Course : La réponse de Rosberg

Rosberg course Esagne
Six mois après son dernier succès, Nico Rosberg renoue avec la victoire en Espagne.
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Magistral d’un bout à l’autre, Nico Rosberg a coiffé le Grand Prix d’Espagne, théâtre de la cinquième manche de la saison de Formule 1. Vainqueur en solitaire, l’Allemand cueille sa première victoire de la saison devant son coéquipier Lewis Hamilton et Sebastian Vettel sur Ferrari.

23 novembre 2014. Battu sans même pouvoir lutter à armes égales avec son coéquipier Hamilton lors de la finale de Yas Marina, Nico Rosberg venait de laisser passer dans la nuit d’Abou Dhabi une chance unique de coiffer sa première couronne mondiale. Meurtri, mais pas effondré, le fils du champion du monde 1982 savait bien plus que personne qu’une telle opportunité pouvait ne plus jamais se répéter lui qui avait dû patienter sa neuvième saison pour se mêler enfin à la course au titre. Rapidement rassuré sur le potentiel de sa nouvelle flèche d’argent, l’Allemand ne semblait pourtant pas avoir totalement digéré cet échec en cette entame de saison 2015. Copieusement dominé par son voisin de garage, mal à l’aise au volant d’une W06 trop survireuse à son goût, le vice-champion 2014 affichait de surcroît une attitude désinvolte qui s’accommodait mal à l’ambition d’un postulant au titre.

Effacé il y a encore trois semaines à Bahreïn, Rosberg a totalement inversé la tendance en l’espace d’un week-end parfaitement maîtrisé. Fort d’une magistrale pole position où il colla près de trois dixièmes à Hamilton, le natif de Wiesbaden s’est baladé tout au long des 66 tours de courses pour s’offrir à Barcelone sa première victoire de la saison, la 16ème de sa carrière au volant d’une Mercedes. « Ce fut vraiment le week-end parfait pour moi, se réjouit le pilote flanqué du numéro 6. C’est exactement ce dont j’avais besoin. J’ai finalement réussi un bon départ et à partir de là, il fallait adopter le bon rythme tout en préservant les pneus. Je suis très heureux et je remercie le team d’avoir de nouveau préparé une voiture irréprochable. Avant de penser à Monaco, nous allons fêter cela avec toute l’équipe ce soir. »

Maldonado pas verni

Avantagé par une position de pointe souvent décisive sur le tracé de Catalunya, Rosberg réalise un brillant départ et conserve le leadership au premier virage. Mal parti depuis le côté sale de la piste, son coéquipier Lewis Hamilton voit Sebastian Vettel lui passer devant et passe tout près de se faire subtiliser la troisième place par un Valtteri Bottas très inspiré à l’extinction des feux. Époustouflantes la veille en qualification, les deux Toro Rosso de Carlos Sainz et de Max Verstappen ne profitent, quant à elles, pas de leur bon positionnement sur la grille. Rapidement dépassées par un Kimi Räikkönen très incisif dans le premier tour de course, les monoplaces italiennes vont progressivement reculer dans la hiérarchie au point d’être éjectées de la zone point avant même le premier tiers de ce Grand Prix d’Espagne.

Plutôt prompt au départ où il profite des envols ratés des deux Red Bull de Daniel Ricciardo et Daniil Kvyat pour grimper au 9ème rang, Romain Grosjean se loupe à l’entame du 4ème passage en tentant de déposséder Carlos Sainz de sa 8ème place. Sans doute perturbé par la défense plus que limite de l’Espagnol, le pilote Lotus sort large dans le premier virage, perdant deux places dans l’opération, et revient en piste juste derrière son coéquipier Pastor Maldonado dont il touche légèrement l’aileron arrière. Si le contact entre les deux hommes semble anodin de prime abord, il aura de lourdes conséquences pour le Vénézuélien qui sera contraint d’abandonner au 47ème tour suite à la rupture d’une des dérives de fixation de son aileron arrière. Obligé de mettre pied à terre alors qu’il naviguait à la 14ème place, le vainqueur du Grand Prix d’Espagne 2012 enregistre à Barcelone son quatrième retrait en cinq Grand Prix.

Hamilton en dedans

Solide leader de la course, Nico Rosberg compte déjà plus de six secondes d’avance sur son dauphin Sebastian Vettel au 9ème tour quand son coéquipier Lewis Hamilton décide de modifier sa stratégie. Dans l’impossibilité de venir à bout de la Ferrari, le Britannique choisit d’opérer son premier changement de gommes dès la fin de la 13ème boucle. Hélas pour lui, un arrêt très moyen en raison d’une roue arrière gauche récalcitrante et la réactivité de la Scuderia, qui fait rentrer son quadruple champion du monde le tour suivant, empêche le natif de Stevenage de passer devant « baby-schumi ». Revenu à la case départ, Hamilton exhorte son équipe à trouver une autre solution, assurant qu’il ne pourra pas se battre en piste. Consciente qu’elle ne peut laisser filer une deuxième place largement à sa portée compte tenu de sa supériorité sur le tracé catalan, Mercedes choisit alors de basculer la stratégie du double champion du monde à trois arrêts contre deux prévus initialement.

Rappelé à son box à la fin du 32ème passage, Hamilton monte les pneus durs et se lance à l’assaut de Vettel. Rapidement débarrassé de Räikkönen et de Bottas, le champion du monde en titre prend les rênes du Grand Prix au 46ème tour après le deuxième arrêt du leader Nico Rosberg. Clairement plus véloce que le pilote Ferrari à qui il inflige plus d’une seconde et demie au tour, le leader du championnat opère son dernier arrêt au 51ème passage et ressort tranquillement devant l’Allemand. Bien que déterminé à revenir sur son coéquipier, Hamilton finira par entendre raison, sous les conseils répétés de son ingénieur, et se contentera avec amertume de la 2ème place sous le drapeau à damier. « Tout s’est joué au départ, regrette l’ancien protégé de Ron Dennis. J’ai loupé mon envol. Mes roues ont patiné du mauvais côté de la piste et Vettel m’a passé. Le reprendre à la régulière sur ce circuit était quasiment impossible, nous avons donc changé de stratégie. Cette course a été dure pour moi, mais il y en aura d’autres pour me refaire. Le championnat est encore long. »

Frayeurs dans les stands

Handicapé par des problèmes de boîte de vitesse dès le 23ème tour, il couvrira plus de deux tiers du Grand Prix sans quatrième rapport, Romain Grosjean passe tout près de la catastrophe au 41ème passage lorsque son freinage manqué dans la voie des stands envoie le préposé au lève-vite de chez Lotus voltiger de quelques mètres, fort heureusement sans conséquences fâcheuses. Quatorze boucles plus tôt, le héros du public barcelonais, Fernando Alonso, avait failli vivre la même mésaventure quand ses freins ont refusé de répondre au moment de son deuxième arrêt. Là encore, personne ne sera blessé et le natif d’Oviedo contraint à l’abandon, en sera quitte pour une sacrée frayeur. Seul Espagnol à même de ravir ses supporters à domicile, Carlos Sainz ponctuera sa très belle deuxième partie de course par un dépassement autoritaire sur Daniil Kvyat dans le dernier tour et une brillante 9ème place à l’arrivée.

Inattaquable à Barcelone, Nico Rosberg coiffe sa première victoire de la saison et met ainsi fin à l’éprouvante hégémonie de son coéquipier Hamilton. Requinqué par un week-end parfait en tout point, l’Allemand souffle un vent d’air frais dans ce championnat 2015 et se relance par la même occasion dans la course au titre. Présenté un peu trop tôt comme un simple lieutenant du Britannique, le vice-champion du monde 2014 a démontré en Espagne qu’il n’entendait pas lui servir une troisième couronne mondiale sur un plateau.

Andrea Noviello

Valtteri Bottas s'intercale de nouveau entre les Ferrari pour arracher une belle 4ème place à Barcelone.
Valtteri Bottas s’intercale de nouveau entre les Ferrari pour arracher une belle 4ème place.
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