Qualification : Rosberg marque son territoire

Devancé par l’autre flèche d’argent de Lewis Hamilton pour la première fois du week-end en Q3, Nico Rosberg a frappé un grand coup en enlevant in extremis le meilleur chrono des qualifications du Grand Prix du Japon. Intraitable sur le juge de paix de Suzuka, l’Allemand souffle la pole position à son coéquipier pour 13 millièmes de secondes tandis que derrière le duo de Mercedes, Kimi Räikkönen s’invite une nouvelle fois à la troisième place.

13 millièmes de secondes. 82 centimètres. Autant dire rien du tout sur un tracé mesurant tout de même 5, 807 km et qui demeure, aujourd’hui plus que jamais, le juge de paix de la saison pour l’ensemble des pilotes de Formule 1. C’est finalement l’écart qui aura séparé les deux prétendants à la couronne mondiale lors de cette dix-septième séance qualificative de l’année. Le rapport de force entre les anciens amis d’enfance avait pourtant une fâcheuse tendance à pencher en faveur de Nico Rosberg depuis l’ouverture de ce Grand Prix de Japon. Grand gagnant de la dernière manche en Malaisie, l’Allemand a poursuivi sur son élan à Suzuka, signant le meilleur chrono lors de chacune des trois séances libres du week-end. Cette implacable supériorité du vice-champion du monde 2015 aurait très certainement fait sortir Lewis Hamilton de ses gonds il y a quelques années de cela, mais il faut croire que le natif de Stevenage s’est assagi avec le temps.

Là où beaucoup le voyait ruminer sa terrible déception de Sepang, l’Anglais a débarqué dans le paddock de Suzuka plus souriant et détendu que jamais, transformant même la conférence de presse du jeudi en une véritable séance de Snapchat géant pour le plus grand plaisir de ses innombrables followers. S’il avait su se contenter des accessits en essais libres, le triple champion du monde a comme souvent révélé son vrai potentiel lors de sa première tentative en Q3. Enfin plus véloce que son voisin de garage, le Britannique a encore amélioré sa marque lors de son ultime run, mais à cette fois dû se résigner à échouer derrière un Rosberg transcendé par l’enjeu. « Je suis très content du résultat, confie le fils de Keke. Tout s’est bien passé depuis le début du week-end. La voiture a un très bon équilibre et je me sens bien. Le départ va être particulièrement important demain. Ce ne sera pas simple, car nous avons vu que nous manquons d’adhérence. »

Ferrari revient dans le match

Auteur de sa troisième pole consécutive au Japon, la 30^ème de sa carrière en F1, en 1’30’647, Rosberg a frappé un grand coup dans le duel qui l’oppose à son coéquipier chez Mercedes Hamilton (2^ème). Complètement largué par le pilote flanqué du numéro 6 à l’issue de la troisième séance libre du week-end, le fils d’Anthony accusant plus d’une seconde de retard sur le temps de son coéquipier, le Britannique a bien rectifié le tir même si les nombreux changements opérés sur sa W07 avant les qualifications ne lui auront pas suffi à devancer le leader du championnat dans l’exercice du tour chronométré. Sérieusement ébranlée par le retour en forme des Red Bull depuis de nombreux mois, Ferrari a enfin réussi à inverser la tendance sur un tracé pourtant censé favoriser les qualités aérodynamiques des châssis autrichiens. Lui-même surpris par l’efficacité de sa SF16-H à Suzuka, Kimi Räikkönen empoche un très joli troisième chrono un souffle devant l’autre monoplace rouge de Sebastian Vettel (4^ème).

« La voiture n’a pas vraiment changé depuis la semaine dernière, témoigne le champion du monde 2007. Je suis donc très étonné de voir que notre voiture se comporte aussi bien ici. Même si trouver le bon équilibre n’aura pas été chose facile, nous ne sommes pas loin des deux Mercedes au final. Le résultat est plutôt satisfaisant. » Quatrième temps du jour, « Baby-schumi » s’élancera finalement depuis la septième position sur la grille suite à sa pénalité de trois places consécutive à son accrochage avec Rosberg il y a une semaine au départ du Grand Prix de Malaisie. Attendues comme les principales rivales des Mercedes au Japon, les Red Bull ont quelque peu déçu en qualification, Max Verstappen (5^ème) et Daniel Ricciardo (6^ème) concédant tout de même deux bons dixièmes de retard aux monoplaces de la Scuderia. Crédité d’une seule tentative en Q3, Sergio Perez s’adjuge un bon septième temps et bénéficiera lui aussi de la sanction de Vettel pour grimper d’une place demain au moment du départ.

Dur retour à la réalité pour McLaren

Encore touché par de nombreux problèmes de freins ce week-end, Romain Grosjean (8^ème) est crédité du même temps, au millième près, que « Checo » à ceci-près que lui ne profitera pas des malheurs du pilote Ferrari. Le Français précède l’autre Force India de Nico Hulkenberg (9^ème) et son coéquipier chez Haas Esteban Gutierrez (10^ème) qui offre à l’écurie débutante américaine le premier double top 10 de son histoire en qualification. Sans doute un peu trop sûre de sa force en Q2, l’écurie britannique ne laissant qu’une seule tentative à ses pilotes, Williams a échoué aux portes de la Q3 avec les 11^ème et 12^ème chronos du duo Valtteri Bottas-Felipe Massa. Complètement requinqué depuis deux Grand Prix, Daniil Kvyat (13^ème) devance pour la deuxième fois consécutive son voisin de garage Carlos Sainz (14^ème) dans l’exercice du tour chronométré. Un peu trop optimiste lors de son dernier run dans le virage de Spoon, le Madrilène se place juste devant son compatriote Fernando Alonso (15^ème) et la première Renault de Jolyon Palmer (16^ème).

En grande souffrance sur le circuit de son motoriste Honda, McLaren classe sa deuxième voiture au 17^ème rang, Jenson Button ne réussissant une nouvelle fois pas à franchir le cap de la Q1. Tout autant en difficulté face à son coéquipier, même si dans le cas du champion du monde 2009 les problèmes récurrents affectant son groupe propulseur et le manque de cavalerie déployé par l’ancienne version du moteur japonais sont autant d’explications plausibles à la différence de performance, Kevin Magnussen échoue à une triste 18^ème place, non loin devant les Sauber de Marcus Ericsson (19^ème) et de Felipe Nasr (20^ème). Jamais encore en mesure de dominer son coéquipier depuis son arrivée chez Manor, Esteban Ocon (21^ème) a enfin réussi à damer le pion à Pascal Wehrlein (22^ème) lors de cette séance qualificative japonaise. Sanctionné de cinq places pour un changement de boîte de vitesse, l’Allemand (22^ème) n’aurait de toute façon pas échappé à la dernière position sur la grille de départ demain.

Andrea Noviello