Les Tops du Grand Prix du Japon

Nico Rosberg

Grand bénéficiaire des ennuis moteurs de son coéquipier il y a une semaine en Malaisie, Nico Rosberg a encore frappé un grand coup en triomphant pour la première fois de sa carrière sur le juge de paix de Suzuka. D’emblée aux avant-postes lors des essais libres, l’Allemand a un peu plus enfoncé le clou en qualification, s’adjugeant une 30^ème pole position en carrière lourde de conséquences dans la lutte qui l’oppose à Hamilton. Merveilleusement bien parti depuis sa position de pointe, le fils de Keke a rapidement pris la poudre d’escampette, collant plus de cinq secondes à son dauphin Verstappen en seulement huit boucles. Appelé à son box au 12^ème passage afin de monter les pneus durs, le pilote Mercedes conserve tranquillement les rênes de la course malgré « l’undercut » tenté par le jeune prodigue néerlandais. Tombé aux alentours des 2,5 secondes après le pit-stop du natif de Wiesbaden, l’écart entre les deux hommes remonte aussi vite qu’il n’était descendu pour atteindre les six secondes dans le 28^ème tour. De retour à son stand une boucle plus tard, le vice-champion du monde 2015 repart avec un nouveau train de pneus durs pour une deuxième partie de Grand Prix toute aussi calme que la première. Volontairement très en-deçà du potentiel réel de sa machine, au point que Mercedes lui demande de surveiller la température trop fraîche de ses pneus avant au 44^ème passage, il gère tranquillement le retour de Verstappen et s’en va chercher, non sans brio, la 23^ème victoire de sa carrière en F1. Parfait d’un bout à l’autre du week-end, Rosberg réalise une superbe opération comptable au championnat puisque son neuvième succès de la saison porte son avance sur Hamilton à 33 points. Le titre s’approche à grand pas.

Max Verstappen

Ses détracteurs trouveront encore très certainement à redire sur sa manière, plus que contestable il est vrai, de défendre sa deuxième position face à Hamilton dans l’avant-dernier tour. Mais si on excepte ce nouvel excès d’agressivité en phase défensive, Max Verstappen aura tout bonnement été épatant lors de ce Grand Prix du Japon. Plus véloce que le pourtant très réputé Ricciardo dans l’exercice du tour chronométré samedi, il signe le cinquième temps quelques millièmes de secondes devant l’Australien, le Néerlandais a profité des sanctions infligées aux pilotes Ferrari pour s’élancer depuis la troisième place sur la grille de départ. Et le pilote Red Bull va en faire très bon usage. Auteur d’une mise en action réussie, le natif d’Hasselt grille immédiatement la politesse à Hamilton et franchit le premier virage en deuxième position derrière Rosberg. Rapidement largué par la Mercedes de l’Allemand, il concède près de quatre secondes au leader du championnat en l’espace de six tours, le fils de Jos décide d’anticiper son premier changement de pneus au 10^ème passage. Ressorti en gommes dures juste devant Gutierrez, le Batave revient à seulement 2,5 secondes de Rosberg après le pit-stop du natif de Wiesbaden deux boucles plus tard, mais n’entretient qu’un très court instant l’espoir de le rattraper. De nouveau lâché par l’Allemand, le champion du monde 2013 de karting s’arrête une deuxième fois dans la 28^ème boucle afin de se prémunir du retour de l’autre flèche d’argent d’Hamilton. Ralenti par des retardataires peu conciliants, le protégé d’Helmut Marko voit le triple champion du monde recoller sur lui au 46^ème passage. Harcelé par l’Anglais dans les derniers tours, Verstappen ne flanche pas et conquiert à la force du poignet, et avec toujours autant de malice, un nouveau podium qui lui permet de chiper la cinquième place du championnat à Vettel. Une sérénité à toute épreuve.

Sebastian Vettel

Sévèrement critiqué par la presse italienne après son strike en Malaisie, Sebastian Vettel était attendu au tournant sur un circuit de Suzuka où il restait sur sept podiums en sept courses disputées. S’il n’est pas parvenu cette année à rallier l’arrivée du Grand Prix du Japon dans le top 3, la faute essentiellement à une nouvelle stratégie hasardeuse de Ferrari, le natif d’Heppenheim aura offert une belle réaction d’orgueil à ceux qui le jugent nettement moins saignant depuis plusieurs mois. Battu par Räikkönen en qualification, il conquiert le quatrième chrono du jour à près de quatre dixièmes de la pole, l’Allemand a, comme son coéquipier d’ailleurs, dû se résoudre à reculer sur la grille en raison de ses trois places de pénalité récoltées une semaine plus tôt à Sepang. Finalement sixième au départ, le quadruple champion du monde s’envole parfaitement, éliminant d’entrée la Red Bull de Ricciardo et la Mercedes d’Hamilton. Très incisif en début de course, le pilote Ferrari se joue de Perez à l’entame du 3^ème tour et peut alors sereinement entamer son retour sur Verstappen. Malheureusement pour « Baby-Schumi », l’arrêt anticipé de ce même Verstappen au 10^ème passage pousse la Scuderia à revoir sa stratégie. Après un premier pit-stop dans la 12^ème boucle, l’ancien protégé d’Helmut Marko hausse sensiblement son rythme, mais reste trop longtemps en piste pour espérer prendre l’ascendant sur le Batave. Pire, en stoppant seulement au 34^ème tour, le pilote flanqué du numéro 3 abandonne même sa troisième place au profit d’Hamilton. Nettement plus véloce que l’Anglais pendant deux tours grâce à ses pneus tendres neufs, il opère la jonction, mais ne parviendra jamais à menacer la Mercedes. Quatrième sous le drapeau à damier, Vettel récolte douze précieux points qui, conjugués aux dix de Räikkönen, maintiennent Ferrari dans la course à la deuxième place du championnat constructeurs face à Red Bull. Conquérant.

Force India

Installée à la quatrième place du championnat depuis Singapour, Force India a de nouveau remporté son face-à-face avec sa rivale Williams au Japon. Mieux, l’écurie indienne est même repartie de Suzuka avec une avance encore accrue sur le team dirigé par Claire Williams à la faveur des 7^ème et 8^ème places du duo Sergio Perez-Nnico Hulkenberg. Qualifié en septième position, le Mexicain s’élance deux rangs plus haut sur la grille grâce aux pénalités subies par les pilotes Ferrari. Troisième au premier virage après un départ de toute beauté, « Checo » est logiquement obligé de s’incliner devant la manœuvre imparable de Vettel dans la 3^ème boucle. Quatrième jusqu’à son premier pit-stop au 12^ème tour, le protégé de Carlos Slim perd une place au profit de Ricciardo avant de reculer encore d’un rang une boucle plus tard lorsque Räikkönen le dépasse dans la ligne droite des stands. Pas assez véloce pour rivaliser avec le Finlandais, Perez optera pour une stratégie décalée au 29^ème passage en montant les mediums, mais devra tout de même se contenter de la septième place. Neuvième temps des qualifications, Hulkenberg a, lui aussi, tiré le meilleur parti de la VJM09 en course. Crédité d’un superbe envol, il gagne trois places au détriment de Räikkönen, Grosjean et Hamilton, l’Allemand tient tête au pilote Ferrari pendant six tours avant de s’incliner. Surpris une boucle plus tard par Hamilton, « Hulk » adopte une stratégie identique à celle de son coéquipier Perez. Ressorti derrière les Williams après son premier pit-stop au 11^ème tour, le vainqueur des 24 Heures du Mans se débarrasse coup sur coup de Massa et de Bottas, non sans avoir réussi un superbe dépassement sur le Finlandais dans la chicane. De retour à son box dans la 28^ème boucle, il opte lui aussi pour les mediums et termine à seulement deux secondes de son voisin de garage. Du bon boulot.

Andrea Noviello