Course : Hamilton à qui gagne perd

Lewis Hamilton course Abou Dhabi 2016
Malgré son opération bouchon, Lewis Hamilton abandonne sa couronne mondiale à Nico Rosberg.
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Dos au mur avant la finale du championnat, Lewis Hamilton a rempli sa part du contrat en remportant facilement le Grand Prix d’Abou Dhabi dernière manche de la saison 2016 de Formule 1. Resté toute la course sur un faux-rythme afin de favoriser le retour des Ferrari et des Red Bull sur son coéquipier Nico Rosberg, l’Anglais n’est toutefois pas parvenu à conserver sa couronne mondiale. Deuxième à Yas Marina devant la Ferrari de son compatriote Sebastian Vettel, Rosberg coiffe son premier tire de champion du monde 34 ans après son père Keke.

Le malicieux stratagème était sorti mercredi de la bouche d’un Christian Horner toujours aussi prompt à mettre le feu aux poudres dans les rangs d’une équipe rivale. Arrivé jusqu’aux oreilles du clan Mercedes, ce plan machiavélique consistant à vouloir volontairement ralentir le peloton de tête afin de favoriser un retour des autres voitures sur les flèches d’argent avait suscité l’unanimité des acteurs de la firme à l’étoile. Contre lui. Même le principal intéressé, Lewis Hamilton, avait balayé d’un revers de la main cette tactique à double tranchant prétextant que le tracé de Yas Marina et ses deux zones DRS ne se prêtaient pas vraiment à ce petit jeu du chat et de la souris. Mais les événements de course en sa défaveur ont fini par inciter le triple champion du monde à s’y risquer. Son deuxième passage par les stands à peine effectué, qu’Hamilton ralentissait déjà sensiblement la cadence. Il restait alors plus de 25 tours à couvrir.

Pas dupe du stratagème employé par le Britannique, Mercedes intimait plusieurs fois à son pilote l’ordre d’augmenter son rythme. Sans succès. Ni son ingénieur personnel Peter Bonnington, ni le directeur technique de l’écurie Paddy Lowe ne parvenaient à faire infléchir le natif de Stevenage. Malicieux, Hamilton freinait ostensiblement son coéquipier Rosberg dans le dernier secteur avant de reprendre le large à l’entame du tour suivant. Les efforts de l’Anglais seront toutefois vains. Sebastian Vettel et Max Verstappen n’ayant jamais réellement pu menacer le fils de Keke, le champion du monde en titre a dû se contenter d’une 53ème victoire en carrière bien inutile à Abou Dhabi. « J’ai fait tout ce que j’ai pu aujourd’hui, déplore le pilote flanqué du numéro 44. On ne peut simplement pas gagner à tous les coups. Je ne comprends pas pourquoi l’équipe m’a demandé d’accélérer de la sorte. Je n’ai rien fait de dangereux. J’étais en tête donc je contrôlais le rythme. J’avais un championnat à jouer. C’était entre Nico et moi. »

Verstappen souffle le froid et le chaud

Sorti vainqueur la veille de son ultime confrontation avec l’Allemand dans l’exercice du tour chronométré, Hamilton n’a pas tremblé au moment de s’extraire de sa position de pointe à l’extinction des feux. Crédité, lui aussi, d’un envol idyllique, Rosberg s’est sagement rangé derrière la flèche d’argent frappée du numéro 44 à l’amorce d’un premier virage qui aura coûté cher aux deux pilotes Red Bull. Pénalisés par leurs choix stratégiques, les deux hommes ayant décidé de prendre le départ chaussé de pneumatiques supertendres, Daniel Ricciardo et Max Verstappen ont chacun connu une mise en action pour le moins laborieuse. Si l’Australien s’en est tiré à moindre mal en ne cédant que sa troisième place à Kimi Räikkönen, le Néerlandais a concédé bien plus qu’une simple position dans le premier enchaînement du tracé d’Abou Dhabi. Mal parti, le fils de Jos a voulu coûte que coûte résister à l’attaque de Nico Hulkenberg au risque d’y laisser des plumes.

La sanction fut immédiate pour le jeune prodigue. Envoyé en tête-à-queue par son contact avec le flanc de la Force India, le natif d’Hasselt voit tout le peloton lui passer devant. Ses chances de podium sont déjà très fortement compromises. Mais le bouillant pilote Red Bull n’est pas vraiment du genre à se laisser abattre par ce type de contrariété. Reparti bon dernier le couteau entre les dents, le Batave profite la nervosité de l’arrière-garde, Kevin Magnussen et Pascal Wehrlein se télescopent dans le virage 8, pour grimper au 19ème rang dès la fin du 1er tour. Le début d’une folle remontée. Si devant le leader Hamilton adopte d’entrée un rythme de sénateur devant la Mercedes sœur de Rosberg et la Ferrari de Räikkönen, Verstappen n’amuse pas la galerie. En six tours, le protégé d’Helmut Marko a déjà gagné dix places et occupe le 12ème rang. Pas forcément très animée, à l’exception bien sûr de la remontée du feu follet hollandais, cette dernière course de la saison compte pourtant déjà deux voitures en moins.

Fin amère pour Button

Après Magnussen victime d’une rupture de suspension suite à son contact du premier tour, Valtteri Bottas vient s’ajouter à la liste des abandons dans cette même 6ème boucle pour une raison identique. Devant, le leader Hamilton lance, en compagnie de Räikkönen, la valse des changements de pneus au 7ème passage. Bien que gêné par l’arrivée dans la pit-lane de la Ferrari du champion du monde 2007, l’Anglais reprend logiquement les commandes du Grand Prix lorsque, deux tours plus tard, son coéquipier s’arrête lui aussi à son box troquer ses pneus ultratendres contre des tendres. Désormais, son dauphin ne s’appelle plus Rosberg, mais bien Verstappen. Facilement venu à bout de la Renault de Jolyon Palmer à l’épingle et de la McLaren de Jenson Button qui finira par renoncer au 12ème passage, le fils de Jos a parfaitement su tirer parti du passage par les stands de ses adversaires pour venir se placer entre les deux Mercedes. Contraint de revoir sa stratégie après son erreur du départ, le Batave a en effet choisi de prolonger un maximum son premier relais.

Idéale pour Hamilton, la présence de Verstappen entre les flèches d’argent est en revanche loin de ravir l’autre pilote de la firme à l’étoile Rosberg. Averti par radio de la potentielle menace que peut représenter pour lui le Néerlandais, le natif de Wiesbaden se décide à aller chercher la deuxième place du pilote Red Bull. Volontairement prudent lors de sa première tentative au 10ème passage, le vice-champion du monde 2015 se montre nettement moins timoré onze boucles plus tard au moment de retenter sa chance. Après avoir essuyé une fin de non recevoir comme toujours très virile du Batave dans la première chicane, Rosberg profite d’une meilleure réaccélération en sortie de virage pour disposer du pilote Red Bull à l’amorce de la seconde chicane. « Max est bien le dernier pilote que vous avez envie de doubler, confie à l’arrivée le fils de Keke. Mais quand mon ingénieur m’a dit qu’il fallait absolument le passer, alors j’y suis allé. »

Rosberg au nom du père

La menace Verstappen provisoirement écartée, le pilote Red Bull effectuant son unique pit-stop à la fin du 21ème tour, Rosberg n’est pas pour autant encore au bout de ses surprises. C’est que son triple champion du monde d’équipier Hamilton lui réserve encore quelques sueurs froides. La deuxième salve des changements de gommes n’ayant eu que pour seule conséquence de permettre à Ricciardo d’enfin prendre l’ascendant sur Räikkönen au jeu de « l’undercut »,  le natif de Stevenage met à exécution son plan à partir du 30ème passage. L’objectif est simple : favoriser le retour des Red Bull et des Ferrari sur son voisin de garage en adoptant volontairement un faux-rythme dans le dernier secteur. Le stratagème de l’Anglais provoque un branle-bas de combat sur le muret des stands Mercedes. Craignant un possible retour de Vettel en fin de course, l’Allemand n’étant pas encore repassé par la case box à ce moment là, la firme à l’étoile ordonne à son pilote d’accroître fortement sa cadence.

Sourd aux injonctions de son équipe, Hamilton provoque un petit regroupement derrière lui dont va surtout profiter Vettel. Repassé une dernière fois par son stand au 37ème passage, « Baby-Schumi » revient sur le trio de tête comme un boulet de canon. Après avoir tranquillement éliminé la Ferrari sœur de Räikkönen dans la 41ème boucle, le natif d’Heppenheim dispose également de la Red Bull de Ricciardo cinq tours plus tard. Ne reste alors plus qu’à venir à bout de Verstappen. Ce sera chose faite dans le 51ème tour au prix d’un dépassement autoritaire par l’extérieur. De nouveau rappelé à l’ordre par son équipe, Hamilton préfère tenter le coup jusqu’au bout. Malheureusement pour lui, son ralentissement excessif permet à Rosberg de profiter du DRS dans le dernier tour. Définitivement à l’abri d’une attaque de Vettel, l’Allemand peut savourer. Sa deuxième place lui offre 34 ans après son père Keke son premier titre de champion du monde. « C’est un sentiment fabuleux, car la course a été tellement intense, révèle le pilote Mercedes. Je suis fier d’avoir accompli la même chose que mon père. C’est un rêve d’enfant qui devient réalité. »

Andrea Noviello

Sebastian Vettel course Abou Dhabi 2016
Sebastian Vettel termine sa difficile saison 2016 sur une belle 3ème place à Abou Dhabi.
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