Éliminé de la menace d’Hamilton dès le départ, Nico Rosberg a tranquillement remporté le Grand Prix de Bahreïn, deuxième manche de la saison de Formule 1. Impérial tout au long des 57 tours de courses, l’Allemand empoche le 16ème succès de sa carrière devant la Ferrari de Kimi Räikkönen et l’autre Mercedes de Lewis Hamilton.
Sorti vainqueur d’un premier Grand Prix d’Australie où il aura longtemps accumulé les erreurs, une sortie de piste en essais libres, deux fautes en qualifications ou encore un envol manqué, Nico Rosberg avait accueilli ce quatrième succès consécutif depuis l’an dernier avec le recul qu’il mérite. Conscient que sans le départ catastrophique de son coéquipier Lewis Hamilton ou la bourde stratégique de Ferrari il n’aurait peut-être pas triomphé dans les rues de l’Albert Park, l’Allemand s’était fixé pour objectif de faire taire les mauvaises langues à l’occasion du deuxième rendez-vous de la saison à Bahreïn. Souverain lors de chacune des séances libres du week-end, le double vice-champion du monde en titre a pourtant vacillé au pire moment lors des qualifications.
Déjà malmené par Hamilton à Melbourne, le natif de Wiesbaden a de nouveau subi la domination du Britannique dans l’exercice du tour chronométré, même si cette fois seules 77 petits millièmes séparaient les deux hommes au terme d’une séance toujours aussi indigente, réglementation grotesque oblige. Placé au pied du mur lors de l’extinction des feux, le fils de Keke a, encore une fois, répondu à tous ses détracteurs en l’espace d’un Grand Prix parfaitement mené. Départ de rêve, cadence de folie, zéro faute : Rosberg coiffe au terme des 57 tours de course sa deuxième victoire consécutive en 2016, la tout première sur le tracé de Sakhir. « La clé a été de prendre un bon départ, révèle le pilote flanqué du numéro six. J’ai ensuite contrôlé la course et adopté la stratégie la plus sûre. Je suis heureux de poursuivre sur ma lancée de l’Australie, mais je ne pense pas au championnat. Je prends les Grand Prix comme ils viennent. »
Hamilton victime de Bottas
Prometteuse de part la présence en embuscade des deux Ferrari derrière les Mercedes sur la grille de départ, cette deuxième manche de la saison s’est vue amputer de ¾ de ses forces vives en l’espace de moins cinq minutes. Première victime et non des moindres : Sebastian Vettel. Capable de mener la vie dure aux flèches d’argent il y a deux semaines en Australie, le trublion allemand n’a même pas eu l’occasion de prendre le départ, un problème de cartographie provoquant l’explosion du V6 Turbo de sa SF16-H dès le tour de formation. Complètement passé au travers de son envol à Melbourne, Hamilton n’a pas connu une mise en action bien meilleure à Shakir même si le Britannique pointait encore en 2ème position au moment où la Williams en perdition d’un Valtteri Bottas quelque peu optimiste sur son freinage harponna la W07 du triple champion du monde, le rejetant dans le ventre mou du peloton.
Kimi Räikkönen s’étant lui aussi complètement loupé au départ, « Ice-man » chute en 5ème position derrière la Red Bull de Daniel Ricciardo, Nico Rosberg se voit offrir une voie royale vers un second succès consécutif en 2016. La présence des deux Williams de Bottas et de Felipe Massa derrière lui ainsi que l’élimination précoce de toute adversité place l’Allemand dans une situation de confort dont il profitera jusqu’au drapeau à damier. Relégué au 9ème rang par son accrochage avec le Finlandais, Hamilton doit quant à lui se dépêtrer de nombreux adversaires devant lui tout en conjuguant avec une monoplace sérieusement diminuée. S’il ne fait qu’une bouchée de Nico Hulkenberg et d’Esteban Guttierez, le Britannique mettra plus de trois tours à se débarrasser à l’autre Haas de Romain Grosjean.
Grosjean et Verstappen assurent le spectacle
Obligé lui aussi de rattraper les places perdues au départ, Räikkönen va mettre trois boucles de plus avant de sérieusement entamer sa remontée. Après avoir enfin éliminé Ricciardo, le champion du monde 2007 s’offre le scalp de Bottas le tour suivant, émergeant en 2ème lorsque l’autre pilote de Sir Frank, Massa, exécute son premier passage par les box. Stabilisée dès le 8ème passage, la hiérarchie en tête ne laisse guère entrevoir de suspense tant les écarts entre les trois hommes forts, Rosberg comptant plus de 14 secondes sur son dauphin Räikkönen tandis qu’Hamilton évolue à 17 secondes du leader, semblent rédhibitoire. Faute de réel incertitude à l’avant du peloton, il faut se tourner vers Romain Grosjean et Max Verstappen pour animer les débats. Gonflé à bloc par son résultat inespéré de Melbourne, le pilote Haas se fend d’un incroyable début de Grand Prix et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
6ème avant d’attaquer la première valse des changements de gommes, le Français choisit d’employer une stratégie agressive avec une triple utilisation des pneus supertendres. Le pari du natif de Genève est gonflé, mais se révèle rapidement être le bon. Bien que sans cesse renvoyer en milieu de peloton par des arrêts aux stands loin d’être parfaitement exécutés, le Tricolore parvient toujours à retrouver son rang aux prix de dépassements souvent magnifiques. Le constat, quasiment identique à ceux-ci près que le nouvel enfant prodigue de Red Bull utilise les tendres et mediums en plus des supertendres, s’applique également au Néerlandais lui aussi crédité de quelques manœuvres osées pendant la course. Justement récompensés de leurs panaches, les deux hommes finiront d’ailleurs juste l’un derrière l’autre à de superbes 5ème et 6ème positions.
Débuts de rêve pour Vandoorne
Passé une énième fois à côté d’un gros coup en raison d’une stratégie pneumatique des plus hasardeuses, Massa (8ème) et Bottas (9ème) misant tous les deux sur des gommes mediums à la performance trop rapidement déclinante, les pilotes Williams achèvent leur pénible après-midi devant l’autre sensation de ce Grand Prix de Bahreïn, Stoffel Vandoorne. Appelé à la dernière minute par McLaren pour remplacer un Fernando Alonso encore diminué par sa spectaculaire cabriole de Melbourne, le prodigue belge a géré la première course de carrière tel un vieux briscard pour ramener de Sakhir une sensationnelle 10ème place à l’arrivée et débloquer le compteur de l’écurie basée à Woking. « Je ne peux pas être mécontent de mes débuts en F1, clame le champion en titre de GP2. J’ai seulement essayé de ne pas commettre la moindre erreur. Je n’avais aucun objectif pour cette course, ce point est donc fantastique. »
Impérial d’un bout à l’autre de ce deuxième rendez-vous de l’année, Nico Rosberg s’octroie à Bahreïn son 16ème succès en Formule 1 et consolide de ce fait sa place en tête du championnat des pilotes. Avec un score parfait de deux victoires en deux courses l’Allemand confirme que sa brillante fin de saison dernière n’était finalement pas qu’un feu de paille et que la décompression d’un Lewis Hamilton déjà sacré n’était pas la seule explication à son soudain regain de compétitivité. Fort d’une avance de 17 points sur son rival anglais, le natif de Wiesbaden se positionne dans les meilleures dispositions en vue d’une course au titre qui pourrait s’avérer nettement plus indécise que prévu.
Andrea Noviello
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