Lewis Hamilton
Le prince de Montréal n’aura été que l’ombre de lui-même ce week-end. Absent des débats en qualification comme en course, Lewis Hamilton est reparti du Canada sans la tête du championnat du monde, mais avec des interrogations plein la tête lui qui avait déjà connu pareil trou d’air deux mois plus tôt en Chine. Parti à la faute à deux reprises en Q3 dans l’exercice des qualifications, l’Anglais a surtout vu Bottas le devancer à la régulière sur un tracé où il avait pourtant pris l’habitude de régner sans partage (6 poles entre 2007 et 2017) par le passé. Parvenu à contenir les assauts de Ricciardo et de Räikkönen au départ, le pilote Mercedes gère bien sa relance au 5ème passage, mais doit très vite conjuguer avec des pertes de puissance de son groupe propulseur. Capable de se maintenir malgré tout à portée de tir de Verstappen devant lui (2 secondes d’écart), le natif de Stevenage voit alors ses gommes arrière surchauffer, ce qui l’oblige à un arrêt anticipé à son box dès la 17ème boucle. Ressorti équipé de pneus supertendres, le Britannique perd son duel à distance vis-à-vis de Ricciardo, l’Australien ayant profité d’un pit-stop opéré un tour plus tard pour griller la politesse à la flèche d’argent flanquée du numéro 44, et se montre même incapable de tenir le rythme de « Smiling ». Visiblement agacé par la stratégie employée par son écurie, le quadruple champion du monde reprend légèrement du poil de la bête ce qui lui permet de conserver, d’extrême justesse, l’avantage sur la Ferrari de Räikkönen lorsque « Ice-Man » effectue enfin son changement de pneus au 33ème passage. Autorisé à utiliser la pleine puissance de son moteur en fin d’épreuve afin de recoller à Ricciardo, le fer de lance de la firme à l’étoile opère la jonction vingt tours plus tard sans toutefois jamais réussir à inquiéter la Red Bull. Fade cinquième sous le drapeau à damier, Hamilton abandonne les commandes du classement pilotes à Vettel et laisse (de nouveau) transparaître une certaine résignation dès lors que les événements ne tournent pas en sa faveur. Gare au relâchement.
Kimi Räikkönen
À sa décharge le Finlandais ne bénéficiait pas, comme son coéquipier Vettel, de la dernière version du V6 turbo-hybride Ferrari. Il n’a également pas été aidé en course par une écurie jamais avare en bourdes stratégiques le concernant, ses ingénieurs le rappelant bien trop tardivement à son box alors qu’il avait fait le nécessaire sur la piste pour prendre la mesure d’Hamilton. Mais autant pénalisé soit-il par son statut de porteur d’eau à Maranello, Kimi Räikkönen n’a strictement rien démontré sur les rives du Saint-Laurent pour justifier un changement de traitement de la part des décideurs de la Scuderia. Coupable d’une erreur largement évitable en qualification qui le condamne à s’élancer d’une lointaine cinquième place sur le grille de départ, le champion du monde 2007 s’est, en outre, tiré une belle balle dans le pied en se laissant avaler au moment de l’extinction des feux par la Red Bull de Ricciardo. Dans l’incapacité de tenter la moindre offensive sur l’Australien, le Nordique lâche une seconde par tour à son voisin de garage et leader Vettel au point de concéder près de quinze secondes de retard à son chef de file au bout du 17ème tour. Débarrassé du bouchon Ricciardo une boucle plus tard, le pilote Ferrari prend alors le pari de repousser un maximum son changement de pneus. Un choix à priori gagnant, mais qui va finalement s’avérer perdant, la faute à un arrêt bien trop tardif au 33ème passage. Reparti juste derrière la Mercedes d’Hamilton, « Ice-Man » ne va alors faire illusion dans le sillage de la flèche d’argent que l’espace de quelques tours avant de totalement perdre le contact avec le fer de lance de la firme à l’étoile. En roue libre dans les derniers tours, Räikkönen achève sa bien triste prestation montréalaise à près de trente secondes du vainqueur Vettel et perd surtout une belle occasion de marquer les esprits en vue de 2018 alors que la menace Leclerc ne cesse de s’épaissir au-dessus de sa tête. En danger.
McLaren
En plein renouveau, tout du moins sur le plan de la fiabilité, depuis l’entame de cette saison 2018, McLaren a subi un nouveau camouflet à Montréal deux semaines après s’être déjà passablement loupé à Monaco. Relativement performantes le vendredi en essais libres, les monoplaces orange ont subitement dégringolé dans la hiérarchie samedi lors des qualifications, se montrant même plus lentes que la modeste Sauber de Leclerc. Quatorzième sur la grille, Fernando Alonso ne gagne aucune place au départ, mais va profiter d’une relance mouvementée au 5ème tour pour se hisser en onzième position. Rapidement sur les talons de ce même Leclerc, l’Espagnol tente alors de surprendre le débutant sans toutefois parvenir à ses fins. Faute de trouver l’ouverture en piste, « Nando » joue la tactique de « l’undercut » dans la 19ème boucle et réussit, cette fois, à se débarrasser du Monégasque. Sa joie sera toutefois de courte durée, une rupture d’échappement au 42ème passage le contraignant à renoncer pour la deuxième fois en deux Grand Prix. Guère mieux qualifié que son glorieux coéquipier, il décroche le quinzième chrono dans l’exercice de la vitesse pure, Stoffel Vandoorne a, au contraire de l’Ibère, vu l’arrivée, mais à une indigne seizième position. Victime indirecte de l’accrochage entre Stroll et Hartley, le Belge crève sur les débris ce qui le contraint à stopper inopinément à son box dès la fin du 1er tour. Reparti chaussé de supertendres, le champion 2015 de GP2 va alors éprouver toutes les peines du monde à remonter dans la hiérarchie. Régulièrement huit dixièmes au tour plus lent que son voisin de garage, le natif de Courtrai se signalera uniquement par un maigre dépassement sur la Sauber d’Ericsson dans la 26ème boucle avant qu’un second passage par les boxes au 49ème tour ne le fasse repasser derrière le Suédois. La crise couve toujours à Woking.
Lance Stroll
Éclipsé par son coéquipier Sirotkin à Monaco, le local de l’étape avait l’occasion de se racheter sur ses terres et devant un public (presque) entièrement acquis à sa cause. Au lieu de ça, Lance Stroll a donné du grain à moudre à ses détracteurs en se fendant d’une nouvelle bourde dont il a le secret dès le 1er tour de cette septième manche de la saison. Entré très moyennement dans son week-end à domicile, il termine derrière son voisin de garage en libres 1 et en libres 3 sans compter un contact plus qu’appuyé sur le célèbre mur des champions le vendredi matin, le pilote Williams n’a pas franchement redressé la barre à l’occasion de la séance qualificative, échouant même dès la Q1 à une piteuse dix-septième place. Propulsé un rang plus haut sur la grille de départ par la pénalité infligée à Gasly, le Montréalais exécute un très bel envol qui lui permet de gagner trois places au détriment de Vandoorne, Alonso et Hartley. Ce sera son seul fait d’armes de l’après-midi. Attaqué sur l’extérieur par le pilote Toro Rosso à l’amorce du virage 5, le champion 2016 de Formule 3 en demande trop à une monoplace lourdement chargée en carburant et perd subitement l’arrière de sa FW41 alors que le Néo-Zélandais a entamé sa manœuvre de dépassement. Parti en dérive contre les barrières Tecpro, le Canadien entraîne avec lui le malheureux Hartley pour un crash impressionnant qui se conclura quelques mètres plus loin dans une zone de dégagement asphaltée. Contraint de mettre pied à terre pour la première fois en 2018, Stroll continue de décevoir course après course et se montre incapable d’enrayer l’infernale chute dans laquelle est plongée la mythique écurie britannique alors qu’il était pourtant censé endosser le costume de leader à Grove après sa saison d’apprentissage l’an dernier aux côtés de Massa. Déprimant.
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