Course : Vettel au petit trot

Sebastian Vettel course Hongrie 2017
Sebastian Vettel coiffe à Budapest sa septième victoire au volant d'une Ferrari.
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Ralenti dès le restart par une direction faussée, Sebastian Vettel s’est tout de même adjugé le Grand Prix de Hongrie, onzième manche de la saison 2017 de Formule 1. De nouveau favorisé stratégiquement par la Scuderia, l’Allemand enlève la 46ème victoire de sa carrière et renforce sa position de leader au championnat. Contraint de rester sagement derrière son coéquipier, Kimi Räikkönen offre à la Scuderia son second doublé de l’année tandis que Valtteri Bottas complète le podium après s’être vu offert sur un plateau la troisième place par l’autre flèche d’argent de Lewis Hamilton.

De prime abord rien ne rapproche le rendez-vous le plus glamour de la saison de celui qui a symboliquement signifié la fin du rideau de fer en Hongrie. Pourtant, entre Monaco et le Hungaroring de nombreuses similitudes peuvent être dressées à l’issue de cette onzième étape de la saison 2017. Outre l’exiguïté de leur tracé et la quasi-impossibilité de dépasser en course, les deux Grand Prix ont accouché d’un scénario quasiment identique et programmé à l’avance par une Scuderia Ferrari désireuse de ne pas laisser filer l’une de ses plus grandes chances de (re)conquérir la couronne mondiale depuis son échec sur le fil en 2012. En Principauté, Kimi Räikkönen avait mis, dès les qualifications, toutes les chances de son côté pour enfin regoûter aux joies d’un succès, lui qui court derrière une victoire depuis plus de quatre ans (Australie 2013). Mais une entourloupe stratégique made in Maranello, un arrêt anticipé du Finlandais ouvrant la voie du succès à son coéquipier Sebastian Vettel, avait eu raison des ambitions du Finlandais.

Cette fois, « Baby-Schumi » s’était montré le plus inspiré dans l’exercice du tour chronométré. Toutefois, une direction faussée allait rapidement le contraindre à adopter un rythme bien inférieur à celui du champion du monde 2007. Sous la menace directe de son voisin de garage, l’Allemand a de nouveau pu compter sur le soutien des stratèges de la Scuderia pour ne pas perdre la tête des opérations aux jeux des changements de pneus. En rappelant Räikkönen un tour seulement après Vettel alors que le Nordique pouvait clairement aller plus loin, Ferrari a définitivement scellé le sort du Grand Prix et offert à son pilote vedette son 46ème triomphe au volant d’une F1. « Cette course a été très difficile, concède le quadruple champion du monde. J’ai eu beaucoup à faire cet après-midi. Trois ou quatre tours après la voiture de sécurité, j’ai senti que quelque chose clochait avec la direction. La situation s’est empirée au fil des tours, j’ai donc cherché à éviter les vibreurs. Kimi était plus rapide que moi et je lui ai clairement compliqué la tâche. Gagner ici nous permet de partir en vacances le cœur léger. Je suis sur un nuage. »

Rififi chez Red Bull

Installé dans sa position favorite de pointe sur la grille, Vettel négocie parfaitement le départ et conserve habillement l’avantage de sa pole position, suivi comme son ombre par la seconde Ferrari de Räikkönen. Si Valtteri Bottas parvient à limiter la casse en se maintenant à sa troisième place derrière le duo de la Scuderia, l’autre pilote Mercedes ne peut pas en dire autant. Surpris à l’extinction des feux par les deux Red Bull de Max Verstappen et de Daniel Ricciardo, Lewis Hamilton va néanmoins regagner une place dans le virage 3 après l’accrochage entre le prodigue néerlandais et son voisin de garage australien. Percuté de plein fouet par le Batave au niveau du radiateur, « Smiling » doit mettre pied à terre quelques mètres plus loin après être parti en tête-à-queue au cœur d’un peloton particulièrement agité. Outre le nouveau contact viril entre les deux Force India d’Esteban Ocon et de Sergio Perez, le virage 1 est le théâtre d’une autre échauffourée musclée entre la Haas de Romain Grosjean et la Renault de Nico Hulkenberg.

« Ma course a été compromise dès le premier virage quand j’ai été percuté, regrette le Français. Tout a ensuite tourné de travers, de ma crevaison jusqu’à mon abandon pour une roue mal serrée. » Si le sort du Tricolore sera scellé au bout du 22ème tour, il faudra attendre bien plus longtemps pour voir ce onzième rendez-vous de la saison se décanter. Car entre la fin de la neutralisation derrière la voiture de sécurité (après cinq interminables tours) et l’abandon de Grosjean rien ou presque n’aura inciter les spectateurs du Hungaroring à sortir de leur torpeur dominicale. Excepté la pénalité infligée à Verstappen pour sa responsabilité dans l’accrochage avec Ricciardo et le dépassement télécommandé d’Hulkenberg sur son coéquipier Jolyon Palmer dans la 18ème boucle, aucun élément ne vient chambouler le scénario d’un Grand Prix complètement figé. Clairement dominatrice en ce début d’épreuve, les Ferrari de Vettel et de Räikkönen impriment un rythme que ni la Mercedes de Bottas ni la Red Bull de ce même Verstappen ne peuvent contester.

Räikkönen (encore) sacrifié par Ferrari

Incapable de se rapprocher suffisamment près du Hollandais pour porter une attaque, un mal qui touche tout le peloton sur le tourniquet hongrois, Hamilton est de surcroît privé de communication radio avec ton team, la faute à un câble optique défaillant. Amputée de l’un de ses potentiels plus grand animateur, cette course magyare va pourtant prendre une tournure inattendue après plus d’une demi-heure d’un soporifique défilé à haute vitesse. Assis sur une confortable marge de deux secondes sur la seconde Ferrari de Räikkönen, Vettel voit son problème de direction sérieusement s’empirer au point de devoir sensiblement ralentir la cadence. Obligé de s’accommoder d’un volant tirant sur sa gauche, le quadruple champion du monde perd progressivement du terrain sur son voisin de garage tandis que derrière les Mercedes en profitent pour ouvrir le bal des arrêts au stand. Après Bottas au 31ème tour, Hamilton effectue son changement de pneus la boucle suivante, poussant la Scuderia à rapatrier elle aussi ses pilotes à leur box.

Appelé logiquement en premier, Vettel exécute son pit-stop au 33ème passage tandis que Räikkönen fait le forcing en piste pour tenter de prendre le meilleur sur « Baby-Schumi ». Bien que ralenti par la Williams de Di Resta, ce qui vaudra à l’Écossais une pique acidulée d’« Ice-Man » par radio interposée, le champion du monde 2007 peut enfin adopter son vrai rythme. Soucieuse de ne pas voir le Finlandais dépasser dans les stands celui qu’elle juge comme sa plus grande chance de coiffer la couronne mondiale, la Scuderia impose à Räikkönen un arrêt prématuré à son box, mettant ainsi fin aux chances de victoires de l’ancien pilote Lotus. « J’aurais pu rester plus longtemps en piste, affirme non sans une pointe de rancœur le natif d’Espoo. Je voulais gagner. » Ferrari ayant ouvertement affiché sa préférence en faveur de Vettel, Räikkönen se voit réduit à un rôle ingrat de lieutenant. Car derrière, la menace Mercedes s’organise. Revenu à moins d’une seconde de la monoplace sœur de Bottas, Hamilton, qui a entre-temps retrouvé l’usage de sa radio, demande ouvertement à son équipe de le laisser passer devant le Finlandais.

Le geste de classe d’Hamilton

Bottas ne trouvant pas l’ouverture sur les Ferrari, Mercedes ordonne à son pilote de s’effacer devant le triple champion du monde. Le natif de Nastola s’exécute avec ostentation au 46ème passage en s’arrêtant complètement dans le premier virage. Il sera, plus tard, récompensé de son aide. Débarrassé de son coéquipier, Hamilton amorce alors un retour rapide sur la monoplace de Räikkönen. Entré dans la zone DRS, l’Anglais ne réussit pourtant pas à menacer réellement la Ferrari du Finlandais. Sans erreur du duo de la Scuderia, le triple champion du monde est condamné à se contenter de la troisième marche du podium. Moins cadenassée à l’arrière du peloton, la course offre alors un triste reflet de ce que sont hélas trop souvent devenus les duels rapprochés de nos jours en Formule 1. Grand perdant de la valse des changements de gommes, un pneu récalcitrant lui faisant perdre une dizaine de secondes, Hulkenberg attaque par l’extérieur la Haas de Kevin Magnussen dans le virage 3 pour le gain de la onzième place.

Coutumier des manœuvres particulièrement dangereuses, le Danois pousse sans ménagement la Renault de l’Allemand dans l’herbe ce qui lui vaudra une pénalité de cinq secondes et les remontrances du vainqueur 2015 des 24 Heures du Mans. « Je n’ai rien contre les bagarres viriles, mais il a tout simplement été sans pitié en me jetant hors de la piste, enrage Nico. Kevin est une personne méchante et malhonnête. Je suis d’accord qu’on se défende à condition de ne pas envoyer tout le monde dans le mur. » En souffrance avec ses gommes après être resté trop longtemps dans le sillage des Ferrari, Hamilton finit, lui, logiquement par abdiquer. Ses chances de succès étant réduites à néant, l’Anglais décide de respecter son engagement et de rendre la pareille à son coéquipier Bottas. Le triple champion du monde s’écarte dans le dernier virage, offrant sur un plateau la troisième marche du podium au Finlandais. « Ma raison m’incitait à ne pas négliger le moindre point, mais mon cœur me dictait de rendre la place à Valtteri, confie Lewis. Je l’ai fait pour l’équipe. Je serai peut-être rattrapé sur la fin, mais j’assume ma décision. Je veux gagner le championnat décemment. »

Andrea Noviello

Fernando Alonso course Hongrie 2017
Fernando Alonso signe en Hongrie son meilleur résultat de la saison avec une belle 6ème place.
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