Plus maître de son destin dans la course au titre, Lewis Hamilton s’est adjugé le meilleur chrono des qualifications du Grand Prix du Brésil. Intraitable tout au long de la séance, l’Anglais conquiert la 60ème pole position de sa carrière devant l’autre flèche d’argent de Nico Rosberg et la Ferrari de l’inoxydable Kimi Räikkönen.
Inspiré pendant toute sa jeunesse par les exploits d’Ayrton Senna, Lewis Hamilton entretient pourtant un rapport pour le moins particulier avec le Brésil et son circuit d’Interlagos. Si le Britannique avoue adorer le mythique Autodrome Carlos Pace, on ne peut pas réellement affirmer que la réciproque soit vraie. Passé par toutes les émotions sur les terres de son idole, le triple champion du monde a surtout connu moult désillusions à Sao Paulo. Privé d’un titre qu’il était plus difficile de perdre que de gagner en 2007 par Kimi Räikkönen, le natif de Stevenage y a également abandonné ses dernières chances de sacre trois ans plus tard en terminant derrière ses trois rivaux au championnat Fernando Alonso, Sebastian Vettel et Mark Webber. Pire en neuf participations, le fils d’Anthony n’a encore jamais apposé son nom au palmarès de l’épreuve pauliste.
Son seul fait d’arme se résumait jusqu’ici à une pole position en 2012, l’année où il aurait normalement dû s’imposer sans sa mésaventure dans les « S » de Senna, cela ne s’invente pas, avec un Nico Hulkenberg pour le moins maladroit. Depuis, l’Anglais a subi la domination de son coéquipier Nico Rosberg qui reste sur deux succès de rang à Interlagos. Obligé de réaliser un nouveau week-end parfait afin de prolonger ses chances de sacre jusqu’à Abou Dhabi, Hamilton a posé un premier jalon lors de la séance qualificative en décrochant la 60ème pole position de sa carrière, la onzième en 2016. « J’ai toujours eu un peu de mal sur ce tracé, consent le champion du monde en titre. Signer une deuxième pole ici me rend d’autant plus heureux. L’écart avec Nico est relativement faible, mais je me sentais vraiment à l’aise aujourd’hui. Je ne pouvais pas espérer de meilleur résultat en vue de la course. Demain je donnerais tout peut importe les conditions météos. »
Grosjean retrouve le sourire
Crédité du tour le plus rapide en 1’10’’736 lors de son ultime tentative en Q3, Hamilton est parvenu à faire la différence dans le troisième secteur, là même où l’an dernier il avait perdu son face-à-face avec son voisin de garage Rosberg dans l’exercice du tour chronométré. Battu pour 102 millièmes de seconde alors qu’il détenait encore le meilleur temps après le deuxième secteur, l’Allemand partira une troisième fois consécutive depuis la deuxième place sur la grille. Une position qui, si elle ne satisfait pas totalement le fils de Keke, n’entame pas pour autant ses ambitions avant le Grand Prix de demain. « C’est bien évidemment agaçant de perdre la pole pour si peu, confie le leader du championnat. Cependant comme on l’a bien vu cette année, il n’est pas nécessaire de s’élancer depuis la pole pour gagner une course. Je veux saisir la moindre opportunité. Je crois avoir déjà prouvé que je pouvais aussi signer de bons résultats sous la pluie. »
Extrêmement proche des deux flèches d’argent deux semaines auparavant à Mexico, la concurrence n’a cette fois-ci pas été en mesure venir menacer la firme à l’étoile. Le meilleur des autres, Kimi Räikkönen (3ème), échoue à plus de six dixièmes du poleman Hamilton. Un écart d’autant plus grand que le circuit brésilien développe seulement 4,309 km soit le plus faible total après Monaco (3,337 km). Dans l’œil du cyclone depuis le Mexique, Max Verstappen empoche le quatrième chrono du jour devant la seconde Ferrari de Sebastian Vettel (5ème) et son coéquipier chez Red Bull Daniel Ricciardo (6ème). Constamment à la peine ces derniers mois en qualification, Romain Grosjean a enfin retrouvé le mode d’emploi de sa si complexe Haas en coiffant un très joli septième temps à Sao Paulo. « Les conditions de piste plus fraîches nous ont bien aidé, affirme le natif de Genève. On ne s’attendait pas à rentrer en Q3, mais on a réalisé du bon boulot. »
Sauber à la ramasse
Toujours très à son aise sur un tracé qui l’a vu se révéler aux yeux de la F1 en s’adjugeant la seule pole position de sa carrière en 2010, Nico Hulkenberg empoche le huitième chrono, suivi de près par son coéquipier chez Force India Sergio Perez (9ème). Passé maître dans l’art d’amuser la galerie au Brésil, en témoigne sa dernière pitrerie dans la peau d’un cameraman de la FOM la veille lors des libres 2, Fernando Alonso clôt le top dix de ces vingtième qualifications de l’année, signe que le « Taureau des Asturies » est toujours aussi redoutable lorsque sa McLaren le laisse un tantinet en paix. Restées coincées aux portes de la Q3, les Williams de Valtteri Bottas (11ème) et du héros local Felipe Massa (13ème) entourent la deuxième Haas d’Esteban Gutierrez. Nettement désavantagées par le manque de cavalerie de leur vieux moteur Ferrari, les Toro Rosso échouent en 14ème et 15ème position, Daniil Kvyat se permettant tout de même de devancer son équipier Carlos Sainz.
Assuré de prolonger l’aventure chez Renault l’an prochain, Jolyon Palmer signe, lui, le 16ème chrono en dépit d’une dernière tentative pour le moins chaotique en Q2. Éliminé, encore une fois, dès la première partie des qualifications, Jenson Button (17ème) s’élancera devant l’autre monoplace de la marque au losange pilotée par Kevin Magnussen (18ème) et la première Manor de Pascal Wehrlein (19ème). Auteur du 20ème temps à seulement cinq millièmes de l’Allemand, Esteban Ocon partira finalement depuis la dernière positon sur la grille en raison d’une (ridicule) pénalité de trois places pour avoir gêné Palmer lors de la première partie des qualifications. Initialement rejetées sur la dernière ligne de la grille de départ, les Sauber de Marcus Ericsson (21ème) et de Felipe Nasr (22ème) grimperont donc d’un rang demain en course, mais ne berceront pas d’illusions quant à leurs chances de rentrer dans les points. À moins que la pluie tant annoncée depuis plusieurs jours vienne brouiller les cartes et permette enfin à l’écurie helvétique d’ouvrir son compteur en 2016.
Andrea Noviello
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