Course : Rosberg rallume la lumière

Nico Rosberg course Singapour 2016
Nico Rosberg signe à Singapour la dixième victoire consécutive d'une Mercedes depuis le mois de mai.
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Dominateur d’un bout à l’autre, Nico Rosberg a ajouté à son palmarès le Grand Prix de Singapour, quinzième manche de la saison 2016 de Formule 1. Obligé de basculer sur une stratégie à deux arrêts, l’Allemand est brillement parvenu à résister au retour du très pressant Daniel Ricciardo pour coiffer, juste devant l’Australien de chez Red Bull, la 22ème victoire de sa carrière en F1. Jamais dans le coup à Marina Bay, Lewis Hamilton termine à la troisième place et cède son fauteuil de leader du championnat à son coéquipier chez Mercedes pour huit points.

La troisième c’est la bonne. Cette formule, Nico Rosberg a certainement dû se la répéter tout au long des 61 tours qui ont jalonné ce Grand Prix de Singapour au scénario finalement moins figé que prévu. Il faut dire que l’Allemand n’a jamais bénéficié d’une très grande réussite dans les rues éclairées de Marina Bay. Par deux fois déjà, le pilote Mercedes avait frôlé la victoire avant qu’une infime erreur, ou la sévérité extrême de la direction de course, ne vienne le priver de la première marche du podium. En 2008, année de l’arrivée au calendrier de la Formule 1 de la manche singapourienne, le fils de Keke devait logiquement être celui qui inscrirait en premier son nom au palmarès de la course disputée de nuit. Un ravitaillement précipité alors que la voie des stands n’était pas encore ouverte et un stop and go de dix secondes plus tard auront raison de ses espoirs. Un an plus tard rebelote avec cette fois la ligne blanche de sortie des box pour bourreau.

Pénalisé d’un drive-through par les commissaires, le natif de Wiesbaden voit de nouveau une possible victoire dans la cité-État lui échapper au profit de celui qui allait devenir son futur coéquipier chez Mercedes, Lewis Hamilton. Après tant de désillusions sur une terre qui n’avait sacré que des champions du monde avant lui, Rosberg a enfin rompu la malédiction qui lui collait à la peau en s’imposant, malgré le retour de Daniel Ricciardo, pour la toute première fois dans les rues de Singapour. « Je voulais vraiment remporter ce Grand Prix qui s’est si souvent refusé à moi, témoigne à l’arrivée le fils du champion du monde 1982. Je n’ai pas pu réaliser mon dernier arrêt, car je me trouvais dans le trafic et si je m’étais arrêté à ce moment là, Daniel m’aurait passé. Cela s’est joué à peu de choses, mais heureusement notre stratégie a fonctionné. La voiture était à la limite en termes de température des freins. Cela rend ce succès d’autant plus savoureux. »

Hulkenberg emporté par la fougue

Repassé devant son coéquipier Hamilton la veille au tableau des résultats obtenus dans l’exercice des qualifications, Rosberg avait l’occasion de reprendre la tête du championnat à l’Anglais en course, à condition toutefois de ne pas gâcher le supposé avantage offert par sa septième pole position de la saison. À trois reprises déjà, l’Allemand s’était laissé abuser par la concurrence au moment fatidique de l’extinction des feux. Mais comme il y a deux semaines à Monza, le natif de Wiesbaden ne s’est pas fait prier pour virer en tête au premier virage. Auteur d’en envol parfait, soit tout l’inverse de celui réalisé par Max Verstappen, le pilote Mercedes conserve les rênes devant l’autre Red Bull de Ricciardo quand derrière Nico Hulkenberg est la première victime d’un départ mouvementé dans le peloton. Lui aussi très bien parti, le vainqueur des 24 Heures du Mans 2015 subit une prise en sandwich des deux Toro Rosso de Daniil Kvyat et de Carlos Sainz avant d’être violemment expédié dans le mur en béton.

Si la course du natif d’Emmerich s’arrête déjà là, il n’est pas là seul à avoir pâti d’un frottement de carbone un peu trop prononcé dans les premiers mètres de course. En voulant éviter la Force India en perdition de l’Allemand devant lui, Jenson Button endommage une partie de son aileron-avant sur la roue arrière-gauche de Valtteri Bottas, occasionnant au passage une crevaison au Finlandais. Le Grand Prix cauchemardesque du protégé de Mika Hakkinen ne fait alors que commencer. Il se terminera dans le plus grand anonymat par un abandon au 37ème tour, trois boucles après avoir été confronté à un bien mystérieux desserrage de son harnais de sécurité. Le champion du monde 2009 ne sera guère plus en réussite. Après avoir trainé sa misère pendant plus de la moitié de l’épreuve dans les bas-fonds du classement, l’Anglais renoncera lui aussi au 45ème passage des suites d’une défaillance de ses freins. Neutralisée derrière la voiture de sécurité pendant un tour et demi, le temps d’évacuer l’épave de la VJM09 d’Hulkenberg, la course reprend ses droits au troisième passage dans une certaine confusion.

Hamilton broie du noir

Visiblement pas averti de la relance du Grand Prix, un commissaire intervient encore dans le premier virage au moment où le leader Rosberg lâche les chevaux de sa flèche d’argent, suivi de près par la Red Bull Ricciardo et l’autre Mercedes d’Hamilton. Le malheureux a juste le temps de rejoindre à grandes enjambées son poste de sécurité derrière le rail que le triple champion du monde tente déjà de se montrer dans les rétroviseurs de « Smiling ». Conscient qu’il doit rapidement trouver l’ouverture sur l’Australien s’il souhaite endiguer la fuite en avant de Rosberg, le natif de Stevenage retente sa chance à l’amorce du Memorial sans beaucoup plus de succès. L’Anglais ne sera plus jamais en mesure de menacer le protégé d’Helmut Marko. Car à l’image de son pénible week-end, Hamilton est dans un jour sans et les problèmes de surchauffe des freins qui affectent sa Mercedes l’handicapent nettement plus que son coéquipier.

Là où son voisin de garage se révèle intouchable, Rosberg comptant près de 7,5 secondes d’avance sur Ricciardo au 15ème tour, Hamilton se montre incapable de rivaliser avec l’Australien. Pire, son manque flagrant de rythme le place dans une situation pour le moins inconfortable à l’issue d’une première valse des changements de pneus sans grande incidence au classement. Progressivement ramarré par la Ferrari de Kimi Räikkönen, Hamilton supporte mal la pression infligée par « Ice-Man » au point de rater son freinage au 33ème passage. Le champion du monde 2007 profite de l’aubaine pour chiper la troisième place au Britannique avant d’exécuter son deuxième passage personnel par la case box. Dos au mur, l’ancien protégé de Ron Dennis n’a désormais plus le choix. Il lui faut sortir la grosse attaque pour tenter de sauver ne serait-ce que la troisième marche du podium. Poussé par ses ingénieurs à utiliser toute la quintessence de son moteur Mercedes, Hamilton hausse sensiblement de rythme et va, sans le vouloir, totalement relancer l’intérêt d’un Grand Prix terriblement ennuyant jusque-là.

Ricciardo encore raté

En anticipant son troisième changement de gommes dans la 45ème boucle, le fils d’Anthony fait indirectement le jeu de Red Bull et de Ricciardo, seul homme encore en mesure de priver l’indétrônable leader Rosberg d’un succès à Singapour. Si « l’undercut » a parfaitement fonctionné pour le natif de Stevenage, Räikkönen ressortant derrière le Britannique après son dernier pit-stop, il donne des idées à l’écurie autrichienne qui ne se prive pas d’appliquer la recette gagnante. Appelé à son stand au 47ème passage, Ricciardo repart équipé de gommes super tendres, soit le même composé avec lequel il s’était élancé, et se montre d’entrée trois secondes au tour plus véloce que le double vice-champion du monde. Contraint et forcé de rester en piste avec le même train de pneus tendres qu’il a chaussé au 33ème tour, Rosberg voit son impressionnant pécule de 19,5 secondes fondre à 5,2 secondes entre le 51ème et le 57ème passage.

Jamais vraiment l’alliée de l’Allemand à Marina Bay, la réussite est, peut-être, une nouvelle fois en train de fuir le pilote Mercedes. Heureusement pour lui, il n’en sera finalement rien. Gêné deux tours durant par le trafic, Ricciardo accuse encore 3,4 secondes de retard sur la flèche d’argent à l’attaque de l’avant-dernier tour. Malgré un impressionnant rush final, l’Australien échouera à quatre dixièmes du natif de Wiesbaden sous le drapeau à damier. « Il y a de quoi être un peu déçu, assure le natif de Perth. Nous avions une chance. L’équipe m’a fait basculer sur une stratégie à trois arrêts en fin de course. Même si on n’a pas gagné, c’était une bonne idée. Je suis tout de même satisfait, car j’ai tout donné et j’ai le sentiment d’avoir réalisé la course parfaite. » Un sentiment que partage sans aucun doute Rosberg, lui qui aura dominé de la tête et des épaules cette quinzième étape de la saison. En apposant pour la 22ème fois de sa carrière son nom au palmarès d’un Grand Prix, l’Allemand s’est offert bien plus que la tête du championnat. Il a surtout totalement renversé le rapport de force chez Mercedes face à un Hamilton étrangement transparent à Marina Bay.

Andrea Noviello

Daniel Ricciardo course Singapour 2016
A défaut de victoire, Daniel Ricciardo se console avec une très belle 2ème place à Marina Bay.
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