Largué par les Williams en qualification, Michael Schumacher réussit l’exploit de rivaliser avec celle de Villeneuve à l’occasion du Grand Prix d’Europe 1996. Parfaitement épaulé par une Scuderia Ferrari très habile dans l’exécution de ses pit-stops, l’Allemand décroche une deuxième place en forme de rédemption.
Lancé depuis son arrivée à Maranello dans une vaste opération de reconstruction, Michael Schumacher ne ménage pas sa peine en essais privés afin de corriger les carences de sa F310. Mal assimilé par une Scuderia Ferrari longtemps habituée au moteur V12, le passage au dix cylindres cause de nombreux tracas aux ingénieurs de l’écurie italienne. Indirectement responsable de l’abandon de l’Allemand en ouverture de saison à Melbourne, les incessantes vibrations du propulseur provoquant l’éclatement du carter de la boîte de vitesse, l’indocile nouveau V10 oblige même l’écurie dirigée par Jean Todt à réutiliser des pièces de la monoplace de 1995 lors de la tournée Sud-Américaine. En attendant de pouvoir définitivement éradiquer ces problèmes de vibration, la F310 se voit ainsi greffer l’arrière et le fond plat de sa devancière la 412T. Un handicap de taille qui n’empêche toutefois pas le double champion du monde de tirer son épingle du jeu à Interlagos.
Malgré une stratégie imparfaite, le natif d’Hürt-Hermülheim décroche son premier podium en rouge au Brésil, prouvant ainsi qu’il n’a rien perdu de son exceptionnel coup de volant. Si un nouvel incident mécanique (cette fois une rupture de l’aileron arrière) est venu écourter sa prestation argentine, le protégé de Willi Weber a confirmé sur les terres du grand Juan-Manuel Fangio les très nets progrès effectués par le team transalpin. Particulièrement piquant envers son ancien rival Damon Hill lors de la conférence de presse d’avant Grand Prix d’Europe, « Schumi » peine pourtant à cacher son scepticisme sur ses chances de bien figurer devant les siens. Les inquiétudes du pilote Ferrari vont d’ailleurs se vérifier en qualification. Incapable de venir se mêler à la lutte pour la pole, le « petit Mozart de la F1 » signe le troisième chrono du jour à 1,2 seconde de la Williams de Hill. Un véritable camouflet.
Un premier avertissement sans frais
Ni les nouveautés apportées sur sa machine (train arrière, pontons), ni les innombrables heures passées à limer le bitume, il participait encore à des tests au Mugello le jeudi à la veille des premiers essais libres, n’ont permis à l’enfant prodigue de Kerpen de réduire le delta séparant sa Ferrari des intouchables Williams. À priori condamné à jouer les faire-valoir, le champion du monde 1995 va toutefois offrir un Grand Prix des plus enthousiasmants aux cent mille fans venus le soutenir. Gêné au départ par l’envol catastrophique de Hill devant lui, l’Allemand tombe en quatrième position derrière la McLaren de David Coulthard et la Jordan de Rubens Barrichello. Obligé de s’incliner devant l’attaque du fils de Graham au 5ème tour, l’ancien poulain de Flavio Briatore se maintient au cinquième rang jusqu’à son premier arrêt ravitaillement dans la 23ème boucle. Le show du nouveau fer de lance de la Scuderia peut alors commencer. Il sera fabuleux. Galvanisé par le soutiens de ses supporters, le pilote de 27 ans réduit irrémédiablement son retard sur la Williams du leader Villeneuve.
De huit secondes au 26ème tour, l’écart entre les hommes tombe à seulement six dixièmes onze boucles plus tard. Extrêmement menaçant, le natif d’Hürt-Hermülheim ne parvient cependant pas à attaquer le débutant québécois. Faute de pouvoir prendre l’avantage en piste, le protégé de Willi Weber tente en coup de poker au stand. En s’arrêtant au 45ème passage, soit un tour avant Villeneuve, le « Baron Rouge » espère se jouer du fils de Gilles. Mais un impondérable vient mettre mal ses ambitions de victoire. Ressorti en troisième position juste derrière la McLaren de Coulthard, « Schumi » perd tout le bénéficie de son audacieuse stratégie. Relégué à 2,6 secondes du Canadien, le double champion du monde tentera un dernier baroud d’honneur à la faveur du dépassement des retardataires. En vain. Épatant deuxième au Nürburgring, Schumacher conquiert le 40ème podium de sa carrière et se positionne comme le nouvel empêcheur de tourner en rond des Williams en cette saison 1996.
Andrea Noviello
Poster un Commentaire