Thomas Woloch : « Max Verstappen n’a pas connu que des moments de gloire » (2/2)

Thomas Woloch Verstappen biographie photo
Dans sa bio, Thomas Woloch revient notamment sur l'épisode de la station-service après l'abandon à Sarno.
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Co-auteur de la biographie consacrée au désormais double champion du monde de Formule 1 Max Verstappen, Thomas Woloch a accepté de revenir sur l’origine d’un projet qu’il a su brillamment mener à son terme en compagnie de son ancien professeur de journalisme à l’IUT de Cannes et mentor Daniel Ortelli.

Enfant il n’avait qu’un rêve : travailler dans le milieu de la Formule 1. Pas vraiment attiré par les mathématiques durant sa jeunesse, Thomas Woloch a très vite abandonné l’idée d’embrasser une carrière d’ingénieur pour se tourner vers le journalisme. Diplômé de l’IUT de Cannes en 2017, le jeune homme originaire de Vendée a collaboré plusieurs années durant avec des rédactions françaises et étrangères (il a notamment animé pendant près d’un an la matinale de la radio universitaire canadienne CHYZ. Ndlr) avant de quitter sans grand regret l’univers des médias à la fin de l’année 2020. Reconverti dans la rédaction de contenu web depuis plus de deux ans (il officie dans une société dont le nom Silver Stone rappelle étrangement l’un des plus grands circuits de l’histoire de la F1. Ndlr), ce grand amoureux de hockey n’a pourtant rien perdu de sa passion pour tout ce qui roule.  Bien au contraire. Venu s’installer dans le Sud de la France pour se rapprocher d’une Principauté de Monaco historiquement liée au sport automobile et à sa discipline reine, l’ancien secrétaire de rédaction chez Ouest France a co-écrit au mois de mai dernier une biographie consacrée au nouveau roi de la Formule 1, Max Verstappen. En charge de toute la partie précédant l’accession du natif d’Hasselt (Belgique. Ndlr) au plus haut niveau du sport automobile, le co-auteur de « Max Verstappen le sacre d’un champion » se confie longuement autour d’un projet qui lui a longtemps paru « irréel ».

Le livre revient, également, sur un fait marquant de la carrière du jeune Max Verstappen : un jour son père Jos décida de l’abandonner dans une station-service après un accrochage lors d’une course de karting à Sarno (Italie. Ndlr). En quoi cet épisode relativement traumatisant pour un jeune garçon a-t-il été important dans l’évolution du futur champion qu’il s’apprêtait à devenir ?

Je me souvenais de cet épisode au moment d’entamer mes recherches, car toute la presse anglaise et italienne s’amusait à reprendre cette anecdote. On ne pouvait clairement pas passer à côté de cette histoire dans le livre. Encore une fois, l’objectif de cette biographie est de raconter des anecdotes dont la grande majorité du public ignore tout. Certains épisodes de ce type ne sont sortis que dans la presse néerlandaise. Il en existe plusieurs, mais celui-là demeure forcément particulier. Quand on perd une course à cause d’un accrochage bête, on n’est forcément pas très bien après. En rentrant dans le van de son père, Max a voulu s’excuser : « je suis désolé ». Mais Jos a rétorqué que s’il osait encore parler, il le laisserait sur le bord de la route. Un brin provocateur, Max a de nouveau ouvert la bouche. Jos s’est alors garé sur le bas-côté et l’a abandonné sur une aire d’autoroute.

Par chance, la maman de Max suivait derrière …

Oui, mais Jos avait déjà fait demi-tour pour aller récupérer son fils avant que sa mère ne puisse le reprendre. Je ne peux pas me mettre à sa place, aussi il m’est difficile de répondre précisément à votre question. Je ne pense pas que ce seul événement soit à l’origine du pilotage incisif et de la faculté à ne jamais rien lâcher de Max Verstappen. Mais dans le même temps, être abandonné sur le bord d’une route parce que l’on a réalisé une mauvaise course doit forcément marquer la vie d’un jeune garçon. Il se sentait déjà coupable d’avoir commis une erreur stupide. Cet épisode fut donc, peut-être, un tournant dans la maturité de Verstappen. On ne le saura jamais vraiment tant qu’il ne se sera pas exprimé de manière plus profonde sur le sujet. Une chose est certaine toutefois : cet épisode l’a forcément poussé à ne plus jamais commettre ce type d’erreur par la suite.

L’an dernier, Max Verstappen avait dû patienter jusqu’au dernier tour de l’ultime Grand Prix de la saison pour arracher le titre des griffes de Lewis Hamilton. Cette année, le Néerlandais a complètement déroulé pour facilement coiffer la couronne mondiale à quatre courses du terme du championnat. Pensez-vous, comme beaucoup d’observateurs, que ce premier titre acquis en 2021 a libéré le pilote Red Bull de l’énorme pression qui pesait sur ses épaules depuis son plus jeune âge ?

Effectivement. Je ne porte, forcément, qu’un regard extérieur sur la question, mais je constate que Max a l’air plus libéré, plus détendu, presque transformé en comparaison à la saison dernière. Le premier titre de champion du monde est toujours le plus difficile à aller chercher. Les circonstances du sacre sont malheureusement celles qu’elles sont, mais je reste persuadé que Verstappen méritait amplement son titre sur l’ensemble de la saison. Alors certes, si on se fie au dernier Grand Prix de l’année, on peut reconnaître que Lewis Hamilton le méritait tout autant.

« Max est en confiance aujourd’hui, car il sait ce que cela signifie de remporter un titre de champion du monde. En plus, il a coiffé le sien en dominant Lewis Hamilton, la référence absolue de l’ère hybride. Il connaît la valeur d’un titre, il a la voiture pour performer, une écurie et un entourage qui lui sont entièrement dédiés » 

Qu’est-ce qui, fondamentalement, a changé entre le Verstappen de 2021 et celui de 2022 ?

Max donne l’impression d’être beaucoup plus relax cette année si on excepte bien sûr son coup de sang de Singapour à la radio en toute fin des qualifications (le Néerlandais avait dû avorter sa dernière tentative en Q3 en raison d’un mauvais calcul de consommation de la part de son écurie Red Bull. Ndlr). Il est en confiance aujourd’hui, car il sait ce que cela signifie de remporter un titre de champion du monde. En plus, il a coiffé le sien en dominant Lewis Hamilton, la référence absolue de l’ère hybride. Il connaît la valeur d’un titre, il a la voiture pour performer, une écurie et un entourage qui lui sont entièrement dédiés et pour couronner le tout un beau logiciel Oracle qui l’aide à adopter les meilleures stratégies en course.

À seulement 25 ans, Max Verstappen totalise déjà deux titres de champion du monde, 32 victoires, 18 pole positions, 21 meilleurs tours en course et 74 podiums en Formule 1. Existe-t-il, aujourd’hui, quelque chose ou quelqu’un qui puisse empêcher le natif d’Hasselt d’aller chercher tous les records de la discipline ?

Le Covid 19 (rires. Ndlr). Non, plus sérieusement je crois que les dirigeants de la Formule 1 vont faire en sorte de rendre la discipline plus disputée à l’avenir en modifiant comme toujours les règlements. Même quand on parle de grande domination, rien n’est jamais écrit à l’avance en F1. Il peut, toujours, se produire quelque chose d’inattendu. Si je me remémore, par exemple, la saison 2004 et la domination outrageuse du binôme Michael Schumacher-Ferrari, le passionné lambda va refuser de se dire que c’est toujours le même pilote qui gagne à la fin. Le fan de F1 veut garder une certaine part d’incertitude.

Compte-tenu de la domination affichée par le binôme Verstappen-Red Bull cette saison, qui pourra garantir cette incertitude en 2023 ?

Je dirais que la nouvelle garde est quand même plutôt féroce. Ces dernières années, une promotion assez exceptionnelle de jeunes pilotes a débarqué en F1. Je vais, notamment, évoquer le nom d’un certain pilote monégasque, Charles Leclerc. Il a une pointe de vitesse et un talent tout aussi exceptionnel. Je peux, également, parler d’un George Russell. Il est jeune, rapide et a parfaitement su s’intégrer dans le moule Mercedes. Puis, on a aussi les « papys » Lewis Hamilton et Fernando Alonso. Cela en fait du beau monde. Mais si Max conserve un tel niveau de confiance à l’avenir, si sa voiture répond toujours aussi bien et enfin si Red Bull négocie de manière aussi efficace les futures réglementations techniques, alors je ne vois pas grand-chose susceptible de l’empêcher de devenir encore champion du monde de F1.

Et quid des records ?

Pour ce qui est des records, le débat est différent. Ces records risquent d’être totalement tronqués par l’allongement incessant du calendrier. Par le passé, une saison de Formule 1 comprenait 16 courses. L’an prochain, on aura droit à 24 Grand Prix dans la même année ! Si je me réfère, par exemple, au nombre de victoires, cela me fait bizarre de dire qu’un Max Verstappen compte déjà 32 succès en F1 quand un Nelson Piquet n’en totalise que 23, un Niki Lauda 25 ou un Jackie Stewart 27. Avec l’allongement du calendrier, les statistiques seront encore plus tronquées à l’avenir et forcément les records risquent d’être battus. Mais fort heureusement, il existera toujours la glorieuse incertitude du sport !

« De nos jours, on trouve énormément de contenu sur internet. Dégoter la petite histoire ou le fait caché n’en est donc que plus difficile. Mais cela vaut le coup au final quand on voit son bouquin exposé en librairie. Je suis très touché par les témoignages reçus, mais je sais aussi que mon ouvrage n’est pas totalement parfait. J’espère simplement que les prochains seront encore meilleurs »

Revenons-en à votre biographie de Max Verstappen. Quels retours avez-vous reçu de la part des lecteurs ?

Les retours du public ont été très bons. Ce qui me touche le plus, ce sont les remarques des gens : « c’est facile à lire, j’ai appris beaucoup de choses, je ne connaissais pas cette histoire-là ou encore comment avez-vous trouver de telles sources ? ». Ce sont des choses très agréables à entendre. De nos jours, on trouve énormément de contenu sur internet. Dégoter la petite histoire ou le fait caché n’en est donc que plus difficile. Mais cela vaut le coup au final quand on voit son bouquin exposé en librairie. Je suis très touché par les témoignages reçus, mais je sais aussi que mon ouvrage n’est pas totalement parfait. J’espère simplement que les prochains seront encore meilleurs.

Ce premier livre mené de main de maître avec Daniel Ortelli vous donne-t-il l’envie de renouveler l’expérience et de pourquoi pas mener un projet en solitaire autour de la F1 ?

Forcément ! J’ai toujours des projets plein la tête. Réaliser ce genre de projet à seulement 25 ans est déjà une très grosse chance. Écrire sur un sujet dont on rêve depuis enfant ressemble quelque part à un pari à double tranchant. Cela pouvait tout aussi bien être le premier que le dernier. Concernant un éventuel prochain livre sur la F1, je conseillerais simplement aux amateurs de sport automobile de rester connectés et de suivre avec attention les prochains mois. On travaille, déjà, sur des petits projets avec Daniel Ortelli et d’autres personnes. Comme le dit la citation : « travaillez en silence, la réussite sera votre bruit ».

Avec le recul qui est le vôtre aujourd’hui, quel regard portez-vous sur cette grande première en tant qu’auteur ?

Il y a encore de cela un an, jamais je n’aurais imaginé pouvoir écrire des livres sur la Formule 1. Tellement de personnes rêvent d’écrire un livre ! Avoir eu cette chance et l’avoir fait au côté d’une personne que j’apprécie et que je respecte au plus haut point, c’est tout bonnement incroyable. Alors bien sûr j’ai envie d’en écrire d’autres, de faire de nouvelles biographies ou de raconter de petites histoires marrantes sur la F1. Cela prendra le temps qu’il faudra. Ce premier livre sur Verstappen me confère une petite légitimité pour parler de sport automobile. Des projets sont actuellement en cours (sourire. Ndlr). Ce sera bien évidement sur la Formule 1. J’aimerais pouvoir continuer à écrire dans le futur. Sortir un livre par an, ce serait l’idéal !

Propos recueillis par Andrea Noviello

« Max Verstappen : le sacre du champion », de Daniel Ortelli et Thomas Woloch, City Éditions, 256 pages, 18,90 € au format papier et 12,99 € au format numérique.

Couverture biographie Verstappen 2022
De ses premiers pas en kart à son sacre en F1 : revivez toute la carrière de Max Verstappen.
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