Intouchable dans son jardin de Silverstone, Lewis Hamilton a facilement remporté le Grand Prix de Grande-Bretagne, dixième étape de la saison 2016 de Formule 1. Le Britannique empoche au terme d’une nouvelle démonstration de force la 47ème victoire de sa carrière devant le jeune prodigue Max Verstappen et son coéquipier chez Mercedes Nico Rosberg.
Sorti éreinté d’une saison 2015 où il aura enchaîné les succès en piste et les voyages tout autour de la planète, Lewis Hamilton a entamé la 67ème saison de l’histoire de la F1 dans la droite lignée de sa fin de championnat dernier. Sans doute un peu moins concentré sur son sujet depuis la conquête à Austin de sa troisième couronne mondiale, le pilote Mercedes a laissé son principal ennemi prendre confiance pendant qu’il accumulait de son côté les pépins techniques. Trahi à deux reprises par sa mécanique en qualification, le Britannique avait dû attendre le rendez-vous monégasque pour enfin regoûter à la victoire. Depuis, le natif de Stevenage a accumulé trois autres succès en quatre Grand Prix faisant passé son écart sur Nico Rosberg de 43 unités au soir de la course de Sotchi à un petit point après son nouveau triomphe à domicile.
Déjà dominateur la veille dans son exercice favori des qualifications, le fils d’Anthony a poursuivi sa démonstration ce dimanche en marquant cette dixième manche de la saison 2016 de son empreinte. Déconcertant de facilité lors des premiers tours sous la pluie, Hamilton a ensuite tranquillement gérer son affaire pour s’imposer, sans réellement forcer son talent, une quatrième fois sur ses terres. « Je ne sais pas si l’on peut être aussi heureux que moi, révèle le pilote portant le numéro 44. Gagner ici est toujours vraiment spécial, surtout avec ce public incroyable. La météo était typiquement anglaise et il a fallu attaquer d’emblée sans commettre d’erreur. Ce n’était pas facile et je n’ai jamais vraiment pu relâcher. Ce Grand Prix est ce que nous avons de mieux au calendrier. Voir le soutien des fans dans les tribunes fut un vrai bonheur. Au championnat je réduis mon retard sur Nico donc je vais continuer à me battre. »
Simulacre de départ
Fortement annoncée depuis le début du week-end, la pluie aura finalement bien joué son rôle lors de cette manche anglaise même si la Fédération Internationale de l’Automobile a comme toujours refusé de prendre ses responsabilités au moment du départ. Si un déluge s’est abattu sur Silverstone à trente minutes de l’extinction des feux, le soleil avait effectué sa réapparition depuis un long moment lorsque Charlie Whiting décida de lancer ce Grand Prix de Grande-Bretagne derrière la voiture de sécurité. Après cinq tours ridicules passés à faible allure, le peloton est enfin lâché au 6ème passage avec le poleman Hamilton devant toute la meute. Preuve de l’excessive prudence de l’instance dirigeante, une bonne partie du plateau profite de l’entrée dans la voie des stands de la safety-car pour se jeter dans la pit-lane. Les deux Ferrari, Carlos Sainz, Nico Hulkenberg ou encore Fernando Alonso montent déjà les gommes intermédiaires. Passé lui aussi par les box, Pascal Wehrlein ne va pas profiter longtemps de son coup de poker stratégique.
Piégé par une flaque à l’entrée du premier virage, le premier d’une très longue série, l’Allemand perd le contrôle de sa Manor avant de partir en aquaplanning et de se tanquer dans le bac à gravier. Encore une fois trop précautionneuse, la monoplace du petit protégé de Mercedes étant bloquée très loin de la piste, la FIA active la virtual safety-car, annihilant ainsi l’option de tous les pilotes ayant pris le pari de s’arrêter précipitamment à leur stand. Trop heureux de bénéficier de ce coup de pouce du destin, le leader Hamilton passe à son tour les pneus intermédiaires, suivi comme son ombre par Rosberg et Max Verstappen. Stoppé une boucle plus tôt à son box, l’autre pilote Red Bull Daniel Ricciardo perd une place au profit de Sergio Perez, le Mexicain tirant habillement parti de son pit-stop anticipé pour grimper en 4ème position. Déjà conséquent avant cette première salve de changement de pneus, l’écart entre les deux flèches d’argent de tête s’accentue encore davantage au profit d’Hamilton.
Ferrari boit la tasse
Comme à Monaco un mois et demi plus tôt, Rosberg éprouve toutes les peines du monde à tenir la cadence de son triple champion du monde d’équipier sous la pluie. Pire, le fils de Keke se montre même incapable de résister au retour de l’enfant prodigue de la F1 Verstappen. Revenu comme un boulet de canon sur la Mercedes de l’Allemand, le Néerlandais humilie le natif de Wiesbaden dans Chapel en le dépassant par l’extérieur au 16ème passage. Groggy le vice-champion du monde 2015 encaisse difficilement ce coup, mais va pouvoir cette fois compter sur l’aide d’une météo britannique décidemment bien fluctuante. La piste ayant définitivement séchée, les pilotes regagnent leur box pour monter les pneus secs. De nouveau initiée par les pilotes de Maranello, cette deuxième vague de changement de gommes ne sourit pourtant pas particulièrement à la Scuderia. Inexplicablement effacé depuis l’extinction des feux, Sebastian Vettel se laisse lui aussi piéger par la rigole du premier virage, partant dans un très esthétique 360° au 18ème tour.
L’après-midi calvaire du natif d’Heppenheim se prolongera jusqu’au bout, Vettel ne récoltant qu’une très peu reluisante 9ème place sous le drapeau à damier. L’autre représentant de Ferrari se montrera à peine plus convaincant. 6ème pendant quasiment toute la course, Kimi Räikkönen opère finalement la jonction sur l’opportuniste Sergio Perez au 44ème passage, le Mexicain ayant profité des premiers arrêts pour passer devant le Finlandais et Ricciardo, avant de prendre le meilleur sur « Checo » trois boucles plus tard à la faveur d’une machine nettement plus performante sur piste sèche. Capable de tenir pendant plus de 20 tours la dragée à son adversaire direct, en l’occurrence Rosberg, Verstappen perdra lui aussi son face-à-face en raison d’une machine nettement moins rapide une fois le tracé complètement asséché. Au prix d’une défense toujours aussi rugueuse et à la limite de la sportivité, le Néerlandais repousse un long moment l’échéance puis finit par s’incliner au 38ème tour.
Rosberg sanctionné
L’écart entre les deux pilotes Mercedes avoisinant les 8,5 secondes à ce moment là, plus aucune incertitude ne règne sur l’identité du futur vainqueur pas plus que sur celle de son dauphin. Promis à une nouvelle deuxième place, Rosberg voit pourtant sa mécanique sérieusement s’enrayer au 47ème passage alors que se retard sur le leader Hamilton avait fondu pour descendre sous la barre des six secondes d’écart. Victime de la rupture partielle de sa boîte de vitesse, l’Allemand doit s’appuyer sur l’aide de ses ingénieurs pour terminer le Grand Prix. S’il franchit bien le drapeau à damier à la seconde place, le natif de Wiesbaden sera rétrogradé sur la troisième marche après l’arrivée pour avoir enfreint la réglementation en matière de conversation radio. « La situation était vraiment critique, se justifie Nico. J’étais coincé en septième et j’étais à deux doigts d’abandonner. J’avais besoin de régler ce problème. »
De nouveau intouchable dans son royaume de Silverstone, Lewis Hamilton coiffe en Angleterre la 47ème victoire de sa carrière en Formule 1, la troisième consécutive sur ses terres. Impressionnant de maîtrise sous la pluie, le Britannique a ensuite parfaitement joué sa partition sur le sec pour s’imposer aisément devant l’autre monoplace de la firme à l’étoile, même si Rosberg sera déclassé après le drapeau à damier, et le prodigue de chez Red Bull Verstappen. Innarrêtable depuis son succès monégasque, le triple champion du monde recolle à un point de son voisin de garage au classement pilote et se positionne comme le grand favori à sa propre succession dans la quête du titre de champion du monde 2016.
Andrea Noviello
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