Thierry Chanoine : « Le seul fait d’entrer en piste me suffit »

Collectionneur de voitures anciennes depuis ses trente ans, Thierry Chanoine dispute ce week-end son sixième Grand Prix de Monaco Historique. Ravi de pouvoir de nouveau se frotter au mythique tracé princier, le résident marseillais affirme vouloir seulement prendre du plaisir au volant de sa Riley Dobbs de 1935.

Dans le rutilant et étourdissant paddock du Grand Prix de Monaco Historique, il fait presque figure de poleman. Installé au tout début du Quai Antoine 1^er non loin du mythique virage de la Rascasse, Thierry Chanoine n’a pourtant rien du pilote en quête d’un exploit ce week-end dans les rues de la Principauté. Accompagné d’un seul ami quand beaucoup de ses concurrents bénéficient du (précieux) soutien d’un ou de plusieurs mécaniciens, le résident marseillais préfère tranquillement savourer la chance qu’il lui est donné de rouler sur les 3,337 km du plus célèbre des tracés en ville au monde.

« Je viens ici pour la sixième fois, confie le passionné de 64 ans à l’issue d’une première séance libre au cours de laquelle il a décroché un très honorable neuvième chrono. C’est un bel endroit, il fait beau et j’ai surtout la chance de pouvoir évoluer sur un circuit mythique. Ce tracé, je l’ai en tête depuis l’enfance. Le seul fait d’entrée en piste me suffit. Si en plus derrière cela se passe bien, ce n’est que du bonus. » Inscrit dans la série A1 (Voitures de Grand Prix d’avant-guerre. Ndlr), le pilote de la numéro 56 étrenne comme l’an dernier une très singulière Riley Dobbs de 1935.

« Je l’ai acheté sans la voir »

Sortie à l’origine de l’usine Riley, ce modèle unique à la décoration des plus sommaires (la machine arbore une robe blanche égayée par une pointe de marron sur ses bases. Ndlr) a d’abord servi de machine de course au pilote britannique Hector Dobbs. Engagée des années durant dans ce que l’on n’appelait pas encore des Grand Prix, la Riley Dobbs est ensuite passée de main en main, l’ancien pilote moto Eric Fernihough, le célèbre jazzman Billy Cotton, ou encore le cofondateur de l’Écurie Ecosse Wilkie Wilkinson acquérant tour à tour cette voiture avant qu’elle ne termine dans le garage du bienheureux Thierry Chanoine.

« C’est une belle histoire parce que je l’ai acheté sans la voir, explique l’ancien patron de la société de matelas Treca. J’ai découvert les Riley en 2006 avec la Brooklands 1000 cm3 avant de passer par la suite sur une TT Sprite. Et un jour pendant Le Mans Classic 2008, j’ai acheté cette Riley Dobbs par téléphone. Je cherchais une auto un peu plus puissante et je suis tombé sur cette voiture à l’historique extraordinaire. Elle a couru contre des gens comme Farina, Raymond Mays ou encore le prince Bira. Elle a gagné des courses et surtout son histoire d’un pilote amateur qui se bat contre des professionnels me correspond bien. »

Andrea Noviello