Rendez-vous le plus glamour du calendrier, le Grand Prix de Monaco a construit la légende de la Formule 1 avec des courses aux scénarios complètement fous. Impitoyable tant pour les hommes que pour les machines, le circuit princier reste l’un des rares de la saison à ne rien pardonner. Retour sur les cinq dernières éditions disputées sur le mythique tracé de la Principauté.
2015 : Rosberg triple la mise
Vainqueur des deux dernières éditions, Nico Rosberg se présente une nouvelle fois en Principauté dans la peau de grand favori à sa propre succession. Si le vice-champion du monde en titre a subi la très nette domination de son coéquipier Lewis Hamilton depuis l’ouverture de la saison, le Britannique coiffant trois succès en cinq courses, son récent succès à Barcelone semble l’avoir relancé au bon moment. Serein avant d’aborder son rendez-vous à domicile, l’Allemand ne va pourtant pas faire le poids en qualification. Devancé de trois dixièmes par son coéquipier, le fils de Keke sait qu’il a déjà fortement compromis ses chances de succès en course. Excellemment parti depuis la pole, Hamilton s’envole rapidement et ne laisse pas le moindre espoir à Rosberg de venir l’inquiéter. La démonstration de l’Anglais est éclatante. Le double champion du monde compte plus de 20 secondes d’avance sur l’autre flèche d’argent lorsque le débutant Max Verstappen tente, au 64ème tour, une attaque kamikaze à Sainte-Dévote sur Romain Grosjean qui se solde par un crash effrayant. Victime de sa fouge, le Néerlandais provoque la sortie en piste de la voiture de sécurité. Croyant posséder une marge suffisante sur ses adversaires, Hamilton en profite pour opérer un deuxième changement de pneus. Ses espoirs d’un second succès à Monaco viennent de s’envoler. Rosberg hérite d’une victoire inespérée, sa troisième consécutive sur le rocher, qui lui permet de rejoindre au palmarès les mythiques Sterling Moss et Jackie Stewart.
2014 : Rosberg sur fond de polémique
Frappée par un flot de critiques depuis l’arrivée de la motorisation hybride, la Formule 1 a pourtant redoré une partie de son blason en offrant un spectacle à couper le souffle à Bahreïn. Détrôné de la tête du championnat depuis l’Espagne, Lewis Hamilton enchaînant quatre victoires consécutives après son abandon en Australie, Nice Rosberg compte bien reprendre le pouvoir à l’occasion de son épreuve à la maison. Restés jusque-là relativement cordiaux, les rapports entre les deux hommes se tendent sévèrement lors de la manche monégasque. Vexé des propos tenus une semaine plus tôt par le champion du monde 2008, Hamilton stigmatisant l’enfance dorée de son ancien coéquipier en kart, le fils de Keke décroche samedi une pole position sujette à controverse. Parti, volontairement ou non, à la faute lors de son dernier run, l’Allemand a ruiné l’ultime tentative du Britannique. Furieux du mauvais coup joué par son voisin de garage, le natif de Stevenage ne pourra même pas assouvir sa vengeance en course. Soucieux de ne pas gâcher une possibilité de doublé, le grand patron de la firme à l’étoile Dieter Zetsche ordonne des consignes strictes à ses pilotes. Aucun accrochage n’est toléré. Rosberg conserve l’avantage au premier virage et emmène dans son sillage l’autre flèche d’argent. Les positions resteront figées jusqu’à l’arrivée. Le natif de Wiesbaden remporte un Grand Prix marqué par l’exploit de Jules Bianchi, le Français décrochant une héroïque 9ème place au volant de sa Marussia, et récupère sa position de leader au championnat. Cette fois plus de doute, la guerre est déclarée chez Mercedes.
2013 : Rosberg tel père tel fils
Reparti sur des bases semblables à l’année précédente, le championnat 2013 voit toujours Fernando Alonso et Sebastian Vettel se disputer la majorité des victoires. Après cinq courses, les deux triples champions du monde se sont déjà partagés deux succès chacun, ne laissant qu’à Kimi Räikkönen le manche inaugurale en Australie. Si Red Bull et Ferrari font logiquement figure de favori dans la course au titre, une nouvelle écurie vient jouer les troubles fêtes en cette entame de saison : Mercedes. Boostée par l’arrivée pendant l’hiver du champion du monde 2008 Lewis Hamilton, l’écurie allemande s’est octroyée les trois dernières pole positions en jeu même si elle n’a jamais su confirmer en course, la faute à une trop grande dégradation de ses gommes. Désireuse de régler ce problème une bonne fois pour toute, l’équipe mène dans le plus grand secret, et la plus grande illégalité, trois jours de tests pneumatiques à Barcelone. Les résultats ne tardent pas à se faire ressentir. Nico Rosberg signe la 4ème pole consécutive de la firme à l’étoile devant son coéquipier Hamilton. Malgré un départ moyen, l’Allemand reste devant à Saint-Dévote. Si le fils d’Anthony perd rapidement tout espoir de podium en raison d’un premier arrêt au stand trop tardif, la course du natif de Wiesbaden sera autrement plus limpide. Rosberg mène chacun des 78 tours et s’en va quérir au sortir d’une démonstration magistrale la 2ème victoire de sa carrière. Trente ans après son père Keke, Nico entre à son tour dans le très fermé cercle des vainqueurs à Monaco.
2012 : Webber le sixième élément
Hégémonique avec son pilote vedette Sebastian Vettel en 2011, l’Allemand empochant la bagatelle de 11 succès, Red Bull s’est vue couper les ailes pendant l’intersaison. Principale arme de l’intouchable RB7, les échappements soufflés ont été interdits par la FIA avec l’espoir de redistribuer les cartes. Toujours dans l’optique d’offrir plus d’incertitude, l’instance dirigeante a également demandé à Pirelli de fournir aux équipes des pneus à la durée de vie très faible en 2012. Et force est de constater que cela fonctionne à merveille. En l’espace des cinq courses, cinq pilotes et cinq machines différentes se sont imposés. Leader du championnat à égalité parfaite avec Fernando Alonso, Vettel peut légitimement prétendre à un second succès de rang en Principauté d’autant que la dernière création d’Adrian Newey a retrouvé de sa superbe depuis quelques Grand Prix. Hélas pour lui, sa machine le trahit au plus mauvais moment en qualification. Une aubaine pour l’autre pilote Red Bull Mark Webber. L’Australien croit d’ailleurs tenir la pole avant que Michael Schumacher ne vienne le coiffer au poteau dans les derniers instants. Mais la pénalité de cinq places sur la grille infligée au septuple champion du monde suite à son accrochage avec Bruno Senna en Espagne propulse Weber sur la première place de la grille. Le natif de Queanbeyan en fera bon usage. Auteur d’un départ parfait, il gère sereinement la première partie de course avant de basculer d’une stratégie de deux à un seul arrêt. Malgré la constante pression de Nico Rosberg, Webber ceint sa deuxième victoire en Principauté, portant à six le nombre de vainqueurs différents dans cette complètement folle saison 2012.
2011 : Vettel à l’usure
Arrivé à maturité lors de ce championnat 2011, le tandem Sebastian Vettel-Red Bull écrase tout sur son passage depuis l’ouverture de la saison en Australie. Vainqueur de quatre des cinq premières courses du calendrier, le plus jeune champion du monde de l’histoire compte mettre à profit la supériorité de la RB7 pour enfin triompher sur le plus mythique des Grand Prix. Privé de ce plaisir par son coéquipier Mark Webber l’année précédente, « baby-schumi » ne laisse à quiconque l’espoir d’empocher la pole. Crédité du chrono le plus rapide avec près d’une demi-seconde d’avance sur son plus proche poursuivant Jenson Button, l’Allemand a frappé fort. Il ne va toutefois pas vivre une course aussi calme que les précédentes. S’il met parfaitement à profit sa position de pointe sur la grille pour virer en tête dans le goulot de Sainte-Dévote, le natif d’Heppenheim choisit, contrairement à la grande majorité de ses adversaires, de n’opérer qu’un seul passage par les stands. Arrêté dès le 16ème tour, le petit protégé d’Helmut Marko récupère la tête peu avant la mi-course, mais va très vite se rendre que son option stratégique n’était pas la bonne. Rapidement à l’agonie avec ses pneus, Vettel se fait ramarrer par le duo Alonso-Button et ne devra son salut qu’à un coup du sort salvateur. Le carambolage impliquant Vitaly Petrov, Jaime Alguersuari et Lewis Hamilton conduit la direction de course à brandir le drapeau rouge. L’enfant prodigue de Red Bull peut alors monter des gommes neuves et s’assurer une première victoire de prestige en Principauté.
Andrea Noviello
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