Les Flops du Grand Prix de Belgique

Max Verstappen

À force de ne jamais être inquiété par une Fédération Internationale de l’Automobile étrangement clémente avec lui, Max Verstappen s’est cru au-dessus de tout en Belgique. Résultat ? Le jeune prodigue a raté son Grand Prix à domicile (faute de course au Pays-Bas) sur toute la ligne. Bluffant en qualification, il signe un incroyable deuxième chrono à seulement 149 millièmes de la pole de Rosberg, le pilote Red Bull s’est tiré seul une balle dans le pied en manquant complètement son envol. Dépassé par les deux Ferrari à l’extinction des feux, le Néerlandais n’a pas été capable de refreiner ses ardeurs au premier virage, tentant un dépassement kamikaze à la Source qui ne pouvait que mal se terminer. Percuté par Räikkönen, le fils de Jos perd une partie de son aileron avant et passe à deux doigts de la catastrophe en négociant l’Eau Rouge comme si de rien n’était. Obligé de renter à son box à la fin du premier tour afin de monter un museau neuf, le natif d’Hasselt en profite pour basculer en pneus médiums. Équipé d’un nouveau train de médiums dans la 10^ème boucle à la relance du Grand Prix, le protégé d’Helmut Marko oppose deux tours plus tard une résistance plus que discutable à Räikkönen au virage des Combes. Non content d’avoir délibérément envoyé « Ice-Man » en dehors des limites de la piste, la nouvelle star du paddock se fend d’une manœuvre encore plus répréhensible au 13^ème passage en changeant de trajectoire trop tardivement devant la Ferrari dans la ligne droite de Kemmel. Impuni en dépit de son attitude scandaleuse en piste, le Batave conclura son « festival » sur une nouvelle action contestable au détriment de Perez dans la 26^ème boucle, soit un tour avant son dernier passage par les box, ce qui ne changera toutefois rien à sa piteuse 11^ème place à l’arrivée. Un comportement inadmissible.

FIA

Il serait peut-être grand temps qu’un sérieux ménage de printemps soit fait au sein l’autorité régulatrice de la Formule 1. Ridicule par son manque de clairvoyance et de cohérence, la Fédération International de l’Automobile a sans doute touché le fond à Spa. Avide des sanctions à tout-va, et souvent sans grand fondement, l’instance dirigeante a ouvertement ignoré l’attitude intolérable de l’étoile montante de la catégorie reine Max Verstappen sous prétexte de ne pas vouloir écorner l’image de celui qui représente le futur de la discipline. Intransigeants avec Gutierrez la veille en essais libres, le Mexicain a écopé d’une pénalité de cinq places sur la grille pour avoir roulé au ralenti dans le virage de l’Eau Rouge au risque de se faire emboutir par la Manor de Wehrlein, Charlie Whiting et ses acolytes n’ont même pas dédaigné ouvrir une enquête sur le Néerlandais malgré la colère légitime de Räikkönen à la radio. Un comble quand on sait que la FIA a fait du risque zéro en piste son cheval de bataille et que les commissaires de course passent leur temps à éplucher le moindre incident à la loupe, aussi minime soit-il. En octroyant une impunité totale à Verstappen, l’instance dirigeante va à l’encontre même de ses beaux principes de traitement égalitaire quelque soit l’identité du pilote concerné. Plus grave, elle envoie surtout le pire des messages à une nouvelle génération déjà très encline à outrepasser les limites de fair-play et de respect en piste. Sans une sérieuse remise en question de son fonctionnement interne et de son aberrante politique de sanctions, la FIA encourt le risque d’être confronté à un nouvel incident dramatique, elle qui porte déjà l’entière responsabilité de l’accident mortel du regretté Jules Bianchi. Du changement et vite.

Kevin Magnussen

Toujours dans l’expectative quant à son avenir chez Renault, et en Formule 1 plus largement, Kevin Magnussen n’a pas vraiment arrangé son cas en explosant sa RS16 dans l’Eau Rouge au sixième tour de course. Et dire que pour une fois, le Danois semblait avoir enfin rassemblé toutes les pièces du puzzle. Très joli 12^ème chrono dans l’exercice du tour chronométré, il signe sa meilleure qualification de l’année et relègue l’autre monoplace jaune de Palmer à quatre dixièmes, le fils de Jan prend un bel envol et gagne deux places au détriment des Ferrari. Propulsé en neuvième position suite à l’abandon prématuré de Sainz dans la deuxième boucle, le pilote Renault grimpe encore d’un rang lorsque Massa s’arrête à son box monter des pneus tendres. Installé à une inespérée huitième position au moment où le Grand Prix est relancé au quatrième passage, le champion 2013 de F3.5 reste deux tours durant dans le sillage de son coéquipier Palmer avant d’inexplicablement perdre le contrôle  de sa monoplace au sommet du Raidillon. Victime d’un terrible coup de raquette après avoir légèrement talonné sur le vibreur, le Nordique s’en va violemment percuter la barrière de protection pneumatique, détruisant au passage complètement son auto. Sorti indemne de ce choc effrayant, si on excepte une légère coupure à la cheville, l’ancien protégé de McLaren ne devrait en toute logique pas voir sa participation au prochain Grand Prix d’Italie compromise. En revanche pour ce qui est de son futur du côté de la marque au losange, ce nouveau faux-pas risque bien de sceller définitivement son sort à l’heure où Renault envisage avec de plus en plus d’attention la possibilité de renouveler totalement sa paire de pilotes pour 2017. La sortie est proche.

Pascal Wehrlein

Serait-ce l’arrivée d’un autre petit joyau de Mercedes dans les rangs de Manor qui lui aurait fait perdre ses moyens en course ? À ce jour nul ne le sait, mais toujours est-il que Pascal Wehrlein a anéanti en seulement quelques mètres les promesses d’une qualification pour le moins réussie. Largement dominé par Ocon lors des libres 1, ce à quoi il répondra en étrillant à son tour le Français dans la séance de l’après-midi, le natif de Sigmaringen passe tout près d’harponner la Haas au ralenti de Gutierrez à la sortie de l’Eau Rouge dans l’ultime séance libre du samedi matin. Très remonté envers le Mexicain à qui il adressera quelques noms d’oiseaux par radio, l’Allemand réalise une très belle séance qualificative, s’octroyant le 16^ème chrono du jour après s’être notamment adjugé un incroyable neuvième temps en Q1. Crédité d’une mise en action poussive, le protégé de la firme à l’étoile profite de la cohue du premier virage pour gagner plusieurs places dans la montée vers l’Eau Rouge. En lutte avec son coéquipier Ocon dans la ligne droite de Kemmel, le pilote Manor retarde au maximum son freinage aux Combes afin de conserver l’avantage sur le débutant tricolore. Surpris par le ralentissement soudain de Button devant lui, le champion 2015 de DTM ne parvient pas à éviter la McLaren du Britannique et le percute assez sévèrement par l’arrière. Les dommages étant trop importants sur sa machine, le rookie se voit contraint et forcé de mettre pied à terre pour la troisième fois de l’année avant même d’avoir pu accomplir un seul tour. Souvent fluctuant dans ses performances aux côtés d’Haryanto, Wehrlein va désormais devoir s’étalonner face à un pilote d’un tout autre calibre et sans un minimum de régularité dans ses prestations, sa flatteuse réputation pourrait bien en prendre un coup. Attendu au tournant.

Andrea Noviello