Touché par un problème mécanique en qualification, Fernando Alonso partira cet après-midi depuis la 13ème place sur la grille de départ. Conscient qu’il lui sera difficile d’inscrire ses premiers points cette saison, le double champion du monde espagnol veut profiter de ce Grand Prix de Monaco pour accumuler les kilomètres au volant de sa McLaren-Honda.
Fernando, vous avez été contraint de mettre pied à terre dès le début de la Q2 hier en qualification. Que vous est-il arrivé ?
Je crois que cela doit être un souci électrique, mais je n’en suis pas tout à fait sûr. Le moteur s’est coupé dans la ligne droite et toutes les lumières se sont allumées sur le volant. Il doit donc s’agir d’un problème électrique. C’est vraiment dommage, car je pense qu’une sixième ou septième place était peut-être à notre portée samedi. Il nous reste beaucoup de choses à améliorer, mais nous commençons à devenir compétitifs. Comme je l’ai précédemment dit à Barcelone, notre objectif n’est pas d’inscrire de petits points, mais de gagner le championnat.
En vous élançant depuis la 13ème place sur la grille, que pouvez-vous espérer cet après-midi en course ?
Tout peut arriver à Monaco, nous verrons bien ce qu’il se passera en course. Je m’attends toutefois à vivre un Grand Prix difficile compte tenu de ma position sur la grille. Je ne voudrais pas paraître trop pessimiste, mais à Monaco tout se joue pratiquement le samedi en qualification. On a généralement un train qui se forme le dimanche en course et si rien d’étrange ne se passe, ma position sera grandement similaire à celle que j’occupais sur la grille. Heureusement, on peut profiter de cette course pour emmagasiner de l’expérience, accumuler les tours au volant de cette voiture et améliorer à la fois la performance et la fiabilité, car nous sommes trop fragiles en ce moment.
« La Formule 1 a pris la mauvaise direction »
Le binôme McLaren-Honda revient pour la première fois sur la terre de ses innombrables exploits. Ressentez-vous une pression particulière ?
Toutes les courses sur lesquelles nous nous rendons sont spéciales. McLaren-Honda a dominé sur ce circuit dans le passé, mais aussi sur tous les autres tracés. Je n’ai roulé qu’une fois au volant d’une McLaren à Monaco. J’avais signé la pole position, réussi le meilleur tour et remporté la course. C’était 100% d’efficacité. Les choses seront sans doute légèrement différentes cet après-midi (Sourire). La situation actuelle est pénible à vivre, car quand vous portez le t-shirt McLaren et que vous venez à Monaco, on attend de vous une domination nette. C’est une responsabilité supplémentaire, une source de motivation également. On espère délivrer une belle performance en course.
Votre ami Jules Bianchi décrochait ici ses premiers points en F1 l’an dernier. À quel point est-il difficile de se distinguer au volant de ce type de monoplace ?
Quand on roule dans une auto qui n’est pas compétitive, décrocher des points est une sorte de miracle. C’est ce que Jules a réussi l’an dernier. Terminer neuvième ici avec sa monoplace est quelque chose d’exceptionnelle. Revenir à Monaco et ne pas le voir avec nous sur la grille est très triste. Cependant, on ne pense pas à lui uniquement sur cette course. On se souvient de lui tous les week-ends. Il est difficile de comprendre le destin et ce qui s’est passé l’an dernier. Jules est à Nice, il n’est qu’à une demie heure du circuit et j’espère qu’il pourra ressentir le surcroît d’énergie que nous lui envoyons tous.
Vous êtes l’un des plus anciens pilotes du plateau. Comment jugez-vous les propositions annoncées par le groupe stratégique ?
Je crois que la Formule 1 a pris la mauvaise direction ces cinq dernières années. Si les essais privés revenaient, on retrouverait des règlements à peu près identiques à ceux d’il y a sept ou huit ans. Les voitures de 2005 étaient six secondes plus rapides que celles de cette année. Le vainqueur du Grand Prix de Malaisie 2015 (Lewis Hamilton) aurait accusé six tours de retard sur le vainqueur de l’édition 2006 (Giancarlo Fisichella). Quand vous êtes huit secondes au tour plus vite, la course devient nettement plus exigeante d’un point de vue physique et mental. Tout est poussé à la limite.
« Une guerre des pneus aiderait la F1 »
Vous roulez globalement dix secondes moins vite en course qu’à l’époque. Est-cela qui vous contrarie le plus ?
Non, ce n’est pas le plus frustrant dans la F1 actuelle. On se bat contre les autres dans les mêmes conditions de course. L’adrénaline de la compétition est toujours là et il n’y a pas de frustration à ce moment là. La technologie que nous avons aujourd’hui dans nos Formule 1 est très complexe. On doit ménager les pneus dès le premier tour, sauvegarder de l’essence également dès le premier tour. C’est beaucoup plus frustrant que la vitesse des voitures parce que tout le monde est à conditions égales. On est si lent en course et on ne peut pas même faire patiner les pneus sous peine de les détruire en un rien de temps.
La Formule 1 doit-elle changer de manufacturier pneumatique ?
Je ne sais pas si elle doit changer de manufacturier, mais une guerre des pneus aiderait bien évidemment la Formule 1 parce que chacun se pousse à la limite. J’ai eu l’expérience des Michelin pendant plusieurs années, puis j’ai connu la période de manufacturier unique avec Bristgestone. En 2006, les pneus étaient incroyables de la part des deux manufacturiers parce qu’ils se poussaient mutuellement l’un l’autre à la limite. On avait des gommes super rapides et elles étaient même capables de tenir toute la distance de la course en 2005. Quand on est passé aux seules Bridgestone en 2007, les choses étaient complètement différentes et on a fait un petit pas en arrière, car Brigestone s’est un peu relâché.
Propos recueillis par Andrea Noviello
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