai problème de sécurité. Car à force d’aller toujours un peu plus loin dans ses manœuvres défensives musclées, la classe biberon risque bien un jour de voir la chance qui l’accompagne depuis années l’abandonner subitement. À bon entendeur.

Nico Hulkenberg

Son somptueux troisième chrono en qualification laissait présager le meilleur. Nico Hulkenberg a finalement vécu l’enfer en course avant d’abandonner dans l’anonymat le plus total au 64^ème tour à la suite d’une défaillance de son système de freins. Dans le coup dès les libres 2, le pilote Force India a une nouvelle su merveilleusement profiter des conditions aléatoires en piste pour s’inviter sur la première ligne de la grille à la faveur de la pénalité infligée à son compatriote Rosberg. Hélas pour le vainqueur des 24 Heures du Mans, son envol cataclysmique va totalement anéantir ses espoirs d’enfin rompre la malédiction, lui qui court toujours après un podium en Formule 1. Rejeté en quatrième position à la fin du premier tour, le natif d’Emmerich perd quatre places entre la sixième et la septième boucle, chutant au 8^ème rang. Incapable de suivre le rythme imprimé par les leaders, le champion 2009 de GP2 rentre à son box monter les gommes super tendres au 9^ème passage. Avant-dernier après son arrêt, le protégé de Willi Weber remonte péniblement dans la hiérarchie et émerge dans la zone des points dix boucles plus tard. Obligé de s’incliner devant Bottas puis Alonso, il marque un deuxième pit-stop au 25^ème tour, chaussant cette fois les pneus tendres. Le résultat ne sera guère plus convaincant. Toujours autant en délicatesse avec la dégradation de ses enveloppes, le pilote flanqué du numéro 27 s’arrête une troisième fois à son stand dans la 51^ème boucle avant de renoncer sur problème mécanique alors qu’il végétait depuis un long moment en 17^ème position. Après trois entrées consécutives dans les points, Hulkenberg subit un nouveau sérieux coup d’arrêt en Autriche et rate l’occasion d’enfin relancer une carrière en nette perte de vitesse depuis de nombreux mois. Dans le doute.

Rio Haryanto

Outrageusement dominé par son coéquipier Wehrlein depuis l’entame de la saison, Rio Hayranto n’a tout simplement pas vu le jour en Autriche face au grand espoir de Mercedes. Et dès la séance qualificative l’addition s’annonce extrêmement lourde pour celui qui doit d’avantage son baquet en Formule 1 à ses valises bien pleines, quoique de moins en moins d’après les dernières rumeurs, qu’à son talent derrière un volant. Incapable de franchir ne serait-ce que le cap de la Q1, quand dans le même temps son voisin de garage décroche un sensationnel 12^ème temps, l’Indonésien signe un très modeste 19^ème chrono avec pour seule satisfaction de devancer les deux Sauber sur la grille. Auteur d’un envol moyen, le pilote Manor perd une place dès le deuxième tour au profit de Nasr. Parti sur une stratégie décalée en gommes tendres, le débutant étend son premier relais jusqu’au 28^ème tour, moment choisi par son pit-wall pour l’appeler enfin au box. Désormais équipé en super tendres, le natif de Surakarta parvient à maintenir son coéquipier derrière lui pendant un long moment avant de finalement céder au 44^ème passage. Pas en mesure de suivre la Manor jumelle, l’ancien pilote Caterham en GP2 dégrade trop rapidement ses pneus ce qui l’oblige à effectuer un second pit-stop dans la 51^ème boucle. Toujours chaussé en super tendres, il végétera en queue de peloton jusqu’à l’arrivée. Seuls les différents abandons émaillant la fin de course lui permettront d’achever son pénible après-midi à la 16^ème place. Clairement pas au niveau dans les collines bucoliques de Spielberg, Haryanto a peut-être définitivement perdu sur le Red Bull Ring ses derniers espoirs de conserver sa place chez Manor jusqu’à la fin de la saison. Affligeant.

Andrea Noviello