Un an après ses débuts remarqués sur le tracé de Spa-Francorchamps, Michael Schumacher décroche son premier succès en Formule 1 lors du Grand Prix de Belgique 1992. Au terme d’une course perturbée par la pluie, l’Allemand devance le tout nouveau champion du Monde Nigel Mansell après avoir pris le pari de rechausser les pneus secs sur une piste encore détrempée.
Confortablement installé au troisième rang du championnat au soir de son cinquième podium de la saison sur ses terres en Allemagne, Michael Schumacher s’est affirmé depuis ses tonitruants débuts à Spa en 1991 au volant de la Jordan comme le futur grand pilote de demain. Extrêmement véloce en qualification, fin metteur au point, doté d’une vraie science de la course, le pilote de 23 ans s’avère également redoutable dès que la pluie s’invite à la fête. Sûr de sa force, le petit protégé de Willi Weber affiche de surcroît des qualités de fédérateur qui ne sont pas sans rappeler celles des références en la matière Ayrton Senna ou Alain Prost. Clé de voûte d’une écurie Benetton en pleine ascension, le natif d’Hürt Hermülheim doit désormais s’affranchir du dernier obstacle qui le sépare encore des tous meilleurs : la victoire.
Obnubilé à l’idée de combler ce vide, « Schumi » veut profiter des caractéristiques singulières du tracé de Budapest, théâtre du Grand Prix de Hongrie, pour enfin décrocher la timbale. Quatrième chrono des qualifications, l’Allemand ne peut rien en course contre les intouchables Williams, ni même face à la McLaren d’Ayrton Senna. Longtemps 5ème après un envol mal négocié, la nouvelle pépite du paddock se retrouve pourtant en passe d’accrocher un autre podium. 3ème à 15 tours de l’arrivée grâce à l’arrêt au stand de Nigel Mansell, l’ancien pilote Mercedes en Endurance est contraint à l’abandon deux boucles plus tard lorsque la rupture de son aileron arrière en pleine ligne droite l’envoie dans un effrayant double 360°. Contrarié par ce troisième zéro pointé de l’année, le poulain de Flavio Briatore n’en reste pas convaincu de pouvoir rapidement s’inviter sur la plus haute marche du podium. L’épreuve suivante en Belgique lui donnera raison.
Un choix stratégique audacieux
Qualifié en troisième position derrière les intouchables Mansell et Senna pour son grand retour à Spa, Schumacher aborde le 18ème Grand Prix de sa carrière avec la ferme intention d’inscrire son nom au livre d’or de la Formule 1. Malheureusement, le protégé de Mercedes se loupe lors de l’extinction des feux et concède deux places à Ricardo Patrese et Jean Alesi. Pas ébranlé par cet envol manqué, l’Allemand se débarrasse de l’Avignonnais au bout des Combes avant même la fin du premier tour. Alors que Senna conserve le leadership, la pluie s’immisce sur le tracé ardennais, opérant une profonde mutation des positions. Magistral dans ces conditions, Senna parvient à se construire une solide avance. Enfin pas pour longtemps. Un choix de pneumatique erroné (le Brésilien reste en slick alors que l’averse s’intensifie) condamne le pilote Mclaren à reculer dans la hiérarchie.
Débarrassé du triple champion du Monde, Schumacher a le champ libre pour le podium. Mais le jeune rookie est gourmand. « Schumi » prend le risque de remettre les pneus secs au 30ème tour après une excursion hors piste. Un choix audacieux qui s’avérera toutefois payant. À sa sortie des stands, Mansell doit s’incliner devant le pilote Benetton. Si « le lion » recollera à moins de trois secondes du prodigue allemand à six tours de l’arrivée, un problème d’échappement sur la Williams de l’Anglais entérinera définitivement le succès de Schumacher. Fin stratège et brillant dans des conditions difficiles, l’Allemand devient à 23 ans, 7 mois et 27 jours le quatrième plus jeune vainqueur d’un Grand Prix. L’histoire d’amour entre « Schumi » et Spa-Francorchamps ne fait que débuter.
Andrea Noviello
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