Course : Hamilton le stratège

Hamilton course Angleterre
Phénoménal de clairvoyance, Lewis Hamilton empoche la 38ème victoire de sa carrière.
Facebooktwitter

Surpris par les deux Williams à l’extinction des feux, Lewis Hamilton a étalé tout sa science de la course pour quérir le Grand Prix de Grande-Bretagne, neuvième manche de la saison de Formule 1. Inébranlable même lors de l’arrivée de la pluie, le Britannique s’impose devant son coéquipier Nico Rosberg et un Sebastian Vettel revenu de nulle part en fin d’épreuve.

Installé sur le podium des plus grands spécialistes du tour chronométré depuis la veille après avoir magistralement décroché la 46ème pole position de sa carrière, Lewis Hamilton n’avait qu’une idée en tête au moment de s’élancer pour son Grand Prix à domicile : remonter sur le célèbre strapontin, mais avec en ligne de mire cette fois-ci la place centrale, celle attribuée au vainqueur de la course. Privé de ce plaisir par son coéquipier Nico Rosberg à trois reprises lors des quatre dernières manches, le Britannique n’entendait pas laisser son dauphin au championnat venir troubler la quiétude d’un dimanche dont il se voyait déjà le héros de tout un peuple. Hélas pour le double champion du monde, la menace n’allait pas venir de l’autre flèche d’argent.

Oublié par les deux Williams au départ, le natif de Stevenage va rester bloqué en 3ème position pendant 20 tours avant d’opérer deux coups de maître stratégique. Un « undercut » parfait sur Massa au 19ème passage et un deuxième arrêt pile au moment de l’intensification de la pluie lui offriront son cinquième succès de la saison, le deuxième consécutif sur ses terres. « Pour la première fois de toute ma carrière en F1, j’ai pris l’option idéale pile au moment où il fallait le faire, se félicite le pilote flanqué du numéro 44. Je voyais la pluie s’intensifier et j’ai décidé de m’arrêter pour passer en pneus intermédiaires. Il n’y a rien de génial là-dedans, mais il ne s’agit pas non plus de pure chance. Je suis très heureux. J’ai failli pleurer dans le dernier tour en espérant pouvoir ramener la voiture en tête pour les fans. J’ai pu les apercevoir du coin de l’œil dans chaque virage et cela m’a énormément motivé. »

Chaos au départ

Installé tout en haut de la grille de départ, Hamilton connaît une mise en action poussive, tout comme son voisin de garage Rosberg, en raison d’un manque patent d’adhérence sur la première ligne. Parti comme une balle depuis sa troisième place, Felipe Massa élimine d’entrée les deux Mercedes et vire en tête au virage 1 suivi de près par son coéquipier Valtteri Bottas. Déterminé à récupérer au plus vite le terrain perdu, Hamilton plonge à l’intérieur du Finlandais de chez Williams à l’amorce du virage 4 et remonte à la deuxième place. Derrière, un Daniel Ricciardo un peu trop optimiste dans son freinage au virage 3 va être l’instigateur d’un véritable chaos dans le peloton. Poussé sur l’extérieur par la Red Bull de l’Australien, Romain Grosjean heurte involontairement la monoplace de son coéquipier Pastor Maldonado provoquant l’abandon des deux Lotus. La réaction en chaîne emmène également les deux McLaren à se heurter, poussant Jenson Button à renoncer quand Fernando Alonso pourra continuer après avoir opéré un changement d’aileron avant.

Grandes perdantes de cet envol mouvementé, les deux Ferrari de Kimi Räikkönen et de Sebastian Vettel ont respectivement chuté aux 6ème et 8ème places, dépassé notamment par un Nico Hulkenberg lui aussi auteur d’un départ époustouflant. Neutralisée pendant trois tours le temps d’évacuer les monoplaces des trois premières victimes du départ, la course est relancée à l’entame du 4ème passage et redistribue immédiatement les cartes. Désireux d’attaquer le leader Massa avant la dernière chicane, Hamilton se montre un peu trop optimiste au freinage et vire large au-delà du vibreur, laissant filer la deuxième Williams de Bottas. Tout aussi impétueux, Max Verstappen se laisse bêtement piéger par ses gommes froides lors du restart et part en tête-à-queue dans le virage 2 avant de taper en douceur le rail de sécurité. Contraint de renoncer, le Néerlandais porte le nombre de retraits à cinq en moins de cinq tours, Felipe Nasr n’ayant pas pris le départ en raison d’une défaillance de sa boîte de vitesse.

Williams pas récompensée

Regroupé en moins de deux secondes, le quatuor de tête Massa-Bottas-Hamilton-Rosberg sème rapidement le reste du peloton et se lance alors dans un duel psychologique qui va mettre à mal les nerfs des stratèges de l’écurie basée à Grove. Visiblement plus rapide que son coéquipier Massa, Valtteri Bottas se voit intimer l’ordre de ne pas attaquer le Brésilien et de privilégier le jeu d’équipe. Dans l’impossibilité de venir à bout des Williams, Mercedes choisit de rappeler Hamilton à la fin de la 19ème boucle. L’ «undercut » du Britannique fonctionne à merveille et propulse le double champion du monde en tête de la course deux tours plus tard après les arrêts de Massa, Rosberg et Bottas. Désormais débarrassé des machines anglaises, Hamilton augmente la cadence et se bâtit aisément un matelas de quatre secondes sur son dauphin Massa.

Pas aussi verni que l’ancien pilote McLaren au jeu des arrêts au stand, l’Allemand est ressorti en 4ème place, Nico Rosberg ne parvient toujours pas à prendre le dessus sur les Williams. Si la toute première application de la virtual safety-car, afin de dégager la Toro Rosso de Carlos Sainz contraint à l’abandon au 33ème tour, n’y changera rien, un coup de pouce du ciel débloquera finalement le Grand Prix de l’Allemand. Une fine pluie commence à humidifier l’ancien dernier secteur du tracé deux tours plus tard et offre au vice-champion 2014 l’opportunité d’enfin attaquer Bottas. Un dépassement d’une facilité déconcertante sur le Finlandais avant Maggots au 39ème tour, puis un autre sur Massa au 41ème passage propulse le fils de Keke à la 2ème position. Véritablement déchaîné, Rosberg reprend sept secondes à Hamilton en quatre tours avant que l’intuition stratégique gagnante de son voisin de garage au 44ème tour et l’intensification de la pluie ne viennent définitivement figer les positions à l’avantage de l’Anglais.

Vettel sauvé des eaux

Rentré à son box chausser les pneus intermédiaires au même moment que le leader du championnat, Sebastian Vettel a, quant à lui, opéré un spectaculaire retour aux avant-postes, passant d’un modeste 6ème rang à une inespérée 3ème place au nez et à la barbe d’une écurie Williams toujours aussi brouillonne en matière de stratégie. « Sans la pluie, nous ne serions pas sur le podium aujourd’hui, concède volontiers le pilote Ferrari. Nous avons gardé la tête froide, attendant que la pluie s’intensifie. Nous avons pris la bonne décision, nous sommes rentrés au bon moment. » Moins vernie que l’Allemand en matière de stratégie, Kimi Räikkönen perdra tout le bénéfice de sa bonne première moitié de course en s’arrêtant trop tôt monter les intermédiaires et terminera son pénible fin de Grand Prix au 8ème rang. Plus habile que le natif d’Espoo dans ces conditions aléatoires, Daniil Kvyat ponctuera sa jolie après-midi à la 6ème place échouant à huit petits dixièmes du 5ème Bottas.

Fin stratège et brillant attaquant, Lewis Hamilton empoche à Silverstone sa 5ème victoire de la saison et remet les pendules à l’heure après son revers autrichien. Prophète en son pays pour la troisième fois de sa carrière, le Britannique porte son avance sur son dauphin Rosberg à 17 points au championnat et emmagasine le plein de confiance avant d’entamer un de ses autres rendez-vous préférés de la saison dans trois semaines en Hongrie.

Andrea Noviello

Inexistant en début de course, Sebastien Vettel a profité de la pluie pour s'inviter de nouveau sur le podium.
Inexistant en début de course, Sebastian Vettel a profité de la pluie pour s’inviter sur le podium.
Facebooktwitter

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*