Nouveau système de qualification : marche arrière toute

Perez Ricciardo Raikkonen Australie 2016
Animées en Q1, les qualifications ont ensuite sombré dans le grotesque il y a 15 jours en Australie.
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Votée à l’unanimité par toutes les équipes du plateau après le fiasco de Melbourne, l’annulation du nouveau système de qualification n’a finalement pas été validée par la commission F1. Fermement opposés à ce format ridicule, les pilotes vont pourtant devoir encore se coltiner le « jeu des chaises musicales » ce week-end à l’occasion du Grand Prix de Bahreïn.

L’accord semblait pourtant faire l’unanimité. Au lendemain de la farce des premières qualifications de l’année à Melbourne, toutes les équipes s’étaient réunies afin de voter l’annulation pure et simple du nouveau format imaginé par les têtes pensantes de la Fédération Internationale de l’Automobile. Le système d’élimination toutes les 90 secondes du pilote le plus lent en piste avait connu un accueil glacial auprès des fans sans compter que le spectacle fut loin d’être étourdissant dans les rues de l’Albert Park. Doux euphémisme. Alors qu’il était censé offrir d’avantage d’incertitude dans l’établissement de la grille de départ, ce neuvième système de l’histoire a surtout réussi à rajouter un peu plus d’incompréhension de l’esprit de spectateurs déjà pas aidés par une réglementation de plus en plus alambiquée.

Véritable fiasco tant auprès des puristes que des pilotes, ce quatrième format en dix ans devait ainsi s’effacer au profit de l’ancienne procédure utilisée depuis 2006. Soumis à la validation définitive de la Commission F1, ce projet de changement n’a finalement pas abouti, la faute à une FIA pas très enclin à abandonner aussi rapidement un système qu’elle a elle-même veillé à instaurer. Confrontés à une seule option lors du vote, l’instance dirigeante a proposé aux équipes d’adopter une solution hybride avec une Q1 et une Q2 version 2016 tandis que la Q3 reprendrait le format 2015, les teams managers n’ont ainsi pas eu d’autres choix que de conserver le nouveau système, Red Bull et McLaren rejetant fermement la proposition émise par l’autorité régulatrice.

La colère des pilotes

« Nous allons de nouveau voir à l’œuvre le format de qualification version 2016 ce week-end après une première loin d’être impressionnante, se désole le patron de la compétition chez Mercedes Toto Wolff. L’opinion des équipes n’était clairement pas positive le dimanche matin à Melbourne. Nous ne sommes pas parvenus à trouver le bon format avec ce changement et il paraît difficile d’imaginer que la séance qualificative puisse être plus passionnante pour les fans ce week-end à Bahreïn. » Tout aussi réfractaires à la conservation d’un format qui ne correspond en rien à leur philosophie d’une vraie séance qualificative, les pilotes sont également montés au créneau pour dénoncer avec véhémence l’absurdité de l’actuel système.

Si certains ont préféré la jouer politiquement correct afin d’échapper au courroux de la FIA, d’autres n’ont pas hésité à tirer à boulets rouges sur l’instance dirigeante et son mode de gouvernance anachronique. Le GPDA (Association des Pilotes de Grand Prix), a notamment exprimé son très fort mécontentement à travers une lettre ouverte envoyée aux dirigeants de la discipline. « Nous avons l’impression que les récents changements survenus sur le plan sportif et technique, ainsi que certaines décisions concernant l’aspect commercial, sont non seulement perturbateurs, mais ne répondent pas aux problèmes les plus importants rencontrés par notre sport, avance son président Alexander Wurz. Dans certaines situations, ils pourraient même mettre en péril l’avenir de la Formule 1. Les pilotes sont arrivés à la conclusion que le processus décisionnel en F1 est obsolète, mal structuré et empêche le progrès. »

« Revenir à ce système n’est pas une bonne chose »

Autre cible privilégiée de ces attaques, le patron de la FOM (Formula One Management) Bernie Ecclestone a tenu à apporter son soutien aux pilotes, même si le grand manitou de la catégorie reine ne cache pas en coulisses son désir de voir les qualifications prendre un tout autre visage à l’avenir. Outre l’ubuesque idée de déterminer la grille de départ des Grand Prix grâce à un tirage au sort, « l’oncle picsou de la F1 » a proposé au paddock de revenir au format utilisé jusqu’à l’an dernier sous réserve de rajouter une pénalité de temps au poleman en fonction de son résultat lors de la course précédente. Clairement pas convaincus par la nouvelle suggestion de l’ancien boss de Brabham, pas plus qu’ils ne le sont des idées soumises par le président de la FIA Jean Todt, les pilotes vont pourtant devoir de nouveau se coltiner le jeu des « chaises musicales » à Sakhir.

Déjà très virulent à Melbourne après le piètre spectacle proposé aux spectateurs de l’Albert Park, Sebastian Vettel n’a gère été plus complaisant envers les dirigeants de la F1, soulignant avec son tranchant habituel l’incapacité criante de l’instance régulatrice à reconnaître ses erreurs et à réellement écouter les doléances des fans. « Je suis aussi déçu que la majorité des gens de voir cette formule revenir, regrette le quadruple champion du monde. Si vous tenez une boutique, votre boulot c’est de faire ce que veulent les clients. Pas l’inverse. On ne peut pas être fiers de cette décision. Revenir à ce système alors que tout le monde est contre n’est vraiment pas une bonne chose. » Grotesques en Australie, les qualifications devraient encore sombrer dans le ridicule ce week-end à Bahreïn en espérant toutefois fois que cette deuxième tentative soit belle et bien la dernière.

Andrea Noviello

Lewis Hamilton qualification Melbourne 2016
Lewis Hamilton a obtenu la pole position à quatre minutes de la fin de la séance en Australie.
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