Alonso privé de désert

Fernando Alonso Bahreïn 2016
Fernando Alonso n'a pas reçu le feu vert des médecins de la FIA pour rouler ce week-end à Bahreïn.
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Pas suffisamment remis de son épouvantable pirouette de Melbourne aux yeux des médecins de la FIA, Fernando Alonso ne participera pas ce week-end au deuxième rendez-vous de la saison à Bahreïn. Touché aux côtes, le double champion du monde sera remplacé par le troisième pilote McLaren Stoffel Vandoorne dans le désert de Sakhir.

3 mars 2015. Victime d’un accident sérieux, bien que toujours inexpliqué, neuf jours plus tôt lors des tests d’avant-saison organisé sur le circuit de Barcelone, Fernando Alonso annonce en concertation avec sa nouvelle écurie McLaren son forfait pour la première manche de la saison en Australie. Préférant suivre les conseils des médecins afin d’éviter de s’exposer aux risques éventuels d’un nouvel impact, le double champion du monde se résout à céder son baquet au pilote de réserve du team britannique Kevin Magnussen. Un peu plus d’un an plus tard, l’histoire se répète pour le « Taureau des Asturies ». Alors que l’Espagnol souffrait en apparence que de quelques contusions mineures à la suite de son effrayant tonneau de Melbourne, il doit une nouvelle fois renoncer sur KO médical après que la FIA l’ait jugé inapte à reprendre le volant ce week-end à l’occasion du deuxième rendez-vous du championnat 2016 à Bahreïn.

Ressorti sans la moindre aide, ni blessures apparentes, de la carcasse de sa MP4-31 il y a deux semaines dans les rues de l’Albert Park, le natif d’Oviedo souffrait pourtant d’un pneumothorax (des difficultés respiratoires provoquées par l’affaissement du poumon) et d’une côté brisée sur le flanc gauche selon un diagnostic réalisé à son retour en Espagne. Si les examens opérés par les médecins de la Fédération Internationale de l’Automobile ont confirmé ce jeudi la disparition du pneumothorax, ils n’ont en revanche pas effacé les doutes concernant la résorption complète de la fracture dont souffre l’ancien pilote Renault au niveau de sa cache thoracique. Résultat : les médecins de l’instance dirigeante ont refusé de donner à l’Ibère l’autorisation de courir lors de cette deuxième manche de la saison.

« J’étais prêt à supporter cette douleur »

« Je suis déçu, révèle avec amertume Fernando. J’aurais voulu participer à ce Grand Prix. Je suis un pilote, un compétiteur. J’avais mal, mais j’étais prêt à supporter cette douleur. Je suis persuadé qu’au volant j’aurais oublié tout cela. Après mon accident en Australie, j’ai connu des journées difficiles ce qui est logique après un tel choc. Jusqu’à la dernière seconde, j’ai seulement pensé à aider l’équipe après l’incroyable travail qu’elle a effectué cette semaine. Je comprends et je respecte la décision prise par les médecins même si j’aurais au moins voulu essayer de rouler lors des premiers essais. » Privé de cette chance par une FIA extrêmement précautionneuse, trop d’ailleurs aux yeux de l’ancien patron historique de McLaren Ron Dennis, Alonso assistera donc à la course dans la peau d’un simple spectateur, mais avec l’intention d’apporter son expérience à son remplaçant Stoffel Vandoorne.

Car s’il s’est vu octroyer la permission de rentrer se reposer chez lui, l’Espagnol a préféré décliner la proposition de son équipe afin de soutenir le débutant belge. Un luxe qui ne sera pas de trop tant la période d’adaptation sera restreinte pour le champion de GP2 en titre. Arrivé tardivement dans la nuit de jeudi à Manama, le natif de Coutrai va devoir rapidement assimiler les spécificités de la F1 tout en tentant de digérer l’important décalage horaire avec Okayama au Japon où il participait depuis quatre jours aux essais d’avant-saison de la Super Formula, le championnat auquel il est amené à défendre les couleurs de Honda cette saison. Appelé en dernière minute par McLaren, Vandoorne a passé plus de douze heures en avion, sans compter une escale avant de rejoindre la capitale du petit royaume insulaire, et ne se présente pas forcément dans les meilleures dispositions avant d’effectuer ses grands débuts en catégorie reine.

La chance de Vandoorne

Une contrariété qui n’inquiète en rien le team manager de l’écurie britannique Éric Boullier. « Stoffel a déjà roulé cette saison lors des tests Pirelli au Paul Ricard, rassure le Français. Il a également découvert la nouvelle voiture dans le simulateur à Woking et connaît bien le circuit pour y avoir couru à deux reprises en GP2. Son adaptation à la F1 ne devrait donc pas poser de problème. » Amené à faire équipe avec le jeune prodigue belge ce week-end à Sakhir, Jenson Button s’est montré tout aussi confiant dans les capacités d’apprentissage de son nouveau voisin de garage. « Il a beaucoup travaillé avec l’équipe depuis l’an dernier, explique le champion du monde 2009. Il sait comment nous travaillons durant un week-end de course. Il va bien évidemment devoir apprendre certaines choses sur le tas, mais je suis sûr qu’il s’en sortira. »

Injustement cantonné à un ingrat rôle de pilote de développement cette saison alors qu’il avait écrasé le championnat de GP2 l’an dernier, Vandoorne se voit offrir l’opportunité unique de démontrer à tout le paddock, et aux dirigeants de McLaren en premier lieu, qu’il était déjà suffisamment armé pour débuter cette saison 2016 dans la peau d’un titulaire. Premier belge à évoluer au plus haut niveau du sport automobile depuis le peu convaincant Jérôme d’Ambrosio lors du Grand Prix d’Italie 2012, l’ancien pilote ART va tenter de faire oublier l’espace d’un week-end l’absence forcément handicapante du fer de lance du projet McLaren-Honda. Remplaçant au pied levé d’Alonso l’an dernier en Australie, son ancien rival en Formule Renault 3.5 Magnussen n’avait même pas eu l’occasion de défendre ses chances en course la faute à une casse moteur. Mais contrairement au Danois, Vandoorne pourra s’appuyer sur une M4-31 nettement plus performante pour tenter de briller dans la nuit de Sakhir.

Andrea Noviello

Stoffel Vandoorne Bahreïn 2016
Stoffel Vandoorne remplacera Alonso ce week-end à Sakhir dans le baquet de la McLaren.
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