Course : Verstappen prodigieusement votre

Max Verstappen course Espagne 2016
Max Verstappen devient à Barcelone le premier Néerlandais de l'histoire à remporter un Grand Prix.
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Resté à l’inverse de son coéquipier Ricciardo sur une stratégie à deux arrêts, Max Verstappen a créé la sensation en remportant le Grand Prix d’Espagne, cinquième étape de la saison 2016 de Formule 1. Insensible à la pression de Kimi Räikkönen en fin de course, le prodigue néerlandais signe à 18 ans la première victoire de sa carrière devant le Finlandais de chez Ferrari et l’autre pilote de la Scuderia Sebastian Vettel.

Satellisé dans l’écurie phare du giron Red Bull quelques jours seulement après le quatrième rendez-vous de la saison en Russie, Max Verstappen n’affichait pas la moindre source d’inquiétude à son arrivée dans le paddock de Barcelone. Trop heureux de se voir offrir une promotion anticipée dans l’un des trois tops team du plateau, le prodigue néerlandais préférait ne retenir que les bons côtés de sa titularisation dans le team quadruple champion du monde plutôt que de s’épancher sur la pression supplémentaire qui allait obligatoirement peser sur ses jeunes épaules. D’entrée dans le rythme de son voisin de garage Daniel Ricciardo en essais libres, le fils de Jos a pourtant subi samedi un cinglant revers dans l’exercice du tour chronométré, accusant quatre bons dixièmes de retard sur « Smiling ».

Si cette mise au point de vice-champion 2010 de F3.5 en qualification aurait pu entamer une partie de l’inébranlable confiance qui anime le natif d’Hasselt, elle n’a au contraire fait que renforcer sa détermination à prendre sa revanche en course. Et le petit protégé d’Helmut Marko n’a pas raté son coup. Là où l’Australien leader depuis le début du Grand Prix a basculé sur une stratégie à trois arrêts au 28ème tour, tout comme Sebastian Vettel d’ailleurs, Verstappen est resté sur le plan initial à deux stops préconisé avant le départ. Un choix que l’Hollandais n’aura pas à regretter. Propulsé en tête du Grand Prix devant l’autre Ferrari de Kimi Räikkönen, le pilote Red Bull va résister tel un vieux briscard au retour du champion du monde 2007 pour conquérir à seulement 18 ans, 7 mois et 15 jours sa toute première victoire en Formule 1.

Les Mercedes Ko d’entrée

« C’est fantastique, révèle le transfuge de chez Toro Rosso. Je ne peux pas y croire. Ce fut un peu une course d’Endurance pour moi. Il a fallu tenir bon face à Kimi surtout dans les dix derniers tours. Je dois remercier l’équipe de m’avoir fourni une aussi bonne voiture. Je sais que mon père doit être fier de moi. Il m’a beaucoup aidé depuis que je suis jeune. Si je suis sur la plus haute marche du podium aujourd’hui à 18 ans, c’est avant tout à lui que je le dois. » À son père certes, mais aussi à une série d’événements favorables qui sont venus aider dans sa tâche celui que beaucoup d’observateurs jugeaient trop jeune pour la F1 il y a un an de cela. Installées une nouvelle fois sur la première ligne de la grille de départ, les Mercedes auront notamment fortement contribuées au succès du Batave pour sa première sortie chez Red Bull en se neutralisant dans la première boucle.

Auteur d’une assez bonne mise en action depuis sa pole position, Lewis Hamilton abandonne le commandement à son coéquipier Nico Rosberg dès le premier virage après avoir en vain tenté de protéger sa position en louvoyant dans l’interminable ligne droite de Barcelone. Sans doute frustré de perdre aussi vite le bénéfice de sa bonne qualification, l’Anglais ne tarde pas à réagir. Profitant d’un mauvais réglage moteur du vice-champion 2015, une erreur qui se traduit par une recharge des batteries sur la monoplace du natif de Wiesbaden, et d’une plus grande vitesse en sortie du virage 3, le pilote flanqué du numéro 44 attaque Rosberg par l’intérieur. Pas décidé à céder un bien si chèrement acquis au départ, l’Allemand traverse toute la piste, envoyant l’autre flèche d’argent dans l’herbe.

Mano à mano Ferrari-Red Bull

En perdition totale au volant de sa W07, Hamilton glisse sur la pelouse jusqu’au virage 4 avant de venir se fracasser contre son coéquipier, envoyant les deux Mercedes dans le bac à gravier. La direction de course neutralise aussitôt l’épreuve en sortant la voiture de sécurité en piste le temps d’évacuer les deux flèches d’argent. Après trois tours passés derrière le safety-car, le peloton est relancé au 4ème passage avec les deux Red Bull de Daniel Ricciardo et de Max Verstappen en tête devant la Toro Rosso du local de l’étape Carlos Sainz. Auteur d’un envol ébouriffant, l’Espagnol ne résistera hélas pas longtemps aux Ferrari de Sebastien Vettel et de Kimi Räikkönen derrière lui. Malgré une défense très limite du natif de Madrid, les pilotes de la Scuderia parviennent à prendre le meilleur sur la Toro Rosso avant le 10ème tour.

La chasse aux Red Bull est alors lancée. Si la première valse des changements ne bouleverse pas la hiérarchie entre les quatre hommes de tête, elle permet toutefois aux Ferrari de se rapprocher des monoplaces autrichiennes. Incontestable leader depuis le début du Grand Prix, Ricciardo compte toujours plus d’une seconde d’avance sur son coéquipier Verstappen lorsque l’Australien rattrape les premiers retardataires dans la 24ème boucle. Sentant la menace de la Scuderia poindre, les têtes pensantes de Red Bull décident de scinder en deux la stratégie de leurs pilotes. Alors qu’on le croyait d’abord destiné à celui qui est à ce moment là le moins bien placé des deux, autrement dit Verstappen, ce revirement stratégique s’applique à Ricciardo, l’Hollandais restant lui sur deux stops.

Räikkönen impuissant

Ferrari applique la même recette, Vettel s’arrêtant une deuxième fois à son box au 29ème passage soit un tour après son ancien coéquipier chez Red Bull, et laisse à Räikkönen le loisir de pourchasser Verstappen. Ils ne le savent pas encore, mais ce sont eux qui vont se battre pour la victoire finale. Rapidement mis hors-jeu par une stratégie pour le moins étrange, le natif d’Heppenheim stoppant une troisième fois au 37ème tour soit huit boucles seulement après son précédant pit-stop, Vettel ne parviendra à accrocher que la 3ème à l’arrivée après avoir résisté à Ricciardo lui aussi victime de sa stratégie à trois stops. Dernier pilote capable d’empêcher Verstappen de créer l’exploit, « Ice-Man » infligera une grosse pression au fils de Jos dans les dix dernières boucles, mais devra lui aussi s’incliner devant la maestria du prodige de chez Red Bull.

Passé maître dans l’art de banaliser les performances extraordinaires, Max Verstappen entre un peu plus dans l’histoire de la F1 en raflant à Barcelone un premier succès d’anthologie. Critiqué avant même d’effectuer ses débuts dans la catégorie reine l’an dernier, le Néerlandais valide l’incroyable pari opéré par la direction de Red Bull et adresse un joli pied de nez à ceux qui voyaient en lui qu’un nouveau coup marketing de la part de la marque de boissons autrichienne. Entré dans le très fermé cercle des vainqueurs de Grand Prix dès sa première course avec le team managé par Christian Horner, Verstappen se pose à seulement 18 ans comme la nouvelle star d’une discipline en quête de renouvellement.

Andrea Noviello

Kimi Raikkonen course Espagne 2016
Kimi Raikkonen enregistre en Espagne le 83ème podium de sa carrière en Formule 1.
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