Autoritaire sur Ricciardo lors de l’extinction des feux, Nico Rosberg a tranquillement accroché à son palmarès le Grand Prix d’Europe, huitième épreuve de la saison 2016 de Formule 1. Au terme d’un véritable cavalier seul, l’Allemand enlève la 19ème victoire de sa carrière, précédant sur la ligne d’arrivée la Ferrari de Sebastian Vettel et la Force India de l’épatant Sergio Perez.
Grand perdant de l’empoignade du premier virage avec son coéquipier Lewis Hamilton il y a une semaine à Montréal, Nico Rosberg abordait ce premier Grand Prix de l’histoire disputé en Azerbaïdjan fort d’une envie de revanche décuplée, lui qui avait vu son avance sur le champion du monde en titre fondre de 43 à 9 petits points en seulement trois courses. Impatient d’en découdre avec son meilleur ennemi sur le flambant neuf tracé de Baku, l’Allemand a pourtant passé son début de week-end dans l’ombre du natif de Stevenage. Dominé dans chacune des trois séances libres, le fils de Keke a dû attendre les qualifications et les erreurs à répétitions de son voisin de garage pour enfin pointer le bout de son museau. Parfait d’un bout à l’autre de la séance qualificative, quand dans le même temps Hamilton se perdait à la sortie de la vieille ville, le double vice-champion du monde a poursuivi son sans-faute en course.
Autoritaire sur Daniel Ricciardo lors de l’extinction des feux, il annihila toute tentative de dépassement de l’Australien en fermant immédiatement la porte à la Red Bull, Rosberg a ensuite mené cette huitième épreuve de la saison d’une main de maître. Capable de se bâtir une substantielle marge de plus de 11 secondes sur son dauphin Sebastian Vettel en l’espace de seulement dix tours, le pilote Mercedes a ensuite tranquillement gérer sa course pour aller empocher sa cinquième victoire de la saison, la première depuis plus d’un moi et son triomphe dans le parc olympique de Sotchi. « C’est une journée incroyable, s’exclame le pilote flanqué du numéro 6. Que ce soit la qualification ou la course, tout s’est déroulé à la perfection. Je voulais gagner ici, car le circuit est très spectaculaire. J’y suis parvenu. Je préfère ne pas trop penser au championnat. La saison est encore longue. Je vais d’abord fêter cette victoire avec le team avant de penser au prochain rendez-vous. »
Hamilton aux abonnés absents
Installé sur la première place de la grille de départ, Rosberg s’envole moyennement à l’extinction des feux, mais vient immédiatement à l’intérieur afin de bloquer un Daniel Ricciardo légèrement mieux parti que lui. Si le premier virage occasionne quelques frictions à l’arrière du peloton, aucun n’incident notable n’est à déplorer. Privé de tout le bénéfice de sa superbe qualification en raison du changement de sa boîte de vitesse, Sergio Perez s’est brillement extirpé de son emplacement et pointe déjà à la 5ème position à la fin du premier tour. Hamilton ne peut pas en dire autant. Parti prudemment afin d’éviter tout accrochage, le Britannique n’a pas gagné la moindre position au départ et doit attendre le 4ème passage avant d’enfin trouver l’ouverture sur la Toro Rosso de Daniil Kvyat. Le triple champion du monde l’ignore encore, mais il va vivre un véritable calvaire dans les rues si piégeuse du circuit de Bakou. La faute essentiellement à l’adoption d’une mauvaise map moteur sur sa W07.
Étonnement rapide en qualification, Ricciardo s’avère lui aussi autrement plus en difficulté en course. Rapidement sur le fil au volant d’une monoplace très fortement déchargée en appui aérodynamique afin de favoriser la vitesse de pointe, le natif de Perth est contrait de s’arrêter changer de pneus à son box dès le 6ème tour, soit une boucle après son coéquipier Max Verstappen. Auteur d’un début de Grand Prix solide, Romain Grosjean opte lui aussi pour une stratégie à deux arrêts alors que le Français pointait à la 7ème position au moment de son pit-stop dans le 10ème tour. Mauvaise pioche. Ressorti en queue de peloton, le pilote Haas ne se remettra jamais de ce mauvais timing stratégique et luttera en vain pour n’accrocher qu’une décevante 13ème place sous le drapeau à damier. Si plusieurs écuries de la seconde moitié de tableau choisissent, elles aussi, de miser sur deux changements de pneus pour chacun de ses pilotes, parmi lesquelles on retrouve McLaren, Renault ou encore Toro Rosso, Ferrari décide cette fois de panacher ses stratégies. Du moins le croit au début.
Vettel répond présent
Alors qu’elle avait initialement appelé Sebastian Vettel au box, l’Allemand préférant décliner jugeant son rythme suffisamment bon pour rester en piste, la Scuderia arrête Kimi Raikkonen au 8ème passage. Le champion du monde 2007 ressort lui aussi englué dans le paquet, mais contrairement à Grosjean va facilement revenir vers les avant-postes, bien aidé aussi par les arrêts de ses adversaires. Car après des qualifications pour le moins excitantes, la course se révèle nettement moins animée que prévu. Hormis une ribambelle de dépassements à la sauce DRS (aileron arrière mobile) dans l’interminable ligne droite des stands, le maigre public de Bakou n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Si on excepte le très joli dépassement par l’extérieur de Räikkönen sur Nico Hulkenberg au 16ème tour, rares sont les moments où les fans peuvent apprécier un spectacle digne de ce nom. L’outrageuse domination de Rosberg, le pilote Mercedes compte à ce moment là près de 20 secondes d’avance sur son dauphin Vettel, n’arrangeant rien.
Indétrônable leader depuis le départ de la course, le natif de Wiesbaden conserve même les rênes du Grand Prix lors de son unique passage par les box dans la 21ème boucle. L’identité du futur vainqueur ne laissant guère la place au doute, il faut alors se tourner vers la lutte pour le podium pour espérer une once de suspens. Tombé au 3ème rang après son passage par les box, Vettel ramarre facilement l’autre Ferrari de Räikkönen finalement restée sur une stratégie à un seul arrêt. Mais là encore de bataille il n’y aura pas. Radio Ferrari impose au Finlandais de laisser filer « Baby-Schumi » plus rapide que lui. Le dernier champion du monde de l’histoire de la Scuderia s’exécute au 28ème tour, lâchant au passage 2,5 secondes et demie sur la Force India de Perez. Avisée de la menace qui pèse sur son pilote, Räikkönen étant alors sous le coup d’une pénalité pour avoir mordu la ligne blanche d’entrée des stands lors de son dépassement sur Ricciardo au 19ème tour, l’écurie la plus titrée de l’histoire privilégie ainsi la seconde place de Vettel au possible podium du natif d’Espoo.
Perez le spécialiste
L’option prise par le team basé à Maranello s’avérera toutefois la bonne. Favorisé par des gommes nettement plus fraîches que celle d’ « Ice-Man », Perez recolle sur le Finlandais et porte le coup de grâce dans le dernier tour à la suite d’un énième dépassement sous DRS. La sanction étant entre temps tombée, la direction de course infligeant cinq secondes de pénalité au champion du monde 2007, Räikkönen n’aurait de toute façon pas pu espérer mieux que sa 4ème place à l’arrivée, au plus grand bonheur de « Checo » auteur d’un nouveau Grand Prix de toute beauté. « Je savais qu’il y avait moyen de faire quelque chose de bien à Bakou, témoigne le Mexicain de chez Force India. Mon deuxième chrono en qualification m’a remis en confiance après mon erreur lors des libres 3. Je n’avais plus qu’à remonter en course. Mon premier tour a été très bon. La bataille avec Kimi était également sympa sur la fin. Même si le podium était déjà assuré avec sa pénalité, c’était important pour moi de le doubler en piste. »
Sérieusement bousculé par son coéquipier Hamilton depuis deux courses, Nico Rosberg retrouve les joies de la victoire à l’occasion du tout premier Grand Prix de l’histoire disputé en Azerbaïdjan. Intouchable sur le tracé dessiné au bord de la mer Caspienne, l’Allemand récolte sans opposition la 19ème victoire de sa carrière en Formule 1 et reprend par la même occasion le large en tête du championnat du monde. Désormais nanti d’une avance de 24 points sur son équipier et plus sérieux rival dans la course au titre, le fils de Keke peut sereinement aborder le prochain virage de la saison en Autriche sur un circuit où il demeure invaincu depuis le retour au calendrier du tracé niché sur les collines de Spielberg.
Andrea Noviello
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