Course : Hamilton vainc le signe indien

Lewis Hamilton course Brésil 2016
Lewis Hamilton surpasse le grand Alain Prost en remportant au Brésil sa 52ème victoire en Formule 1.
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Imperturbable en dépit des quatre interventions de la voiture de sécurité et du double arrêt sous drapeau rouge, Lewis Hamilton a enlevé le Grand Prix du Brésil, vingtième manche de la saison 2016 de Formule 1. Leader d’un bout à l’autre de la course, le Britannique décroche son premier succès en terre brésilienne et prolonge par la même occasion le suspense dans l’attribution du titre mondial. Deuxième à Interlagos, Nico Rosberg conserve une confortable marge de douze points sur le triple champion du monde avant la grande finale d’Abou Dhabi dans deux semaines.

Épargné pendant deux jours par les caprices de sa météo, même si quelques gouttes sont tombées lors des qualifications, l’Autodrome José Carlos Pace aura finalement eu droit à sa traditionnelle douche du mois de novembre. Annoncée avec insistance par la société météorologique officielle de la catégorie reine, attendue avec impatience par tous les adversaires de Mercedes, celle que les Brésiliens appellent la « chuva » a bien déversé ses flots sur ce vingtième rendez-vous de la saison. Au plus grand plaisir d’un Lewis Hamilton toujours rayonnant lorsque le ciel s’assombrit. À deux reprises cette saison (Monaco, Silverstone), l’Anglais avait tournait autour de son coéquipier Nico Rosberg sur le mouillé pour s’imposer de manière magistrale.

Le scénario s’est une nouvelle fois répété au Brésil, même si l’Allemand aura surtout veillé à rallier l’arrivée d’un Grand Prix très arrosé et pour le moins chaotique (Quatre interventions de la voiture de sécurité et deux drapeaux rouges). De son côté, Hamilton n’a jamais eu à forcer son talent, trop esseulé qu’il était en tête pour subir la moindre petite once de pression. Sa seule frayeur, et encore le mot est fort, il l’aura connu en début de course lorsque son nouveau casque aux couleurs de celui de son idole Ayrton Senna laissait l’eau s’infiltrer à l’intérieur au risque de brouiller sa vision.  Un changement de heaume et une démonstration de classe plus tard, le triple champion du monde accrochait enfin son premier succès au Brésil. « Ce fut une course très facile, révèle le pilote flanqué du numéro 44. Peut-être la moins compliquée à gérer de ces dix dernières années. Je n’ai pas rencontré le moindre problème et il ne s’est rien passé. Je suis le chasseur et je vais donc tout donner jusqu’à la fin. »

Grosjean boit la tasse

Devenu la norme à la moindre averse en piste, merci Charlie Whiting et sa bande d’incompétents made in FIA, le départ derrière la voiture de sécurité priva une nouvelle fois le public de la phase la plus exaltante d’un Grand Prix. Celle qui avait poussé tant de Brésiliens à venir se masser dans les tribunes désuètes de l’Autodrome José Carlos Pace. Au lieu de ça, les spectateurs ont eu droit à une insipide procession de sept tours derrière la safety-car, entrecoupée par d’incessantes pleurnicheries à la radio de ceux que l’on qualifiait autrefois comme les meilleurs du monde, avant que la direction de course ne daigne enfin lâcher la bride aux pilotes. Malgré ses problèmes de visière, Hamilton réussit un départ lancé parfait. L’Anglais emmène un peloton déjà amputé de Romain Grosjean, le pilote Haas étant parti dans le mur lors de son tour de mise en grille, mais prêt à en découdre après s’être trop longtemps vu « castrer » par la présence inutile de Bernd Mayländer.

Si le leader du championnat Rosberg se laisse volontairement une petite marge de sécurité derrière Hamilton afin de ne pas être complètement aveuglé par les projections d’eau du Britannique, tous ne font pas montre de la même prudence. Après Kevin Magnussen à l’entame du 8ème tour, Jenson Button, Fernando Alonso, Felipe Massa ou encore Valtteri Bottas s’arrêtent à leur box troquer leurs gommes maxi-pluie contre des intermédiaires. Le pari semble osé d’autant que l’intensité de la pluie ne faiblit guère et que le futur ex-pilote Haas Esteban Gutierrez s’est déjà laissé piéger par l’adhérence précaire de la piste. Le tête-à-queue de Sebastian Vettel au 11ème passage sonne comme un deuxième avertissement. Il ne restera pas sans suite. Deux tours plus tard, Marcus Ericsson fracasse sa Sauber dans le dernier virage, contraignant la direction de course à ressortir la voiture de sécurité. Passé juste derrière le Suédois, Verstappen saute sur l’occasion pour plonger dans la voie des stands et monter, lui aussi, les intermédiaires.

Une direction de course dépassée

L’autre pilote Red Bull Daniel Ricciardo l’imite dans la foulée sans savoir que la voie des stands venait d’être fermée. Il écopera quelques minutes plus tard d’une pénalité de cinq seconde. Neutralisé pendant six interminables tours, le Grand Prix reprend finalement ses droits dans la 20ème boucle. Du moins le croit-on. Victime d’aquaplanning en pleine ligne droite des stands, Räikkönen perd le contrôle de sa SF16-H et part dans un terrifiant tête-à-queue à pleine vitesse. Cette fois, la FIA décide d’interrompre le Grand Prix, le temps de dégager la Ferrari du Finlandais et de nettoyer les nombreux débris qui jonchent la piste. L’attente sera longue. Très longue. Après plus de trente minutes d’interruption, les F1 se replacent derrière la voiture de sécurité pour huit nouveaux tours de procession à vitesse (très) modérée. Déjà écœuré par ce qui n’est, jusque-là, qu’une mascarade de course, le public brésilien laisse éclater sa colère quand Charlie Whiting décide de nouveau d’arrêter ce vingtième rendez-vous de la saison sous drapeau rouge.

Les sifflets fusent dans les tribunes tandis que certains pilotes, Hamilton et Bottas en tête, expriment leur incompréhension par radio. La luminosité commençant réellement à décliner, personne ne voit alors le Grand Prix reprendre. Mais l’image déplorable envoyée par la F1 au monde entier pousse la FIA à revoir sa position. La manche brésilienne est finalement relancée derrière la voiture de sécurité, encore, avec toujours Hamilton en chef de file. Malin, l’Anglais ralentit ostensiblement la meute avant la relance au 32ème tour dans l’espoir de voir son coéquipier piégé par ce diable de Verstappen. Le stratagème fonctionne à merveille. Le Néerlandais oublie littéralement le pilote Mercedes grâce à une manœuvre de toute beauté dans la Curva do Sol. Si Vettel assure aussi le spectacle dans le milieu du peloton en remontant de la quatorzième à la neuvième position en l’espace de cinq tours, tous les regards se tournent vers Verstappen et ses trajectoires d’école inspirées du karting.

Le show Verstappen

Capable de se maintenir à 1,6 secondes de l’inflexible leader Hamilton, le fils de Jos se paye pourtant une belle chaleur au 38ème passage lorsqu’il manque d’envoyer sa RB12 dans le rail avant la remontée finale. Resté in extremis devant Rosberg, le Batave ignore alors que ses dernières chances de victoire vont bientôt s’envoler. Rarement aussi peu inspirée dans ses stratégies, Red Bull rappelle au stand ses deux pilotes dans les 40ème et 43ème afin de chausser une nouvelle fois les gommes intermédiaires. Relativement probant en début de course, ce choix se révèle cette fois désastreux. Verstappen et Ricciardo font illusion l’espace de quelques tours avant que les conditions en piste ne les poussent à repasser par la case box. Désormais débarrassé de toute opposition, le duo Mercedes Hamilton-Rosberg peut respirer. Plus personne ne viendra les inquiéter. Nanti d’une confortable marge de 18,1 secondes sur le fils de Keke, l’Anglais doit pourtant repartir de zéro au 48ème tour suite au violent crash du héros local Felipe Massa dans le très piégeux dernier virage.

De retour en piste pour la quatrième fois, la voiture de sécurité neutralise les débats pendant sept nouveaux tours, à croire que la FIA en ait fait son chiffre fétiche, avant de s’effacer définitivement. Le show Verstappen peut alors commencer. Rejeté au 14ème rang après son troisième changement de pneus, le pilote Red Bull va réussir une fin de course prodigieuse agrémentée de quelques chefs d’œuvres de dépassement. Gutierrez, Wehrlein, Bottas, Ricciardo, Kvyat, Ocon, Nasr et Hulkenberg sont littéralement avalés par la fusée néerlandaise en seulement dix tours. Vettel, Sainz et enfin Perez n’opposeront guère une plus grande résistance au fils de Jos. Verstappen décroche à la force du poignet une troisième place inespérée eu égard à la désastreuse stratégie employée par Red Bull. « Je suis vraiment satisfait de mon Grand Prix, témoigne le protégé d’Helmut Marko. Il a fallu que je rattrape en piste les places perdues dans les stands. Je suis content d’avoir réussi de superbes dépassements pour revenir sur le podium. »

Andrea Noviello

Max Verstappen course Brésil 2016
Sidérant de culot sous la pluie, Max Verstappen signe une remontée phénoménale au Brésil.
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