Jules Bianchi : « Comme une victoire »

Jules Bianchi Monaco
Héroïque en course, Jules Bianchi décrochait à Monaco les premiers points de sa carrière en F1.
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Sensationnel neuvième d’une course qu’il débutait avant dernier, Jules Bianchi s’offrait en Principauté le meilleur résultat de sa jeune carrière. En ces jours sombres pour le sport automobile français et le monde de la Formule 1, Warm-up F1 vous fait revivre l’interview du pilote niçois au soir de son époustouflante démonstration monégasque. Un exploit authentique et des premiers points à la saveur de victoire pour l’ancien pilote Marussia.

Jules, auriez-vous imaginé inscrire des points hier soir après votre pénalité de cinq places pour changement de boîte de vitesse ?

Je savais qu’à Monaco tout était possible. Après, je ne m’étais pas fixé la huitième place comme objectif. J’ai su hier soir que j’allais prendre une pénalité pour la boîte de vitesse et mon but était de doubler mon coéquipier ainsi que les deux Caterham. On a réussi à dépasser nos attentes, tant mieux.

Vous prenez trois pénalités, mais vous parvenez malgré tout à inscrire des points. Est-ce inespéré selon vous ?

C’est bien. On a réussi à signer un bon résultat malgré les pénalités. On a une voiture qui est plus performante aujourd’hui. Les chronos étaient plutôt bons. C’est ça le principal. Maintenant il faut continuer à travailler.

La course n’avait pourtant pas très bien débuté pour vous …

Oui, hélas. Elle a commencé avec une petite erreur au départ. Tout le monde a avancé d’une ligne sur la grille. Personne ne nous a rien dit sur le moment. Quand je m’en suis aperçu, je me suis arrêté, mais il était déjà trop tard car j’avais déjà dépassé ma position. Je me trouvais entre les deux lignes au niveau de Kobayashi. Je n’ai pas voulu doubler au départ. J’ai ensuite réussi à dépasser Max (Chilton) dans le premier tour avant de passer tout mon premier relais derrière Kobayashi.

Votre dépassement autoritaire sur Kobayashi à la Rascasse a-t-il été le tournant de votre course ?

Je le crois. Je suis parvenu à le doubler juste après le pit-stop et j’ai ensuite pu mener mon Grand Prix gentiment jusqu’à la fin. J’ai su qu’on avait cinq secondes de pénalité pour avoir purgé notre pénalité sous safety-car. On a dû se battre pour la reprendre par la suite. Dans le final, j’ai tenu le coup à la 10ème place pendant un long moment devant Grosjean. J’étais content, mais aussi un peu stressé parce que les pneus avaient 52 tours. J’ai commencé à avoir du mal avec les gommes à dix tours de la fin, mais cela a tenu. C’est bien.

« Le moment idéal »

Avez-vous pensé à ces premiers points en F1 dans les derniers tours ou étiez-vous pleinement concentré sur votre pilotage ?

J’y ai forcément pensé quand j’étais 10ème. Lorsque j’ai dépassé Kobayashi je me suis retrouvé 12ème, puis Gutierrez s’est sorti. Bottas a également abandonné par la suite.  Je suis resté 10ème quelques tours. Mes ingénieurs m’ont ensuite annoncé que j’allais avoir cinq secondes de pénalité à la fin. Il fallait donc que je crée un gap de cinq secondes avec Grosjean alors que ce n’était pas possible. J’arrivais à garder le même écart, mais je ne parvenais pas à partir.

Les incidents de course ont alors de nouveau joué en votre faveur …

Oui, puisque Räikkönen et Magnussen se sont accrochés. C’est sûr qu’on a eu de la chance parce que sans tout ça on n’aurait peut être pas inscrit de points. C’est quand même un très bon résultat. Maintenant, il faut garder les pieds sur terre. Je vais essayer de savourer ce soir, mais après il faudra continuer à travailler parce qu’il reste encore beaucoup de courses et on ne sait jamais ce qu’il peut arriver.

Qu’avez-vous ressenti au moment de franchir la ligne d’arrivée ?

Honnêtement, c’était comme une victoire. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas ressenti une telle émotion. La dernière fois c’était lors de mon dernier succès en World Series en 2012. Cela fait un moment. Pour certains teams terminer neuvième est très décevant alors que pour nous cela représente presque une victoire. C’était vraiment super !

La présence de votre famille rend-elle les choses plus émouvantes pour vous ?

C’est vrai que mon père, ma mère et ma sœur étaient là. C’est la première fois de l’année qu’ils viennent. Cela rend forcément les choses encore meilleures. Je suis très content pour ma famille et pour le team parce que cela fait très longtemps qu’ils méritent ça. Ils travaillent tous depuis de nombreuses années pour marquer leurs premiers points. Ils ont été en mesure de le faire au Brésil il y a deux ans et ils n’ont pas pu concrétiser. On marque nos premiers points à Monaco, c’était vraiment le moment idéal pour tout le monde.

« On a pris un risque »

La stratégie pneus opérée était-elle la bonne selon vous ?

Les pneus ont bien tenu donc je pense que c’était la bonne stratégie. J’ai vraiment eu du mal dans les dix derniers tours, mais les tendres dégradaient plus ou moins pareil tout en ayant moins de performance. Il n’y avait pas vraiment d’intérêt à effectuer un relais plus long avec les autres pneus.

Pourquoi avoir choisi d’effectuer votre pénalité pendant la safety-car ?

Je n’ai pas vraiment demandé au team. Je pense qu’on a tenté un coup de poker dans le sens où il fallait s’arrêter de toute façon pour changer les pneus. On s’est dit on l’a fait maintenant vu qu’on ne va plus s’arrêter. On a pris un risque. On a eu de la chance puisque cela a payé, mais cela aurait aussi pu nous faire sortir des points.

Comment avez-vous gérer la pression de Jean-Eric Vergne derrière vous ?

Cela s’est bien passé, car j’étais en super-tendres et lui en tendres. Même si mes pneus étaient usés et les siens neufs. Je savais que je devais aller au bout de la course donc il fallait que je fasse attention à mes pneus. Je n’étais pas plus vite que lui, mais on avait un rythme à peu près similaire. Je suis parti au début, mais après il est un peu revenu.

Vous êtes-vous rendu compte du léger contact entre sa Toro Rosso et votre Marussia au virage du Fairmont ?

Je voyais qu’il était très proche à cette épingle, mais c’est indoublable de toute façon. Je ne m’inquiétais pas de ça. Après il m’a touché, je l’ai senti. Cela ne m’a toutefois pas perturbé.

« Continuer à travailler »

Fernando Alonso a déclaré après la course qu’il était fier de vous. Qu’est-ce qu’il représente pour vous ?

C’est mon idole depuis que je le suis chez Ferrari. J’ai réussi à voir comment il travaillait et comment il roulait. Pour moi c’est le meilleur pilote en F1 aujourd’hui. C’est un exemple. Et si jamais il est fier de ce que je fais c’est encore mieux !

Prenez-vous en exemple ses débuts chez Minardi là où personne ne le connaissait et sa progression pour vous en inspirer ?

Il est certain que Fernando est un modèle. Après, chaque profil de carrière est différent. Il est donc difficile de reproduire la même chose. Dans l’idée c’est sûr que son profil de carrière est plutôt sympa.

Quels sont les conseils les plus importants que Fernando vous ait donnés lorsque vous avez travaillé ensemble ?

On voyage de temps en temps ensemble c’est vrai. Après, travailler c’est un grand mot parce qu’on est dans des équipes différentes. Il m’a conseillé de rester patient et de montrer ce que je sais faire tout en sachant qu’un jour les bonnes choses arriveront.

Cela vous plairait-il de faire équipe avec lui dans les années à venir ?

Oui, cela me plairait de pouvoir me comparer à un pilote comme lui et de voir où j’en suis. C’est sûr que ce serait une très belle chose pour moi. Mais pour l’instant, je suis là.  On va se calmer et continuer à travailler pour progresser.

Propos recueillis par Andrea Noviello

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