Théâtre de la manche inaugurale de la saison de Formule 1 depuis sa délocalisation à Melbourne en 1996, le Grand Prix d’Australie réserve chaque année son lot de surprises. Épreuve atypique par excellence, la manche australienne est parvenue à s’imposer au fil des ans comme l’un des rendez-vous majeurs du calendrier. Retour sur les cinq dernières éditions disputées dans les rues de l’Albert Park.
2015 : Hamilton en mode Terminator
Auréolé d’une deuxième couronne mondiale, Lewis Hamilton se présente à Melbourne dans la peau de grand favori à sa propre succession. Sorti vainqueur de son affrontement fratricide avec Nico Rosberg en 2014, le Britannique amorce sa troisième saison chez Mercedes l’esprit libéré. Convaincu de pouvoir décrocher un autre titre au volant de la sublime W06, l’ancien protégé de Ron Dennis va littéralement dominer le week-end australien de la tête et des épaules. Si le fils de Keke avait fait mieux que soutenir la comparaison la saison précédente, jamais l’Allemand ne pourra rivaliser avec le natif de Stevenage dans les rues de l’Albert Park. Magistral lors des qualifications, il colle six dixièmes à « Britney », Hamilton se montre tout aussi brillant en course. Parfait lors de l’extinction des feux, le champion du monde en titre tient à distance son voisin de garage pendant tout le Grand Prix et cueille avec panache le 34ème succès de sa carrière. La chasse aux trois titres de son idole Ayrton Senna est lancée.
2014 : Rosberg décroche la première flèche
Dominé sur le plan comptable par son nouvel équipier Lewis Hamilton en 2013, Nico Rosberg est pourtant parvenu à décrocher une victoire de plus que le Britannique pour leur première année de cohabitation chez Mercedes. Particulièrement serein après des essais hivernaux qui ont vu les flèches d’argent se montrer intouchables, le fils de Keke s’invite logiquement sur la première ligne de la grille de départ au côté de son voisin de garage. Bien que positionné sur le côté le moins adhérent de la piste, « Britney » tire profit des ennuis du Britannique au départ, Hamilton est victime de la casse de l’un de ses cylindres, pour lui subtiliser d’entrée les commandes du Grand Prix. Débarrassé de la menace de l’Anglais dès le troisième tour, l’ancien pilote Williams se contente alors de gérer son confortable matelas d’avance sur la Red Bull de Ricciardo. Impérial au volant d’une Mercedes largement supérieure à la concurrence, Rosberg s’offre sans forcer sa quatrième victoire en carrière et assène un 25-0 à Hamilton dans la course au titre mondial. La bataille entre les deux anciens amis d’enfance peut commencer.
2013 : Räikkönen met la gomme
De retour en Formule 1 après une pause de deux ans sur les routes escarpées du WRC, Kimi Räikkönen a ponctué sa saison 2012 d’une splendide victoire dans la nuit étoilée d’Abou Dhabi. Présenté comme l’un des outsiders du championnat 2013 compte-tenu de l’impressionnante docilité démontrée par la Lotus avec les nouvelles gommes Pirelli, « Ice-Man » entame pourtant timidement son week-end australien. Seulement septième chrono d’une séance qualificative perturbée par la pluie et dont la dernière partie a été reportée au dimanche matin, le Finlandais s’extirpe brillamment lors de l’extinction des feux gagnant deux places au détriment de Nico Rosberg et de Mark Webber. Solidement installé au cinquième rang pendant tout le premier relais, le champion du monde 2007 met à profit les qualités de sa E21 et ses facultés à bien économiser les pneus pour n’opérer que deux arrêts au stand contre trois à tous ses adversaires. Propulsé en tête du Grand Prix dans le 23ème tour, Räikkönen réalise un festival et s’en va quérir non sans brio le 20ème succès de sa carrière. Cette fois plus de doutes : le grand Kimi est bel et bien de retour.
2012 : Button la force de l’habitude
Premier pilote en mesure de battre Lewis Hamilton sur la durée d’un championnat en 2011, Jenson Button aborde la saison 2012 fort d’une confiance à son paroxysme. À la peine depuis deux ans, McLaren a vécu un hiver des plus prometteurs et se pose comme l’un des principaux opposants au rouleau compresseur Red Bull. D’emblée à la fête dans les rues de l’Albert Park, le champion du monde 2009 confirme le potentiel de la MP4-27 en s’adjugeant un très joli deuxième chrono lors de la séance qualificative juste derrière son voisin de garage Hamilton. Auteur d’un excellent envol, le Britannique élimine son coéquipier et vire en tête dans le premier virage. Très rapidement nanti d’un confortable matelas d’avance sur l’autre pilote de Woking, Button domine cette manche d’ouverture avec maestria. Ni ses deux passages par les stands, ni l’intervention de la voiture de sécurité suite à l’abandon de Vitaly Petrov n’entraveront la marche triomphale du « playboy » de la F1. Button coiffe son troisième succès à Melbourne et se pose comme l’un des grands favoris à la succession de Sebastian Vettel.
2011 : Vettel la promenade de santé
Sacré plus jeune champion du monde de l’histoire en 2010, Sebastian Vettel attaque la saison 2011 avec la certitude de jouir d’un statut de pilote numéro un dans l’écurie Red Bull. Grand gagnant d’un duel pas toujours tendre avec son coéquipier Mark Webber, l’Allemand sait en outre pouvoir compter sur une arme redoutable avec la RB7. Souveraine pendant l’hiver, la dernière création du génial Adrian Newey pousse à son paroxysme le système des échappements soufflés déjà entrevu sur la RB6 l’année précédente. Et « baby-schumi » sait mieux l’exploiter que quiconque. Crédité d’une pole sensationnelle, il colle sept dixièmes à Lewis Hamilton sans même utiliser son KERS, le natif d’Heppenheim s’envole littéralement dès l’extinction des feux. Inébranlable malgré la pression du pilote McLaren dans le premier relais, le petit protégé d’Helmut Marko se détache inexorablement du Britannique au fil des tours. Clairement au dessus du lot, Vettel écrase la deuxième partie du Grand Prix et conquiert avec plus de 22 secondes d’avance sur son dauphin Hamilton la 11ème victoire de sa carrière en F1. L’hégémonie du duo Vettel-Red Bull n’en est qu’à ses prémices.
Andrea Noviello
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