Propulsé en tête de l’épreuve par l’arrêt catastrophique de Daniel Ricciardo, Lewis Hamilton n’a pas laissé passer l’occasion de triompher lors du Grand Prix de Monaco, sixième manche de la saison 2016 de Formule 1. Le triple champion du monde met fin à une série de huit courses sans succès, coiffant la 44ème victoire de sa carrière devant l’Australien de chez Red Bull et la Force India de l’épatant Sergio Perez.
24 mai 2015. Auteur la veille d’une pole position autoritaire, il colle plus de trois dixièmes à son coéquipier chez Mercedes Nico Rosberg, Lewis Hamilton réalise un festival en course depuis l’extinction des feux près d’une heure et demie plus tôt. Nanti d’une confortable marge de 20 secondes sur l’autre pilote de la firme à l’étoile, le double champion du monde semble se diriger tout droit vers son deuxième succès en Principauté. Malheureusement pour le Britannique, le violent accrochage entre le débutant Max Verstappen et le Français Romain Grosjean va complètement bouleverser le scénario d’une course jusque-là limpide. Rentré à son box opérer un deuxième changement de pneus qu’il pensait sans conséquences, le natif de Stevenage chute à la troisième place et perd bêtement une victoire qui n’aurait jamais dû revenir à Rosberg.
Dépité sur le podium, Hamilton lâche tout de même en conférence de presse d’après Grand Prix une phrase témoignant l’envie de revanche de l’Anglais. « Je reviendrais ici l’an prochain pour gagner cette course ». Un an plus tard, force est de constater que le pilote Mercedes a joint les actes à la parole. Débarrassé du bouchon Rosberg après 16 tours, le fils d’Anthony a ensuite su merveilleusement profiter de l’arrêt au stand cataclysmique du leader Daniel Ricciardo pour s’emparer de la tête de la course et ne plus la lâcher. Resté jusqu’au bout inflexible face à la pression de l’Australien, Hamilton coiffe sa deuxième victoire en Principauté après celle conquise en 2008 au volant d’une McLaren. « Grâce à Dieu tout s’est passé comme je l’espérais aujourd’hui, confie le fils d’Anthony. J’ai prié pour avoir une journée comme celle-ci et elle est enfin arrivée. Gérer les pneus pendant 47 tours fut particulièrement délicat, mais heureusement ils ne se sont dégradés que dans les derniers tours quand j’avais course gagnée. »
Rosberg hors du coup
Seulement troisième sur la grille après avoir connu de nouveaux soucis avec son moteur en qualification, Hamilton a, comme l’ensemble de ses camarades, dû se résoudre à s’élancer sous régime de voiture de sécurité en raison de la pluie qui s’abattait sur le circuit au moment du départ. Ridiculeusement précautionneuse, la direction de course va même faire patienter le peloton pendant sept tours avant de finalement lâcher les fauves. Si les gros bras négocient bien le départ lancé, il n’en va pas de même pour Jolyon Palmer piégé comme un débutant par un passage piéton sur la ligne droite des stands. Le carton du champion 2014 de GP2 provoque immédiatement la neutralisation du Grand Prix sous régime de voiture de sécurité virtuelle. Jenson Button, Kevin Magnussen, Daniil Kvyat et Felipe Nasr en profitent pour se débarrasser de leurs gommes maxi pluie.
Devant, le leader Ricciardo se détache avec une facilité déconcertante de son dauphin Nico Rosberg, l’Allemand éprouvant toutes les peines du monde à suivre le rythme imprimé par le pilote Red Bull. Bloqué par son coéquipier, Hamilton perd un temps considérable et il faudra l’intervention du pit-wall de Mercedes au 16ème tour, l’écurie demandent au vice-champion du monde 2015 de s’effacer, pour enfin permettre au natif de Stevenage d’entamer sa remontée sur l’Australien. Toujours aussi traître dans des conditions de piste pluvieuse, le tracé princier voit entre temps Kimi Räikkönen endommager son aileron avant dans le virage du Loews. Reparti avec un museau chancelant, le pilote Ferrari abandonnera finalement à la chicane du port après avoir traîné son aileron avant dans toute la descente du portier, le Finlandais passant tout près de causer la perte de Romain Grosjean, et sous le tunnel.
Verstappen encore à la faute
La piste s’asséchant progressivement depuis l’interruption de la pluie, plusieurs pilotes, à l’instar de Sebastian Vettel ou de Fernando Alonso, décident d’anticiper leur arrêt au stand afin de changer leurs gommes. Parti depuis les stands après son spectaculaire crash de la veille en qualification, Verstappen opte également pour les intermédiaires. Un choix que le jeune prodigue néerlandais va bonifier grâce à son exceptionnel sens du dépassement. Après s’être offert le scalp de Nasr à la chicane au 19ème passage, le pilote Red Bull élimine tour à tour Magnussen, Wehrlein et Button. Revenu en 9ème position, l’Hollandais est de nouveau victime de sa fougue dans la 36ème boucle, le natif d’Hasselt allant fracasser sa RB12 dans le rail à Massenet. Si la course vient de perdre son principal animateur, elle a également pris une toute autre tournure quelques tours pus tôt lors du deuxième changement de pneus des leaders.
Appelé à son box une boucle après Hamilton, l’indéboulonnable leader Ricciardo s’arrête au 33ème tour, mais perd tout le bénéfice de son excellent début de Grand Prix à cause d’une énorme bourde de ses mécaniciens. Alors que la grande majorité du plateau a déjà opté pour les pneus secs, ces derniers attendent l’Australien avec des gommes intermédiaires avant de se rendre compte de leur erreur. Trop tard, le mal est fait. Le natif de Perth ressort au bout de 13,5 interminables secondes juste derrière Hamilton. La course la plus mythique du calendrier vient de lui échapper. Malgré une constance pression sur le Britannique et quelques tentatives à la sortie du tunnel, jamais Ricciardo ne parviendra à récupérer la tête. « Cela fait mal, témoigne dépité le pilote flanqué du numéro 3. Ces pneus auraient dû être prêts puisque c’est l’équipe qui m’a demandé de rentrer. La victoire m’échappe pour la deuxième fois d’affilée alors que je n’ai rien à me reprocher. Peu importe les conditions, j’étais le plus rapide ici et le résultat ne le montre pas. »
L’exploit de Perez
Les deux premières places ne pouvant plus échapper à Hamilton et Ricciardo, seule la troisième marche du podium offre encore un peu de suspense à cette fin de Grand Prix. Crédité d’une stratégie parfaite, Sergio Perez occupe le 3ème rang depuis la 32ème boucle, mais voit la Ferrari de Vettel revenir dangereusement sur lui. Le Mexicain ne s’en laisse toutefois pas compter. Capable comme toujours de merveilleusement économiser ses gommes, le pilote Force India répond au quadruple champion du monde, reprenant même le large dans les derniers tours. Une nouvelle fois opportuniste, Perez résistera jusqu’au bout au natif d’Heppenheim, décrochant le 6ème podium de sa carrière. « Je suis très heureux, révèle Checo. L’équipe a effectué un superbe travail au niveau de la stratégie. C’est une journée incroyable pour nous. Décrocher mon troisième podium avec l’équipe à Monaco et surtout dans ces conditions est très spécial. Je veux dédier ce podium à Vijay Mallya. »
Sevré de succès depuis l’acquisition de son titre l’an dernier à Austin, Lewis Hamilton renoue enfin avec la victoire à Monaco au terme d’un Grand Prix où il n’aura pas commis la moindre erreur. Injustement privé de la plus haute marche du podium en 2015, le Britannique tient sa revanche en Principauté cette saison, décrochant non sans un brin de réussite la 44ème victoire de sa carrière en F1. Pas épargné par les ennuis mécaniques et les critiques depuis l’ouverture du championnat, le triple champion du monde offre la plus belle des réponses et lance définitivement une saison qui jusque-là ne lui avait pas beaucoup souri.
Andrea Noviello
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