En net progrès depuis le début de la saison, Ferrari a créé la surprise en dominant la deuxième séance libre du jeudi. Jamais en mesure de bousculer les ogres Mercedes et Red Bull jusque-là, la Scuderia a peut-être les moyens de tirer son épingle du jeu sur l’impitoyable tourniquet de la Principauté.
Sa saison 2020 fut un calvaire. Un long chemin de croix dont personne, à commencer par elle, n’aurait imaginé l’ampleur après une seconde moitié de championnat 2019 tonitruante (trois victoires et six pole positions après le retour des vacances. Ndlr). Frappée de plein fouet par le tour de vis des instances au sujet de l’épineux dossier du débit de carburant, la Scuderia Ferrari a vécu un véritable cauchemar l’an dernier, enchaînant les performances toutes plus insipides les unes que les autres. Reléguée à une lointaine sixième place au classement des constructeurs, soit son pire résultat depuis l’exercice 1980, la mythique équipe italienne s’attendait à devoir de nouveau courber l’échine cette année, la réglementation technique empêchant les équipes de profondément modifier les dessins de leur monoplace pendant la très courte trêve hivernale.
Résolument prudente au sortir d’essais d’intersaison trop brefs (trois jours de tests seulement. Ndlr) pour donner une réelle vision des forces en présence, l’écurie chère à Enzo Ferrari a pourtant démarré la saison 2021 du bon pied, Charles Leclerc comme le nouveau venu Carlos Sainz engrangeant régulièrement des points (60 unités inscrites à eux deux en quatre courses. Ndlr) au volant d’une SF21 nettement plus fringante que la décevante SF1000 de l’an dernier. « L’équipe a conçu une auto assez équilibrée cette année, explique le Monégasque lors d’une visioconférence organisée par Ferrari en marge du Grand Prix de Monaco. Contrairement à 2019 où cette différence était nettement plus marquée, la monoplace actuelle n’est pas beaucoup plus forte dans un domaine que dans un autre. Que ce soit le moteur ou l’aérodynamique, tout est relativement homogène. »
« Une première journée très positive »
Arrivée à Monaco forte d’une confiance en perpétuelle expansion, la Scuderia a néanmoins vu rejaillir quelques vieux démons à l’occasion de la toute première séance libre de la journée, la boîte de vitesses de Charles Leclerc refusant d’enclencher le quatrième rapport ce qui allait contraindre l’enfant du pays à rester immobilisé à son box toute la matinée. Amputée, momentanément, de sa principale force de frappe, l’écurie italienne a, toutefois, pu compter sur un Carlos Sainz particulièrement fringuant pour sa première sortie en rouge dans les rues de la Principauté. Auteur d’un très joli deuxième temps en libres 1 (il échoue à seulement 119 millièmes de secondes du chrono de référence fixé par la Red Bull de Sergio Perez. Ndlr), l’Espagnol a confirmé la bonne disposition des Ferrari sur le tourniquet princier dans l’après-midi en s’adjugeant, de nouveau, le deuxième temps derrière la monoplace sœur d’un Leclerc enfin débarrassé de ses ennuis techniques.
« L’équipe a connu une première journée très positive, consent le fils du double champion du monde des rallyes. Mais ce n’était que les essais libres. Les choses peuvent changer de manière radicale sur ce circuit entre jeudi et samedi. On doit donc rester concentré. Même si je suis plutôt satisfait du comportement de la voiture, nous allons continuer à travailler d’arrache-pied pendant les deux prochains jours pour essayer de comprendre où l’on peut encore progresser. » Visiblement à l’aise sur le très tortueux tracé princier, les hommes de Mattia Binotto vont cependant devoir élever leur niveau de jeu dans l’exercice de la vitesse pure s’ils souhaitent réellement menacer les deux principales forces de ce championnat, Mercedes et Red Bull. Jamais en mesure d’intégrer le top 3 des qualifications jusqu’à présent, Ferrari tient peut-être sa plus belle chance de faire tomber ce plafond de verre ce week-end à Monaco.
Andrea Noviello
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