Contrainte de conjuguer avec une voiture dépassée toute la saison dernière, Manor a dévoilé les lignes de sa nouvelle F1 à l’occasion des tests d’avant-saison organisés sur le circuit de Barcelone. Résolument ambitieuse, la MRT05 endosse tous les espoirs d’une équipe bien décidée à ne plus se contenter de jouer les faire-valoir.
Passée à deux doigts de la banqueroute la saison dernière avant que le milliardaire Stephen Fitzpatrick ne vienne sauver le petit poucet du plateau d’une mort annoncée, Manor a trouvé un nouveau souffle pendant l’hiver après quatre premières années cauchemardesques au plus haut niveau du sport automobile. Si les fonds de la plus petite écurie de la F1 demeurent limités, sa situation s’est pourtant grandement améliorée en l’espace d’une intersaison au point que les hommes de Banbury ont recouvert une ambition qu’ils croyaient avoir définitivement abandonné l’an dernier. Cantonné au simple rang de faire-valoir depuis ses débuts en 2012, le team britannique compte démontrer que sa place en catégorie reine n’est en rien usurpée.
« Nous en avons assez de faire de la figuration, dévoile le directeur de Manor, Dave Ryan. Nous voulons d’avantage de crédit et de compétitivité. Tous les membres de l’équipe ont hâte de se rendre à Melbourne dans quelques semaines. Nous avons réuni beaucoup des personnes talentueuses afin d’atteindre nos objectifs. Nous bénéficions également d’un partenariat fantastique avec Mercedes-Benz et avec Williams. À nous de le prouver désormais en piste. » Initiateurs de l’arrivée de Manor en Formule 1, les deux dirigeants historiques de l’écurie John Booth et Graeme Lowdon ont, à la surprise générale, déposé leur démission au soir de la 66ème saison de l’histoire en raison de divergences de plus en plus grandes avec le nouveau propriétaire du team anglais.
Une voiture complètement nouvelle
Alors que l’on pouvait logiquement craindre le pire après une saison 2015 déjà très compliquée, Manor a rapidement réagi en s’attachant les services de Dave Ryan, ancien directeur sportif de McLaren. Autres recrutements et non des moindres : ceux de Nikolas Tombazis et de Pat Fry respectivement ex-designer en chef et ex-directeur de l’ingénierie chez Ferrari. Forte de ces renforts de poids, l’écurie britannique a enfin pu concevoir une toute nouvelle monoplace pour la saison 2016 quand elle avait dû l’an dernier se contenter de mettre aux normes sa machine de 2014. Résolument ambitieuse et agressive, la dernière née des ateliers de Banbury marque un pas en avant significatif en terme de performance.
« Nous pouvons aisément affirmer qu’il s’agit de la meilleure voiture que nous ayons jamais lancée, révèle le directeur technique, John McQuilliam. C’est en tout cas l’auto la plus développée. L’équipe s’est concentrée presque exclusivement sur sa conception depuis le milieu de la saison dernière ce qui explique qu’elle est totalement différente de ses devancières. Cette monoplace sera à la hauteur de nos concurrents, nous y croyons vraiment. » Visuellement très éloignée de son ainée, la MRT05 se détache également des précédentes créations du team britannique sous la carrosserie puisque, si on excepte l’extincteur inchangé, près de 3400 pièces ont été modifiées par rapport à la MR03B.
« Un package très prometteur »
Démarré très tôt, le dessin définitif de la monocoque a longtemps été repoussé afin de s’accommoder le mieux possible aux exigences du nouveau moteur Mercedes. Propulsée depuis deux saisons par Ferrari, Manor a décidé de délaisser le groupe propulseur de la Scuderia en 2016, préférant miser sur le bien plus performant PU106C Hybrid. Presque toujours surclassée en vitesse de pointe l’an dernier, la faute aux faiblesses de la version 2014 du propulseur de Maranello, la petite écurie britannique devrait combler une grande partie de son retard grâce au seul moteur allemand. L’apport technique de Williams, l’écurie basée à Grove fournissant quasiment tout le train arrière (transmission, boîte de vitesse, composants) de la MRT05, devrait également permettre au petit poucet du plateau d’enfin décoller des deux dernières places de la grille.
Obligée de recourir à des pilotes payants depuis son arrivée dans la catégorie reine, Manor a, en partie tout du moins, révisé sa politique en la matière. Si Rio Haryanto doit d’avantage son baquet aux 15 millions d’euros apportés par ses sponsors indonésiens qu’à ses prestations en GP2, la venue de Pascal Wehrlein symbolise en revanche le retour des ambitions dans les rangs de l’écurie anglaise. Sacré champion de DTM l’an dernier pour sa première saison dans la discipline, le petit protégé de Mercedes endossera le rôle de leader et aura pour mission de mener la lanterne rouge vers le milieu du peloton. « Je pense que nous avons un package très prometteur, confie le rookie allemand. L’équilibre général de la voiture s’est grandement amélioré par rapport à l’ancienne monoplace. Je suis donc impatient de débuter à Melbourne. »
Andrea Noviello
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