Porté par sa brillante qualification de la veille, Lewis Hamilton a tranquillement remporté le Grand Prix d’Australie, première manche de la saison 2015 de Formule 1. Imperturbable leader d’une épreuve qu’il accroche pour la deuxième fois à son palmarès, le Britannique devance son coéquipier Nico Rosberg et le nouveau pilote Ferrari Sebastian Vettel.
On l’avait quitté pleinement épanoui, le soir d’un deuxième sacre mondial dans la luxueuse et colorée baie de Yas Marina au sortir d’un onzième succès estampillé 2014. Soulagé d’avoir enfin pu décrocher une nouvelle couronne six ans après celle obtenue dans des conditions autrement plus complexes sur le toboggan d’Interlagos (Brésil), Lewis Hamilton aurait pu entamer cette cuvée 2015 le coude à la portière, comptant comme il a eu trop tendance à le faire à ses débuts sur son seul, mais immense, talent. Hélas pour ses adversaires, on l’a retrouvé à Melbourne plus fort que jamais, plus déterminé aussi a marqué de son empreinte le 66ème championnat de l’histoire de la Formule 1.
Magistral samedi lors d’une séance qualificative qui l’aura vu coller six dixièmes son coéquipier Nico Rosberg et 1,3 seconde au meilleur des autres Felipe Massa, le double champion du monde anglais a de nouveau écœuré la concurrence à l’occasion du Grand Prix d’Australie, manche inaugurale de la saison 2015. Tranquille vainqueur d’une course dominée d’une main de maître, Hamilton décroche son deuxième succès à Melbourne après celui conquis l’année de son premier titre en 2008 et s’empare d’entrée de la tête du championnat. « Ce fut une course phénoménale pour nous, s’exalte le natif de Stevenage. Nico a été très rapide pendant toute la course et il m’a fallu gérer au mieux la quantité d’essence et l’usure de mes pneus. Heureusement, j’ai pu réagir quand il m’a mis la pression. Continuer à gagner sur notre lancée de l’année dernière est un sentiment incroyable. »
Une hécatombe
Dépossédé de son leadership l’an dernier à l’extinction des feux en raison de la casse de l’un des cylindres de son V6 Mercedes pendant le tour de formation, Hamilton ne laisse cette fois-ci à personne le loisir de virer en tête au premier virage. Moyennement parti depuis le côté sale de la piste, son coéquipier Nico Rosberg parvient à contenir les assauts de Felipe Massa et conserve sa deuxième place devant le pilote Williams. Déjà dépeuplé par la désertion des deux Manor de Will Stevens et de Roberto Mehri, le plateau de ce Grand Prix australien s’est vu amoindri, avant même le départ de la course, par les absences conjuguées de Valtteri Bottas (souffrant de douleurs au dos suite à son escapade sur un vibreur en qualification), Kevin Magnussen (trahi par son moteur Honda lors de son tour de mise en grille) et de Daniil Kvyat (rupture de la boîte de vitesse en plein tour d’installation).
Pire, après seulement quelques mètres parcourus, ils ne sont plus que treize encore en lice. Comme de coutume très cassant, le premier tour de cette manche d’ouverture de la saison réduit de deux unités le contingent de voitures en piste, éliminant les Lotus du Vénézuélien Pastor Maldonado, envoyé involontairement dans le mur de pneus par le débutant Felipe Nasr, et du Français Romain Grosjean victime de la casse de son moteur Mercedes. Neutralisée sous safety-car avant la fin de la première boucle, le temps de dégager l’épave de la monoplace noir et or, la course reprend ses droits au 4ème passage emmenée par les deux flèches d’argent de Lewis Hamilton et de Nico Rosberg.
Hamilton sans rival
Crédité d’un envol parfait, le néophyte Felipe Nasr pointe déjà en 6ème position et grimpe encore d’un rang au restart en se débarrassant d’un Carlos Sainz quelque peu distrait sur le coup. Tombé au 8ème rang après avoir été chahuté par le Brésilien de chez Sauber au premier virage, Kimi Räikkönen dépossède l’Espagnol de Toro Rosso de sa septième place au 7ème tour en opérant un imparable dépassement par l’extérieur. Bon dernier après un envol manqué, Sergio Perez éprouve, quant à lui, toutes les peines du monde à venir à bout de la peu performante McLaren de Jenson Button. Rapidement courroucé par le faible rythme qui lui est imposé par le champion du monde 2009, le Mexicain tente une attaque sur le Britannique au 12ème tour, mais va s’opposer à la résistance du natif de Frome.
Deux boucles plus tard, Perez retente sa chance au virage 4 et conclut sa manœuvre hasardeuse dans la MP4-30 de l’Anglais, endommageant légèrement au passage sa Force India. Loin de toutes ses péripéties, le leader Hamilton possède un confortable pécule de deux secondes sur son coéquipier Rosberg et ne semble pas pouvoir être menacé. Appelé à son stand au 16ème tour afin d’opérer le premier de ses deux passages par les stands, Kimi Räikkönen voit sa progression freinée par une roue arrière gauche récalcitrante. Comble de malchance, c’est cette même roue qui contraindra le Finlandais à l’abandon 24 boucles plus tard à la suite d’une nouvelle erreur de manipulation des mécaniciens de Ferrari.
Nasr épatant
Fort heureusement pour une Scuderia revigorée par un hiver prometteur, la stratégie employée par les têtes pensantes de Maranello permet à l’autre pilote rouge, Sebastian Vettel, de déposséder Felipe Massa de sa troisième place lors de la première valse des changements de pneus. Une place que le natif d’Heppenheim ne quittera plus jusqu’à l’arrivée. Brillant 6ème avant son entrée au box, Carlos Sainz va lui aussi être victime d’un arrêt catastrophique au 24ème tour. Véritablement interminable, la fixation de la roue arrière gauche récalcitrante de la Toro Rosso rejette le malheureux espagnol en queue de peloton. Parti sur une stratégie décalée, son coéquipier Max Verstappen opère en dernier son premier arrêt à la fin du 32ème passage avant de devoir renoncer deux tours plus tard sur rupture de son V6 Renault.
Remonté à une inespérée 8ème place à la suite d’une deuxième partie de course somptueuse, Sainz cédera finalement aux attaques d’un Marcus Ericsson avantagé par une Sauber plus fringante et des pneus plus frais à deux tours du terme pour achever son bel après-midi au 9ème rang. L’autre performance du jour étant à mettre au crédit d’un incroyable Felipe Nasr 5ème au volant d’une Sauber transfigurée par rapport à l’an dernier. « Je suis très heureux de ce résultat pour ma toute première course en F1, confie l’ancien pilote Carlin. C’est un immense soulagement pour l’équipe et pour moi d’avoir été en mesure d’inscrire des points. Les pilotes derrières m’ont mis pas mal de pression durant toute l’épreuve, ce qui n’était pas très confortable. Je suis d’autant plus satisfait, car cela ne fut pas une course facile. »
Jamais inquiété par un Nico Rosberg inoffensif, Lewis Hamilton s’offre de son côté le 34ème succès de sa carrière, le 13ème au volant d’une Mercedes. Gonflé à bloc par un week-end qu’il aura dominé de la tête et des épaules, le double champion du monde peut sereinement aborder la suite d’un championnat qu’il compte de nouveau faire sien. Histoire de rejoindre dans la légende son idole de toujours, un certain Ayrton Senna.
Andrea Noviello
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