Autoritaire au départ, Lewis Hamilton a facilement remporté le Grand Prix du Japon, quatorzième épreuve de la saison de Formule 1. De retour au sommet après le fiasco de Singapour, le Britannique rejoint son idole Ayrton Senna avec 41 succès en s’imposant devant l’autre Mercedes de Nico Rosberg et la Ferrari de Sebastian Vettel.
Roi des qualifications depuis le début de la saison, Lewis Hamilton s’était laissé piéger par l’exigeant tracé de Suzuka lors de son premier run en Q3. Déjà auteur d’un gros blocage de roue à l’épingle qui l’avait obligé à élargir sa trajectoire, le pilote Mercedes avait encore lâché quelques dixièmes dans la dernière chicane du circuit en voulant compenser son erreur initiale. Repoussé à 76 minuscules millièmes de son coéquipier Nico Robserg à l’issue de sa tentative, le double champion du monde savait qu’un deuxième tour rapide sans faute le propulserait pour la douzième fois de la saison en pole position. Hélas pour lui, le spectaculaire accident de Daniil Kvyat en fin de séance l’empêcha de conclure son tour, l’obligeant ainsi à se contenter de cette deuxième place sur la grille.
Déjà devancé par son voisin de garage l’an dernier au Japon, même si Rosberg avait cette fois-ci dominé Hamilton à la régulière, le natif de Stevenage ne s’était pas privé pour infliger une leçon au vice-champion 2014 en course après l’avoir dépossédé de son leadership au terme d’un splendide dépassement par l’extérieur. Le fils d’Anthony n’aura cette année même pas attendu la fin du premier tour pour annihiler tous les espoirs de victoire de son coéquipier. Une mise en action parfaite, un dépassement autoritaire dans le deuxième virage et une promenade de santé plus tard, Hamilton coiffe la 41ème victoire de sa carrière, rejoignant l’immense Ayrton Senna au palmarès. « Je suis tellement heureux, clame Lewis. Il était important pour nous de revenir au sommet après Singapour. Égaler le nombre de victoires d’Ayrton Senna à Suzuka est quelque chose de très émouvant. Je me souviens que je le regardais courir sur ce circuit à la télévision quand j’étais jeune.»
Rosberg loupe le coche
Placé du côté sale de la piste, Hamilton réalise pourtant un très bel envol qui le place immédiatement à la hauteur de son coéquipier Rosberg à l’amorce du premier virage. Pas décidé à s’incliner aussi facilement, l’Allemand tente de résister à l’extérieur, mais va être gentiment poussé en dehors de la piste par un Hamilton très autoritaire sur le coup. Obligé de lever le pied pour éviter un nouvel accrochage qui ferait tâche dans le giron Mercedes, le natif de Wiesbaden perd deux places dans l’opération, Sebastian Vettel très bien parti à l’extinction des feux et Valtteri Bottas profitant de la légère excursion hors piste du fils de Keke pour se faufiler devant lui dans les « S » de Senna. Très souvent hôte de départ mouvementé, Suzuka n’a pas failli à sa réputation en 2015 puisque Daniel Ricciardo, pourtant crédité d’un très joli envol, et Felipe Massa allait s’auto-éliminer avant même le premier virage sur un contact qui occasionnera une crevaison à chacun des deux pilotes.
Relégué en 4ème position, Rosberg accuse 3,3 secondes de retard sur l’autre Mercedes pilotée par Hamilton à la fin du premier tour et voit ses chances de victoire d’ores et déjà compromises. Victime de la fougue de Carlos Sainz au départ, Sergio Perez est, à l’instar du duo Ricciardo-Massa, contraint de passer à son box dès la fin du premier tour afin de soigner sa Force India blessée. 10ème après avoir fait le ménage dans le premier virage, le pilote Toro Rosso élimine son compatriote Fernando Alonso à l’entame du 4ème tour avant que Felipe Nasr n’exécute la même manœuvre sur l’autre McLaren de Jenson Button pour le gain de la 12ème place. Desservi par le manque flagrant de cavalerie offert par son V6 Honda, le « Taureau des Asturies » cède deux boucles plus tard à l’attaque de la deuxième Sauber de Marcus Ericsson et chute au 11ème rang. Grand bénéficiaire de ces premiers tours mouvementés, le Suédois perd tout le bénéfice de son bon début de Grand Prix en commettant la même erreur que la veille dans Spoon.
Undercut à gogo
Passé au travers de toutes les embûches à l’extinction des feux, Nico Hulkenberg pointe en 8ème position, mais ne parvient pas à menacer les deux Lotus de Romain Grosjean et de Pastor Maldonado devant lui. Conscient que seul un coup stratégique lui permettra de se débarrasser des monoplaces noires et or, le pilote Force India tente le pari de l’undercut en stoppant au 11ème tour. L’option de l’Allemand s’avère payante puisque ni le Français ni le Vénézuélien ne pourront repartir devant le vainqueur des 24 Heures du Mans après leur arrêt respectif. Propulsé au 2ème rang après les changements de gommes de Vettel et Bottas, Rosberg tente à l’inverse de prolonger son premier relais pour venir à bout du pilote Williams. Hélas pour le natif de Wiesbaden, ses efforts seront vains puisqu’il repart derrière le Finlandais au sortir de son arrêt au stand au 16ème passage.
Avantagé par des pneus beaucoup plus frais que ceux du champion 2011 de GP3, Rosberg dépasse le natif de Nastola la boucle suivante à la suite d’un joli dépassement dans la dernière chicane du circuit. La menace Bottas éliminée, le fils de Keke peut alors s’attaquer à Vettel tandis que devant Hamilton poursuit sa promenade de santé fort d’une avance de dix secondes sur le pilote Ferrari. Auteur d’une première moitié de course héroïque au volant d’une McLaren toujours aussi peu performante, Alonso parvient à résister un long moment aux assauts de Max Verstappen avant de finalement céder dans la 23ème boucle, non sans avoir lâché un cinglant « moteur de GP2 » à son motoriste Honda à la radio. Cantonné au 5ème rang depuis le début du Grand Prix, Kimi Räikkönen choisit lui aussi le pari de l’undercut en stoppant pour la deuxième fois au 29ème tour. Bloqué jusque-là derrière Bottas, le champion du monde 2007 vient à bout du pilote Williams quand celui-ci opère à son tour son deuxième arrêt une boucle plus tard.
Ébouriffant Verstappen
Rappelé au même moment à son box par son écurie, Rosberg bénéficie lui aussi de ce coup stratégique pour prendre le meilleur sur Vettel lorsque le pilote de la Scuderia s’arrête au 31ème tour. Les huit premières places étant désormais figées, seule la bataille pour les derniers points va encore offrir un peu de suspense à cette manche nippone. Revenu de la 17ème à la 10ème place après une nouvelle remontée exceptionnelle, Max Verstappen ramarre son coéquipier Sainz avant de le doubler facilement à la chicane, s’offrant ainsi une incroyable 9ème place à l’arrivée. « Je me suis bien amusé dans cette course, confie le Néerlandais. J’ai réussi des dépassements difficiles, mais pas impossibles. La lutte à trois de front avec Button et Nasr m’a rappelé celle entre Schumacher et Hakkinen encadrant Zonta à Spa. J’ai ensuite pu passer Carlos à la fin grâce à mes pneus plus tendres, car nous savions que nous étions tous les deux dans les points. »
De retour dans la lumière après le couac de Singapour, Lewis Hamilton enlève à Suzuka son 8ème succès de la saison au terme d’une nouvelle démonstration de force. Seul au monde au Japon, le Britannique renforce sa première place au championnat et compte désormais 48 points d’avance sur son plus proche poursuivant Nico Rosberg. Les 41 victoires de son idole Ayrton Senna égalées, le pilote Mercedes peut dorénavant s’atteler à la conquête d’une troisième couronne mondiale qui le propulserait à la hauteur du mythique champion brésilien au palmarès.
Andrea Noviello
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