Les Flops du Grand Prix de Russie

Daniil Kvyat

Monté sur le deuxième podium de sa carrière deux semaines plus tôt en Chine, Daniil Kvyat a sombré dans le grand n’importe quoi à l’occasion de son Grand Prix à domicile. Cible des critiques virulentes de Vettel après sa manœuvre osée du premier virage à Shanghai, le Russe s’est cette fois attiré les foudres d’une bonne partie du paddock à cause de son trop plein d’agressivité lors du premier tour de cette quatrième manche de la saison. Désireux de briller devant son public, le natif d’Oufa aura au final tout raté à commencer par sa séance de qualification. Modeste 8^ème chrono à plus de trois dixièmes de son coéquipier Ricciardo, il perd son quatrième face à face consécutif avec l’Australien dans l’exercice du tour chronométré, le pilote Red Bull prend un envol moyen à l’extinction des feux. Sans doute agacé de ne pas avoir su gagner de place au départ, le champion 2013 de GP3 tente un freinage suicidaire au virage 2 et harponne une première fois la Ferrari de Vettel. Pas attentif au ralentissement de l’Allemand dans la courbe suivante, il envoie « Baby-Schumi » dans le mur, détruisant définitivement son aileron avant. Logiquement sanctionné d’un stop and go de 10 secondes au 9^ème tour, le protégé d’Helmut Marko tentera sans succès de remonter en pneus médiums, mais achèvera sa course chaotique à une bien triste 15^ème place. Recasé chez Toro Rosso à partir du prochain Grand Prix, Kvyat risque de voir son avenir s’obscurcir dans l’écurie autrichienne s’il ne réagit pas à Barcelone. Dans l’œil du cyclone.

Esteban Gutierrez

Totalement éclipsé par Grosjean depuis le début des hostilités en Australie, Esteban Gutierrez a encore un peu plus terni sa réputation à Sotchi en se rendant coupable d’une nouvelle bourde grossière au départ. Passé à un souffle de devancer une première fois le Français en qualification, il échoue à 60 millièmes du natif de Genève, le protégé de Carlos Slim va, à l’inverse de son coéquipier, complètement se manquer lors de l’extinction des feux. Dépassé dès les premiers mètres par les deux Renault de Magnussen et Palmer, le Mexicain tente de regagner des positions à l’amorce de la chicane, mais freine beaucoup trop tard. Le pilote Haas accroche violemment Hulkenberg avant de voir, par effet domino, la Force India de l’Allemand lui arracher l’aileron avant. Contraint de s’arrêter à son stand réparer les dégâts à la fin du 1^er tour, le natif de Monterrey en profite pour monter des pneus mediums. Pénalisé d’un drive-through par les commissaires pour son implication dans le chaos du deuxième virage, il exécute sa sanction au 10^ème passage sans toutefois perdre sa 18^ème place. Passé par Kvyat dans la 19^ème boucle, l’ancien pilote de développement chez Ferrari végète un long moment en dernière position avant de finalement prendre le meilleur sur Wehrlein à 14 tours de l’arrivée. Fade 17^ème sous le drapeau à damier, tandis que dans le même temps Grosjean inscrivait de nouveaux points, Gutierrez va devoir très rapidement refaire surface sous peine de voir son retour en F1 écourté un peu plus tôt que prévu. Désolant.

Jolyon Palmer

Les courses se suivent et les désillusions s’enchaînent pour Jolyon Palmer. Déjà au fond du trou à Shanghai, le Britannique a encore vécu en calvaire à l’occasion de ce Grand Prix de Russie. 18^ème chrono des qualifications, il concède surtout plus de quatre dixièmes de retard à Magnussen, le fils de Jonathan s’extirpe assez bien de son emplacement sur la grille et passe sans encombre les trois premiers virages. Remonté à la 10^ème position juste derrière son voisin de garage à l’amorce du 2^ème tour, le pilote Renault parvient à garder le contact pendant tout le premier relais sans toutefois être en mesure d’inquiéter le Danois. Appelé à son box pour chausser les gommes tendres au 14^ème tour, le natif d’Horsham ressort en 14^ème position, un rang qu’il va occuper jusqu’à l’abandon de Verstappen dix-neuf boucles plus tard. Incapable de suivre la cadence imprimée par l’autre monoplace de la marque au losange, ni même de gagner la moindre position en piste, le champion 2014 de GP2 ne réussira jamais à inquiéter la McLaren de Button devant lui. Pire, il cède facilement à l’attaque de Ricciardo au 50^ème passage, achevant sa terne prestation à une peu reluisante 13^ème place. Encore une fois largement dominé par Magnussen à Sotchi, Palmer manque une belle occasion de débloquer son compteur point et de se rassurer après une entame de championnat plus que décevante. Sans un sursaut rapide de sa part, son avenir chez Renault pourrait rapidement s’assombrir d’autant que derrière Ocon et Sirotkin n’attendent que le moindre faux-pas pour le remplacer à bord de la RS16. Doit se réveiller.

Carlos Sainz

Clairement moins en réussite que son coéquipier Verstappen cette saison, Carlos Sainz avait l’occasion de marquer son territoire dans le giron Toro Rosso le jour du premier abandon du prodigue néerlandais depuis 13 Grand Prix. Hélas pour lui, le fils du double champion du monde des rallyes n’a pas su profiter de cet incident et d’une course mouvementée pour tirer son épingle du jeu. Resté à la porte de la Q3, il se plaindra après coup d’avoir été fortement gêné par Kvyat dans son dernier tour lancé, l’Espagnol s’élance brillamment depuis le côté propre de la piste, éliminant d’entrée son voisin de garage malgré une manœuvre très limite du Batave. Trop prudent dans les virages 2 et 3, il perd six places d’un coup chutant en 11^ème position derrière les deux Renault. Pire, des débris restés sur la piste après les multiples accrochages du 1^er tour viennent se loger dans les pontons de sa monoplace, limitant de facto la puissance de son groupe propulseur. Pas en mesure de faire sauter le bouchon Palmer, il anticipe son premier et unique changement de gommes au 11^ème tour, sans toutefois parvenir à passer l’Anglais. Après plusieurs tentatives infructueuses, le natif de Madrid élimine finalement la Renault dans la 23^ème boucle. Sa défense un peu trop agressive sur le rookie britannique lui vaudra cependant une pénalité de temps de 10 secondes sur son temps final. Doublé par Button au 49^ème tour, Sainz termine son Grand Prix à une frustrante 11^ème position, très loin de la 6^ème place longtemps détenue par Verstappen avant son abandon. Un jour sans.

Andrea Noviello