Longtemps fébrile dans les rues de l’Albert Park, Nico Rosberg s’est totalement relancé en remportant le Grand Prix d’Australie, première épreuve de la saison de Formule 1. Propulsé en tête par un choix stratégique parfait, l’Allemand décroche le 15ème succès de sa carrière devant l’autre Mercedes de Lewis Hamilton et la Ferrari de Sebastian Vettel.
Homme fort de la fin de saison dernière, Nico Rosberg semblait avoir recouvert son étonnante fébrilité de 2015 depuis son arrivée à Melbourne. Coupable d’une grossière erreur lors des libres 2, il avait fracassé le museau avant sa W07 contre le mur du virage 5 après avoir perdu le contrôle de sa monoplace sur une piste détrempée, l’Allemand s’était également laissé piéger à deux reprises en qualification corroborant l’hypothèse soutenue par une certaine partie du paddock qui mettait d’avantage ses trois victoires consécutives entre le Grand Prix du Mexique et celui d’Abou Dhabi sur le dos d’un Lewis Hamilton nettement moins concerné depuis la conquête de sa troisième couronne mondiale plutôt qu’à une réelle domination de sa part.
Logiquement sous pression après avoir concédé plus de trois dixièmes sur le Britannique dans l’exercice du tour chronométré, le fils de Keke n’est pas parvenu à se rassurer lors d’un départ pour le moins poussif. Débordé par la Ferrari de Sebastien Vettel, le natif de Wiesbaden tenta en vain de résister à la prise de pouvoir de son compatriote avant de finalement rabattre sa frustration sur la Mercedes voisine d’Hamilton. Seulement troisième à la fin du premier tour, Rosberg a pourtant réussi à totalement inverser la tendance à la faveur d’une stratégie pneumatique inspirée lors de l’interruption de la course. Reparti chaussé de gommes mediums, l’Allemand n’a pas eu à forcer son talent pour subtiliser les rênes du Grand Prix à « baby-schumi » et s’imposer une deuxième fois dans les rues de l’Albert Park après son précédent succès en 2014.
Alonso plus de peur que de mal
« Gagner ici est incroyable, souligne le pilote flanqué du numéro 6. La voiture s’est révélée très performante. Battre Ferrari après avoir manqué notre envol fut super excitant. La stratégie était cruciale et je suis très reconnaissant du superbe travail effectué par le team. Il fallait faire un choix lors du drapeau rouge et on a visé juste. Nous devrons toutefois surveiller les Ferrari de près, car elles sont très proches de nous cette année. » Placé sur le côté le moins adhérent de la piste, Rosberg s’extirpe moyennement de son emplacement lors de l’extinction des feux tandis que son compatriote Vettel réalise un envol prodigieux qui propulse le fer de lance de la Scuderia en tête du Grand Prix. Encore plus mal parti que son coéquipier en raison d’un patinage excessif, Hamilton tombe au 6ème rang après avoir vigoureusement été tassé par « Britney » à la sortie du virage 1.
Propulsés aux deux premières places par leur envol supersonique, Kimi Räikkönen ayant profité de l’empoignade entre les deux flèches d’argent pour subtiliser la 2ème rang à Rosberg, les pilotes de la Scuderia croient alors avoir rejoué le scénario de Budapest 2015. Capables de se bâtir rapidement une petite marge de sécurité sur la première Mercedes du natif de Wiesbaden, les hommes de Maurizio Arrivabene vont pourtant très vite déchanter, la faute à une succession de petites imprécisions stratégiques et d’un événement extérieure qui va totalement chambouler le visage de cette manche d’ouverture de la saison 2016. Reparti derrière la Haas du revenant Esteban Gutierrez après son premier passage par les stands au 12ème tour, Fernando Alonso est victime d’un terrifiant crash cinq boucles plus tard en tentant de dépasser le Mexicain.
Ferrari manque le coche
Sans doute piégé par l’énorme différentiel de vitesse entre les deux monoplaces, l’Espagnol bénéficiant à ce moment là du DRS, et par le petit mouvement du natif de Monterrey sur la zone de freinage, le double champion du monde s’envole littéralement sur la machine de Gutierrez avant d’aller lourdement retomber contre un mur de pneus. Fort heureusement sorti indemne de l’épave de sa McLaren, le « Taureau des Asturies » va être bien malgré lui le bourreau de son ancienne équipe Ferrari. Après avoir initialement neutralisé la course sous régime de voiture de sécurité, les préposés à la sécurité de la FIA choisissent d’arrêter le Grand Prix en brandissant le drapeau rouge, le temps de nettoyer les nombreux débris qui jonchent la piste. Les chances de victoire de Vettel viennent alors de s’envoler.
Ressorti chaussé de gommes super-tendres de son premier arrêt au box dans le 13ème tour, le natif d’Heppenheim conserve le même train de pneus lors du restart quand dans le même temps les deux Mercedes repartent équipées en mediums. Jamais en mesure de distancer suffisamment la flèche d’argent de Rosberg, le quadruple champion du monde perdra même toutes chances de conserver la 2ème place en raison d’un second pit-stop chaotique, trois secondes perdues à cause d’une roue avant-gauche récalcitrante, et d’une faute de pilotage à quelques encablures de l’arrivée. « Nous avons essayé d’être agressif dans notre stratégie, confie Vettel. Nous ne nous attentions simplement pas à ce que les deux Mercedes passent les pneus les plus durs ici. Peut-être qu’avec le recul nous aurions pu faire autre chose, mais le côté positif c’est que Ferrari est au niveau. Nous pouvons gagner et mettre la pression sur Mercedes. »
Début en fanfare pour Grosjean
Pas encore en mesure de venir se mêler à la lutte au pouvoir entre Ferrari et la firme à l’étoile, Red Bull a confirmé dans les rues de l’Albert Park son très net regain de forme avec la somptueuse 4ème position de Daniel Ricciardo. Seul pilote vraiment capable de faire des différences en piste, en témoigne ses dépassements magistraux en début du Grand Prix sur Nico Hulkenberg et Felipe Massa, le régional de l’étape achève sa belle partition devant la Williams du Brésilien et la Haas d’un incroyable Romain Grosjean. Triste 19ème de la séance qualificative, le Français a, tout comme le vainqueur Rosberg, merveilleusement mis à profit l’interruption de la course pour monter les pneus mediums et ne plus s’arrêter. Imperturbable malgré le retour de la Force India d’Hulkenberg dans les dernières boucles, le natif de Genève offre à la nouvelle écurie américaine des débuts idylliques en récoltant les huit points de la 6ème place.
Tout autant en réussite après avoir longtemps galéré derrière les deux Toro Rosso de Max Verstappen et de Carlos Sainz, Hamilton limite les dégâts en s’adjugeant au nez et à la barbe de Vettel une 2ème position pas forcément méritée eu égard des difficultés affichées par le triple champion du monde lors de ce rendez-vous australien. Alors qu’il s’était montré intraitable depuis les premiers essais libres, le natif de Stevenage a sérieusement baissé de ton en course et manqué l’occasion de marquer d’entrée son territoire dans le giron Mercedes. Opportuniste à défaut d’avoir été beaucoup plus brillant que l’Anglais, Nico Rosberg coiffe à Melbourne une 15ème victoire en carrière synonyme de petit avantage psychologique dans une course au titre qui devrait de nouveau opposer les frères ennemis de la firme à l’étoile.
Andrea Noviello
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