Course : Bottas le Finlandais volant

Valtteri Bottas course Autriche 201
Au terme d'une course maîtrisée de bout en bout, Valtteri Bottas remporte son deuxième succès en F1.
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Porté par un envol à la limite de la régularité, Valtteri Bottas a remporté le Grand Prix d’Autriche, neuvième manche de la saison 2017 de Formule 1. Jamais réellement menacé dans les collines verdoyantes de Spielberg, le pilote Mercedes empoche le deuxième succès de sa carrière et se replace dans la course au titre. Arrivé dans les roues du Finlandais, Sebastian Vettel décroche une belle deuxième place et consolide son avance au championnat sur un Lewis Hamilton seulement quatrième en Styrie derrière la Red Bull de Daniel Ricciardo.

Deux semaines seulement après le feu d’artifice de Bakou, le retour sur terre est brutal. La comparaison désespérément défavorable. Quand le premier Grand Prix d’Azerbaïdjan de l’histoire avait offert aux fans un vainqueur surprise (en la personne de Daniel Ricciardo) et moult rebondissements, la course autrichienne s’est cantonnée à une interminable et lénifiante procession dans le cadre bucolique du Red Bull Ring. Rien ni personne n’est allé dans le sens du spectacle lors de cette neuvième étape de la saison 2017. Pas même le ciel autrichien alors que la pluie avait longtemps été annoncée (ou espérée) ce dimanche après-midi. Excepté le mini-chaos du départ provoqué par un Daniil Kvyat quelque peu distrait sur le coup et qui sera fatal au duo Fernando Alonso-Max Verstappen, aucun élément n’est venu redonner vie à une course complètement amorphe et rendue stérile par l’incapacité des pilotes à se dépasser sur les terres de la marque au taureau.

Régulièrement saluée par les observateurs et même les pilotes depuis l’ouverture de la saison en Australie, la nouvelle réglementation a peut-être (lourdement) touché ses limites sur l’insipide tracé de Zeltweg au même titre que les toujours aussi médiocres pneumatiques Pirelli. Sujettes à un énorme « blistering » (phénomène de cloques sur les gommes) dans les collines verdoyantes de Spielberg, les enveloppes italiennes ont annihilé toute envie d’attaque et cantonné l’ensemble du paddock à un train-train d’1h21 sans la moindre saveur. Passé au travers d’une (possible) pénalité à la suite d’un départ que certains de ses adversaires jugeront trop beau pour être vrai, le poleman Valtteri Bottas n’aura jamais eu à réellement forcer sa cadence et son talent pour empocher la deuxième victoire de sa carrière en Formule 1. Intouchable dans la première moitié du Grand Prix, le Finlandais s’est ensuite contenté de gérer le retour de son dauphin Sebastian Vettel pour signer au nez et à la barbe de « Baby-Schumi » (l’Allemand coupant la ligne à seulement six dixièmes de la flèche d’argent) la cinquième victoire d’une Mercedes cette saison.

Un départ polémique

« J’ai réussi le départ de ma vie, affirme le natif de Nastola. Je ne pense pas l’avoir volé. J’ai certes pris beaucoup de risques, mais lorsque ma voiture a bougé les feux étaient éteints. Concernant la course, j’ai une impression de déjà-vu. En Russie j’avais déjà dû résister à Sebastian sur la fin. Les retardataires ne m’ont pas facilité la tâche. Je suis donc heureux du dénouement. Et je suis d’autant plus satisfait que ce résultat me permet de recoller au championnat. La saison est encore longue et j’estime toujours pouvoir remporter le titre. » Déjà le plus fort la veille dans l’exercice du tour chronométré, Valtteri Bottas se sera également montré souverain au cours d’un Grand Prix où sa seule crainte (et encore) aura été de savoir si la direction de course emmenée par l’indécrottable Charlie Whiting allait (ou non) le sanctionner pour son envol supersonique. Car la mise en action du pilote Mercedes fut un modèle de précision et de réactivité. À peine les feux s’étaient-ils éteints que le Finlandais volant bondissait de son emplacement pour virer en tête dans le premier virage.

Spectateur privilégié de ce départ stratosphérique, Vettel ne peut que s’incliner devant le tour de force de son adversaire même s’il lui est difficile d’admettre la légalité de la manœuvre. « J’ai été un peu distrait, car de mon point de vue Bottas a volé le départ, accuse le quadruple champion du monde. Normalement les temps de réactions sont autour de deux dixièmes. Sa réaction n’était pas humaine. » Positionné juste derrière la flèche d’argent de Bottas sur la grille, Kimi Räikkönen s’extirpe relativement bien de son emplacement, mais doit lui aussi laisser filer un pilote, en l’occurrence la Red Bull de Daniel Ricciardo. Légèrement tassé vers l’extérieur à l’épingle du virage Remus, « Ice-Man » voit même la Haas de Romain Grosjean s’infiltrer à la quatrième place. Une joie de courte durée pour le Français. Nettement plus rapide que le Tricolore, le champion du monde 2007 efface logiquement le natif de Genève dès le 3ème tour.

Hamilton limite les dégâts

Placé sous investigation des commissaires, le leader Bottas ne se laisse guère perturber par une éventuelle sanction. Au contraire le pilote Mercedes fait le forcing pour se prémunir de la menace Vettel. Une tâche dont il s’acquitte avec brio puisque le Finlandais compte déjà 2,6 secondes d’avance sur le leader du championnat au 7ème passage. Venu à bout de la Force India de Sergio Perez une boucle plus tôt, l’autre représentant de la firme à l’étoile, Lewis Hamilton, ne met qu’un tour de plus pour effacer la Haas de Grosjean. Désormais débarrassé des seconds couteaux, l’Anglais peut alors s’atteler à rejoindre un quatuor de tête (Bottas-Vettel-Ricciardo-Räikkönen) qui restera inchangé jusqu’aux changements de pneus. Logiquement sanctionné d’un drive-through pour son strike du départ, Kvyat effectue, de son côté, sa deuxième traversée de la voie des stands, le Russe s’étant arrêté à la fin du 1er tour pour changer son aileron-avant, au moment où l’écart entre les deux leaders grimpe à 4,5 secondes.

Clairement pas en mesure de suivre le rythme imprimé par la Mercedes de Bottas, Vettel choisit pourtant de rester sur la stratégie à un arrêt prédéfinie par les stratèges de la Scuderia. Un choix également opéré par Hamilton même si à la différence de l’Allemand, le triple champion du monde va, lui, anticiper son passage par les boxes. Alors que son pari pneumatique (le Britannique s’élançant en supertendres) aurait normalement dû lui permettre de s’arrêter bien après les hommes de tête (équipés eux d’ultratendres), le natif de Stevenage marque son premier et unique pit-stop au 32ème passage. Le dessein de l’Anglais est clair. Bloqué depuis plusieurs boucles derrière la Ferrari de Räikkönen, Hamilton espère chiper la quatrième place à « Ice-Man » et ainsi poursuivre sa remontée vers le podium. Pas dupes, les têtes pensantes de Ferrari maintiennent le Finlandais en piste et appellent l’autre monoplace rouge de Vettel au 35ème tour. Calqué sur la stratégie de Ricciardo, l’Australien ayant marqué son arrêt un tour plus tôt, le natif d’Heppenheim conserve facilement sa deuxième place et sait désormais pouvoir s’appuyer sur un léger avantage en termes de performance.

Ricciardo reçu 5 sur 5

Déjà affectées par un problème de « blistering » en ultratendres, la Mercedes du leader Bottas souffre encore plus rapidement de cloques une fois celle-ci chaussée de supertendres au 42ème passage. Le mal touche également l’autre flèche d’argent d’Hamilton qui doit réfréner ses ardeurs tout en tentant de limiter l’écart le séparant de l’autre Ferrari de Räikkönen. « Ma voiture n’était pas bien équilibrée, concède le triple champion du monde. Mais au final ces problèmes de blister étaient plus impressionnants à voir que gênant d’un point de vue pilotage. » Rassuré sur l’état de fraîcheur de ses gommes par son équipe, Hamilton peut alors lancer son offensive. Passé devant « Ice-Man » à la faveur du changement de pneus du Finlandais au 45ème tour, le pilote Mercedes part à la chasse du troisième Ricciardo. Après quelques boucles d’observation, le triple champion du monde enchaîne les meilleurs tours en course et fond sur la Red Bull de l’Australien.

La jonction est opérée à trois tours de la fin. Appâté par la troisième marche du podium, Hamilton ose un dépassement par l’extérieur à l’amorce du virage 4 dans l’avant-dernière boucle. Sans succès. Cramponné à son bien, Ricciardo repousse l’offensive du pilote Mercedes malgré son déficit en vitesse de pointe (l’Anglais ayant eu recours à son DRS) et s’en va décrocher sa cinquième arrivée consécutive dans le top 3. « La course a été très fun, apprécie Smiling. Ce fut serré sur la fin avec Lewis, mais je suis resté ferme sur mes points de freinage habituels pour ne pas le laisser passer. Décrocher un podium à domicile c’est vraiment cool. Voir tous ces fans agiter des drapeaux Red Bull est toujours enthousiasmant. » Guère plus en réussite que son principal rival au championnat dans sa quête de dépasser Bottas, le pilote Ferrari échouant finalement dans les roues de la Mercedes sur la ligne d’arrivée, Vettel repart néanmoins d’Autriche avec une marge portée à vingt points sur Hamilton. Soit quasiment une victoire d’avance avant de se rendre sur les terres de l’Anglais à Silverstone le week-end prochain.

Andrea Noviello

Daniel Ricciardo course Autriche 2017
Daniel Ricciardo conquiert sur les terres de Red Bull son 5ème podium consécutif cette saison.
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