Valtteri Bottas
Sa deuxième place arrachée sur le fil à Stroll en Azerbaïdjan avait laissé un petit goût d’inachevé après sa bévue du départ avec Räikkönen. Cette fois, Valtteri Bottas n’a pas commis la moindre faute dans un week-end où tous les espoirs de Mercedes reposaient sur lui. Solide comme un roc, le Finlandais s’est montré irréprochable en qualification comme en course, remplissant à merveille son rôle de numéro un bis au sein de l’écurie triple championne en titre. Devancé lors de chaque séance libre par son coéquipier Hamilton, le natif de Nastola a d’abord réussi à mater le Britannique (et tous ses adversaires) dans l’exercice si périlleux du tour chronométré, décrochant au passage sa deuxième pole de l’année après celle récoltée à Bahreïn. Il a ensuite éteint toutes velléités de la part des pilotes Ferrari dès le départ en réalisant une mise en action démoniaque. Intraitable lors du premier relais, le protégé de Didier Coton se bâtit une avance confortable de près de six secondes sur son dauphin Vettel en l’espace de 20 tours ce qui lui permet d’aborder avec sérénité la valse des changements de pneus. Maintenu en piste pendant les arrêts de ses principaux rivaux, le pilote Mercedes continue d’imprimer un rythme très soutenu à la course jusqu’à son propre pit-stop au 42ème passage. Chaussé de gommes supertendres, le champion 2011 de GP3 se débarrasse deux boucles plus tard de la Ferrari de Räikkönen et reprend son cavalier seul devant. Ralenti par des problèmes de « blistering », le Nordique voit son pécule sur Vettel fondre au fil des tours pour tomber sous la seconde dans l’avant-dernière boucle. Resté de marbre face à la menace de l’Allemand, le remplaçant de Nico Rosberg coiffe pour six petit dixièmes (soit le même écart que lors de son précédent triomphe russe) sa deuxième victoire en F1. Mieux, en inscrivant des points pour la huitième fois en neuf courses, Bottas se relance dans la course au titre en recollant à 35 unités du leader du championnat Vettel. Le troisième homme, c’est lui.
Sebastian Vettel
Épargné par la FIA après son coup de sang Azerbaidjanais, Sebastian Vettel se savait attendu (et surveillé) sur les terres de son ancien employeur Red Bull. Il n’a pas déçu. Si l’Allemand n’a pas su profiter de la pénalité de son principal rival Hamilton pour glaner un quatrième succès cette saison, le pilote Ferrari a tout de même réussi à conforter son avance (20 points) sur le Britannique au championnat. Battu d’un souffle par Bottas en qualification, il échoue à seulement 42ème millièmes du Finlandais, le quadruple champion du monde a également perdu de justesse son face-face avec le pilote Mercedes en course, ralliant l’arrivée avec un débours de six dixièmes sur le vainqueur du jour. Troublé par l’envol stratosphérique de son adversaire, le fer de lance de la Scuderia met quelques tours à réellement rentrer dans son Grand Prix, gaspillant bêtement son énergie en « chouinant » à la radio. Rapidement distancé par le natif de Nastola, il compte 4,5 secondes de retard au bout du 11ème tour, l’ancien protégé d’Helmut Marko s’offre une petite frayeur au 20ème passage en sortant un peu large dans le dernier virage. Revenu en piste sans le moindre dégât (merci les run-off), « Baby-Schumi » continue de perdre du terrain sur le leader Bottas, mais parvient à conserver une marge confortable sur la Red Bull de Ricciardo. Appelé à son box afin de troquer ses gommes ultratendres contre des supertendres dans la 35ème boucle, soit un tour seulement après l’Australien, l’ex-pilote Red Bull repart le couteau entre les dents bien décidé à recoller sur Bottas. S’il lâche de nouvelles secondes à la flèche d’argent dans un premier temps, la figure de proue de Maranello comble progressivement son retard à mesure que les gommes du Finlandais se dégradent. De 4,5 secondes au 47ème tour, le gap entre les deux hommes chute à seulement 1,2 seconde vingt boucles plus tard, laissant à l’Allemand l’(infime) espoir de ravir les commandes au pilote de la firme à l’étoile. Malheureusement comme en Russie trois mois plus tôt, Vettel coupe la ligne d’arrivée dans les échappements du Finlandais en deuxième position. Rageant, mais de bon augure pour la suite.
Romain Grosjean
Écœuré par le comportement erratique de sa Haas à Bakou, Romain Grosjean a retrouvé le plaisir de piloter dans les montagnes autrichiennes. Et cela s’est vu. Bien que coupable de deux grosses erreurs en qualification, dont un jardinage du plus bel effet dans les graviers, le Tricolore a réussi la prouesse de classer sa rétive VF-17 à la septième place derrière les trois grandes forces du plateau. Privé de la fin de la séance par une défaillance électrique, le natif de Genève n’a pas eu à ressasser bien longtemps ce énième problème technique. Car sa course sera des plus enthousiasmantes. Crédité d’un bon envol, le Français tire habillement parti de l’affrontement entre Ricciardo et Räikkönen dans Remus pour subtiliser la quatrième place au Finlandais dans le 1er tour. Capable de se maintenir deux boucles durant devant le champion du monde 2007, le pilote Haas finit logiquement par céder aux assauts d’« Ice-Man » au 3ème passage. Obligé également de s’incliner cinq tours plus tard face à la bien plus rapide Mercedes d’Hamilton, l’ancien protégé d’Éric Boullier rétrograde en sixième position, un rang qu’il va occuper pendant quasiment tout le reste du Grand Prix. Suffisamment véloce pour ne pas être inquiété par les Force India derrière lui, le champion 2011 de GP2 prolonge son premier relais jusqu’au 37ème passage avant de sacrifier au changement de pneus obligatoire. Reparti en supertendres derrière la Williams de Massa, l’ex-pilote Lotus attend sagement l’arrêt du Brésilien au 48ème tour pour récupérer sa sixième place. Touché lui aussi par le phénomène du « blistering », le fer de lance de l’écurie américaine parvient tout de même à rallier l’arrivée dans le même tour que le vainqueur Bottas, une performance uniquement accomplie par les trois tops teams. Magnifique sixième sur la ligne d’arrivée, Grosjean signe en Autriche son meilleur résultat de la saison et effectue un bon en avant au classement en grimpant, à égalité avec Stroll et Hulkenberg, à la onzième place du championnat. Rassurant.
Daniel Ricciardo
Le sourire le plus contagieux du paddock n’en finit plus de partager sa pratique du « shoey ». Alors qu’il avait vécu un début d’année compliqué et terni par deux abandons sur problèmes mécaniques (Australie–Russie), Daniel Ricciardo a empilé sur les terres de son employeur son cinquième podium consécutif depuis Barcelone. Régulièrement tapé par son coéquipier Verstappen dans l’exercice du tour chronométré ces dernières semaines, l’Australien a repris l’ascendant sur son voisin de garage en Autriche en s’adjugeant le cinquième chrono de la séance qualificative. Bombardé sur la quatrième place de la grille grâce à la pénalité d’Hamilton, le pilote Red Bull en a fait bon usage. Mieux parti que les deux Ferrari devant lui, le natif de Perth se laisse enfermer au premier virage par Räikkönen, avant de prendre l’avantage sur le champion du monde 2007 dans Remus au pris d’une manœuvre virile, mais correcte. Installé en troisième position, le protégé d’Helmut Marko ne va dès lors plus quitter cette place jusqu’au baisser du drapeau à damier. Capable de se maintenir à porter de tir (3 secondes) de Vettel lors de son premier relais, le vice-champion 2010 de F3.5 éprouve en revanche plus de difficulté à suivre la cadence imprimée par les leaders une fois équipé de pneus supertendres au 34ème passage. Bien que jamais réellement distancé par la Ferrari devant lui (il terminera à un peu plus de cinq secondes de l’Allemand), l’ex-pilote HRT perd progressivement du terrain et voit la menace Hamilton grossir dangereusement dans ses rétros en vue de l’arrivée. Attaqué par le triple champion du monde dans l’avant-dernier tour, « Smiling » résiste brillement au Britannique et s’en va quérir sa quatrième troisième place en cinq Grand Prix. Fort de quinze nouveaux points au compteur, Ricciardo consolide son quatrième rang au championnat vis-à-vis de Räikkönen et met son encombrant coéquipier Verstappen à 62 longueurs derrière lui. En pleine réussite.
Andrea Noviello
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