Inébranlable sur son circuit de prédilection, Lewis Hamilton a facilement glané le Grand Prix du Canada, septième épreuve de la saison de Formule 1. Sevré de victoire depuis plus d’un mois, l’Anglais renoue magistralement avec le succès en devançant son coéquipier Nico Rosberg et un opportuniste Valtteri Bottas.
Lancé sur un rythme effréné au soir de sa troisième victoire de la saison en quatre courses à Bahreïn, Lewis Hamilton n’imaginait sans doute pas vivre une période de disette aussi longue lui qui n’a jamais été battu, à la régulière, deux fois consécutivement par son coéquipier Nico Rosberg l’an dernier. Si son revers barcelonais lui est entièrement imputable, l’Anglais ayant accumulé les kilomètres autour du monde avant de se rendre en Espagne pas vraiment au meilleur de sa forme, la défaite monégasque lui laissa un arrière goût amer tant le double champion du monde aura dominé de la tête et des épaules l’épreuve princière. Déterminé à rapidement effacer ce douloureux souvenir, le natif de Stevenage s’est évertué à rétablir sa suprématie dans le giron Mercedes en réalisant une splendide quatrième pole position sur le sol canadien.
Conscient d’avoir asséné un nouveau coup rude à son voisin de garage en qualification, le pilote flanqué du numéro 44 en a remis une couche lors d’un Grand Prix qu’il aura de nouveau éclaboussé de tout son talent. Impérial vainqueur d’une course que l’Anglais fait sienne pour la quatrième fois de sa carrière, Hamilton empoche à Montréal sa 37ème victoire en Formule 1 et reprend ses aises au championnat vis-à-vis de Rosberg. « Tout s’est bien passé et je suis content de renouer avec le succès, confirme le fils d’Anthony. La balance de la voiture n’était pas parfaite aujourd’hui. Nico était très rapide donc la course a été intense entre nous. J’ai heureusement pu contrôler l’écart avec lui tout en gérant les freins, la consommation et les pneus. Je tiens à dédier ce succès au père de mon ingénieur de piste. »
Massa et Vettel font le spectacle
Placé au sommet de la grille de départ, Hamilton s’extirpe parfaitement de son emplacement à l’extinction des feux et vient immédiatement barrer la route à son rival Nico Rosberg. Mieux parti que la deuxième flèche d’argent, Kimi Räikkönen tente l’intérieur sur l’Allemand au premier virage, mais se retrouve rejeté à l’extérieur le virage suivant. Inhabituellement très calme, le départ du Grand Prix du Canada n’offre que très peu de bouleversement dans le groupe de tête, Nico Hulkenberg étant le seul à tirer son épingle du jeu en dépossédant Pastor Maldonado de sa 6ème place à l’amorce du virage 3. Aidés par les envols poussifs des pilotes placés devant eux sur la grille, Fernando Alonso, Felipe Massa et Sebastian Vettel remontent chacun de deux places à l’issue de la première boucle se retrouvant respectivement 11ème, 13ème et 16ème.
Rapidement en souffrance dans les très longues lignes droites composant le tracé canadien, le double champion du monde espagnol cède à l’attaque imparable de Marcus Ericsson à la fin du 3ème passage avant d’également se voir éliminer par Felipe Massa. Autrement plus à la fête sur une Ferrari bien servie par son flambant neuf V6 turbo, Sebastian Vettel élimine tour à tour Felipe Nasr, Carlos Sainz et Alonso pour grimper au 13ème rang. Revenu dans les échappements du Brésilien de chez Williams, le natif d’Heppenheim choisit d’avancer son premier arrêt au stand à la fin du 7ème tour voyant le vice-champion du monde 2008 inlassablement buter sur la Sauber d’Ericsson. Reparti bon dernier, le pilote Ferrari va alors se lancer dans une phénoménale remontée qui le portera jusqu’à une époustouflante 5ème position.
McLaren au fond du gouffre
Tranquillement installé en tête de la course, Lewis Hamilton porte son avance sur son coéquipier Rosberg à plus de trois secondes à l’entame de la 14ème boucle. Si les dépassements se font plutôt rares parmi les dix premiers, seul Daniel Ricciardo se voit doubler par Sergio Perez pour le gain de la 9ème place, Felipe Massa poursuit son festival dans le peloton. Après être finalement venu à bout du coriace Marcus Ericsson, le Pauliste se débarrasse de l’Australien de chez Red Bull, du pilote Force India et du deuxième pensionnaire de l’écurie autrichienne Daniil Kvyat en l’espace de sept tours. Facilement remonté en 16ème position, Sebastian Vettel va, quant à lui, se heurter à la résistance de Fernando Alonso au 19ème passage. Viril, mais correct le duel entre les deux hommes tournera logiquement en faveur du pilote de la Scuderia deux tours plus tard.
Excédé par les piètres performances de sa McLaren et par les recommandations répétées de son ingénieur de sauvegarder de l’essence, Alonso refuse de se plier à ce fastidieux exercice, mais devra renoncer à la fin de la 47ème boucle sur rupture d’échappement. Guère plus en réussite que le natif d’Oviedo, l’autre représentant de la mythique écurie britannique, Jenson Button, abandonnera lui aussi dix tours plus tard, ponctuant un week-end canadien pourri par les ennuis mécaniques. Confortable 3ème de la course derrière les intouchables Mercedes, Kimi Räikkönen est le premier des hommes de têtes à opérer son changement de gommes à la fin du 26ème tour. Malheureusement pour lui, un tête-à-queue dans l’épingle le tour suivant, sans doute provoquer par un surcroît de puissance de son système de récupération d’énergie, va priver le Finlandais d’un deuxième podium cette saison.
Bottas le conquérant
Grand bénéficiaire des malheurs du champion du monde 2007, son compatriote Valtteri Bottas réalise un sans faute que le natif de Nastola ponctura d’une très belle 3ème place. « Je suis très heureux pour le team et vraiment fier du travail accompli pour en arriver là, souligne le pilote Williams. Nous avons profité de l’erreur de Kimi pour passer devant. Nous avons ensuite adopté une stratégie dynamique pour préserver ce résultat. On a connu un petit passage à vide, mais des évolutions arrivent encore et nous allons retrouver notre statut de top team. » Longtemps solide 5ème de la course, Romain Grosjean a vu ses espoirs de décrocher des gros points s’évaporer au 50ème tour lors d’un dépassement mal maîtrisé sur Will Stevens. Pénalisé pour avoir accroché la Manor, le Français conclura ce Grand Prix à une fade 10ème place.
Encore une fois magistral à Montréal, Lewis Hamilton ceint sa quatrième victoire de la saison et met fin à un mois sans succès en 2015. Le mauvais souvenir de Monaco déjà rangé aux oubliettes, le double champion du monde reprend sa marche triomphale vers un troisième sacre. Fort de 17 points d’avance sur son plus proche rival Rosberg et d’une confiance de nouveau à son paroxysme, le Britannique peut sereinement entrevoir la suite d’un championnat qui lui semble plus que jamais promis.
Andrea Noviello
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