Son palmarès étriqué (6 victoires, 2 pole positons, 13 podiums) ne donne qu’un bien maigre aperçu de l’impact qu’il a pu laisser sur une discipline rapidement tombée sous le charme de cette gueule d’ange au tempérament de feu. En seulement six saisons passées au plus haut niveau, Gilles Villeneuve a conquis une estime et une reconnaissance que nombre de ses congénères n’ont jamais pu atteindre en plusieurs décennies. Car l’homme était entier. Le pilote, admirablement généreux. Avec lui, c’était toujours tout ou rien. Mais jamais ennuyant. Apôtre du spectacle, prince du dépassement, maître des dérobades contrôlées, le Québécois n’avait pas son pareil pour dynamiter un peloton et électriser un Grand Prix trop tôt promis à un scénario lénifiant. Définition même de la flamboyance, Villeneuve a fait souffler, 67 courses durant, un véritable vent de folie sur une Formule 1 marquée au fer rouge par les exploits répétés de cet acrobate du volant. Vénéré pour son courage, admiré pour son sens inconditionné de la loyauté, celui qui a érigé le numéro 27 au rang de mythe a surtout réussi la prouesse de rendre un sport autrefois boudé par ses compatriotes totalement incontournable dans l’esprit des Canadiens. Théâtre de son tout premier succès en catégorie reine il y a de cela déjà quarante ans, le Canada ne pouvait dès lors pas se soustraire à un hommage vibrant de son héros trop tôt disparu. Autant la démonstration de son fils Jacques au volant de la sublime Ferrari 312 T3 fut émouvante, autant la course qui allait suivre fut d’une infinie tristesse comme si avec le poids des ans l’héritage de « l’aviateur » s’était définitivement étiolé, abandonnant la F1 au triste sort dans lequel elle s’est, elle-même, empêtrée. Esprit de Gilles où es-tu ?
Andrea Noviello
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