Course : Rosberg au bout de l’ennui

Nico Rosberg course Italie 2016
Au terme d'un nouveau cavalier seul en tête, Nico Rosberg ceint à Monza le 21ème succès de sa carrière.
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Catapulté en tête par un départ de rêve et l’envol catastrophique de son coéquipier, Nico Rosberg a facilement remporté le Grand Prix d’Italie, treizième étape de la saison 2016 de Formule 1. Esseulé pendant toute la course, l’Allemand enlève avec maestria la 21ème victoire de sa carrière, triomphant pour la première fois à Monza devant l’autre Mercedes de Lewis Hamilton et la Ferrari de Sebastian Vettel.

Surclassé par son coéquipier Lewis Hamilton dans un exercice où il n’avait plus connu la défaite depuis trois Grand Prix, Nico Rosberg affichait la mine des mauvais jours à l’issue d’une séance qualificative placée sous le sceau du triple champion du monde. Marqué par l’écart qui séparait sa flèche d’argent de celle du Britannique, le fils de Keke a comme toujours très rapidement chassé la déception de son esprit, preuve d’une force mentale hors-norme. Remonté comme une pendule à l’heure de prendre le départ de ce treizième rendez-vous de la saison, l’Allemand sait pertinemment qu’il doit avant tout soigner sa mise en action pour espérer contrer l’échappée annoncée de son voisin de garage. Pris à défaut par l’Anglais les deux dernières fois où ils se sont élancés ensemble depuis la première ligne de la grille, le natif de Wiesbaden compte bien rendre l’appareil au champion du monde en titre le jour où celui-ci retrouve enfin sa position de prédilection : la première.

Si une légère frayeur au moment d’entamer son tour de formation, le vice-champion du monde 2015 se plaignant à la radio des hésitations rencontrées par sa procédure de départ, laisse un temps croire que le scénario des Grand Prix de Hongrie et d’Allemagne va se répéter, il n’en sera rien. Bien au contraire. Rosberg prend un envol de rêve quand dans le même Hamilton reste scotché sur la grille. La course est déjà jouée. Malgré un arrêt au stand un peu long, rien n’empêchera l’Allemand de conquérir la première victoire de sa carrière en F1 sur l’Autodrome de Monza. « Je suis très heureux de gagner finalement ici, révèle celui qui arbore le numéro 6 sur sa Mercedes. C’est un jour très spécial pour moi. Le départ était une grande opportunité et cela a parfaitement fonctionné. J’ai ensuite pu contrôler mon rythme puisque nous avions une vitesse géniale. J’ai toujours affirmé que le championnat pouvait basculer dans un sens ou dans l’autre. Il reste un tiers de saison à accomplir et chaque détail aura son importance. Je suis prêt à relever le challenge. »

Hamilton se saborde au départ

Privée de l’affrontement entre ses deux têtes d’affiche il y a une semaine en Belgique, le paddock tout entier espérait voir Lewis Hamilton et Nico Rosberg reprendre à Monza leur duel là où ils l’avaient laissé près de deux mois plus tôt du côté des montagnes autrichiennes. Hélas pour le spectacle, de duel il n’y aura pas en Italie, la faute à l’envol cataclysmique du poleman Hamilton. Trahi par un embrayage décidemment bien capricieux chez Mercedes cette saison, l’Anglais patine excessivement dès le départ, offrant un boulevard à son coéquipier et au reste de la meute. L’Allemand ne se laisse pas prier pour saisir l’aubaine et s’emparer de la tête, suivi de près par le duo de chez Ferrari Sebastian Vettel-Kimi Räikkönen. Tombé au sixième rang derrière la Williams de Valtteri Bottas et la Red Bull de Daniel Ricciardo, Hamilton sait que ses chances de glaner un quatrième succès dans le temple de la vitesse se sont déjà évaporées. Mais l’Anglais ne compte pas pour autant abandonner trop facilement des points qui pourraient s’avérer cruciaux dans quelques mois lors de la décision finale du championnat.

Après une première attaque par l’extérieur dans la ligne droite des stands, le triple champion du monde se joue de Ricciardo par l’extérieur dans la Curva Grande et récupère la quatrième place au 2ème tour. En lutte pour une lointaine seizième place, Jolyon Palmer et Felipe Nasr s’accrochent bêtement quelques secondes plus tard dans la première chicane, le Brésilien s’étant inexplicablement écarté sur le pilote Renault en sortie de virage. Repartis au volant de monoplaces meurtries, les deux hommes vont enchaîner les passages par les stands avant de finalement renoncer à deux tours d’intervalle. Si devant le leader Rosberg prend facilement la poudre d’escampette, les Ferrari ne parvenant pas à suivre la cadence infernale imprimée par la Mercedes, les écarts sont autrement plus étriqués au milieu du peloton bien que les dépassements se font rares. Encore crédité d’un envol de toute beauté, Fernando Alonso s’accroche à sa neuvième place, mais ne résiste pas longtemps à Max Verstappen.

Stratégie agressive chez Ferrari

Déjà venu à bout de la Force India de Nico Hulkenberg trois boucles plus tôt, le Néerlandais se rachète de son départ manqué en se débarrassant aisément du pilote McLaren à l’attaque du 8ème passage grâce à l’aide du DRS. Seul pilote à être lui aussi en mesure de doubler en piste, le champion du monde 2009 ayant déjà pris le meilleur sur Gutierrez et Ericsson, Jenson Button chipe la quinzième place à la Toro Rosso de Daniil Kvyat dans le 10ème tour, soit une boucle avant que son compatriote Hamilton ne trouve finalement la faille sur Bottas. Longtemps bloqué derrière le Finlandais, le pilote Mercedes élargit volontairement sa trajectoire dans la Parabolique et tire parti de sa plus grande vitesse en sortie pour aspirer puis doubler le natif de Nastola. Désormais débarrassé de la Williams, Hamilton peut alors s’attaquer aux deux Ferrari de Vettel et de Räikkönen. Si tous les observateurs s’attendent à voir le Britannique combler facilement son retard sur les monoplaces rouges, le pilote Mercedes éprouve plus de difficultés que prévu. Le natif de Stevenage décide alors de ruser, laissant croire aux hommes de Maranello que ses pneus arrière sont complètements détruits.

Le malicieux stratagème de l’Anglais fonctionne à merveille. La Scuderia rappelle ses deux monoplaces aux 15ème et 16ème tours, soit trois boucles après le message radio du champion du monde en titre. Chaussé d’un autre train de gommes super tendres, le duo Ferrari devra de facto de nouveau repasser par les box quand Hamilton a, lui, choisi de n’opérer qu’un seul pit-stop. Le pilote Mercedes s’exécute au 26ème passage, reprenant la piste équipé de pneus médiums au quatrième rang. Deux tours plus tard, Pascal Wehrlein trahi par son moteur, est contraint de ranger sa Manor en bout de ligne droite des stands alors qu’il occupait une très honorable 14ème position. Il sera rejoint dans la liste des abandons par Daniil Kvyat au 38ème tour, le Russe étant victime d’une surchauffe de ses batteries et d’un fond plat endommagé lors de l’agitation du départ. À ce moment là, le doute sur l’identité du futur dauphin de l’intouchable leader de la course Rosberg s’est envolé.

Ricciardo au forceps sur Bottas

Profitant de ses gommes neuves, Hamilton enchaîne huit tours à une cadence trop élevée pour que les Ferrari puissent repartir devant lui à l’issue de leur deuxième passage par la case stand. Vettel stoppe au 34ème tour tandis que Räikkönen l’imite une boucle plus tard. La deuxième place désormais promise au leader du championnat, les hommes de Maurizio Arrivabene doivent dès lors se contenter du statut de meilleur des autres dans leur fief de Monza. Les quatre premières places étant figées, bien qu’Hamilton se paye une légère frayeur dans la 41ème boucle en ratant son freinage à la première chicane, seule la lutte entre la Williams de Bottas et la Red Bull de Ricciardo offre encore un brin de suspense dans un Grand Prix qui en aura cruellement manqué. Jamais vraiment en mesure de menacer le Finlandais lorsqu’ils étaient équipés de la même spécification pneumatique en début de course, « Smiling » a opté pour les super tendres lors de son dernier passage par les box au 37ème tour à l’inverse du protégé de Didier Coton resté en tendres.

L’option stratégique de l’Australien paye. Clairement plus véloce que la natif de Nastola, Ricciardo surprend Bottas dans la 47ème boucle à la suite d’un freinage magistral à la première chicane. « Je ne m’étais jamais autant rapproché que dans ce tour, confie tout sourire le natif de Perth. Même si j’étais assez loin de Valtteri, j’y suis allé parce que je n’aurais sans doute plus jamais eu une telle opportunité. Je savais qu’il n’allait pas me rentrer dedans ou causer un accident. La cinquième place était notre objectif et je suis bien évidemment très satisfait de l’obtenir après l’avoir manquée de justesse hier en qualification. » Et comme un pied de nez à une course morne et sans réel moment enthousiasmant, Verstappen s’offrira le scalp de Perez dans la 49ème boucle au prix d’une manœuvre impeccable à la deuxième chicane. Excepté un dernier dépassement de Gutierrez sur Alonso à quatre tours du but pour le gain de la 12ème place, plus rien ne changera à la plus grande joie d’un Nico Rosberg qui, à la faveur de son 21ème succès en F1, n’accuse désormais plus que deux points de retard sur Hamilton dans un championnat 2016 complètement relancé.

Andrea Noviello

Daniel Ricciardo course Italie 2016
Daniel Ricciardo limite les dégâts à Monza en raflant en fin de course la 5ème place à Bottas.
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