Les Flops du Grand Prix d’Australie

FIA

Jamais la dernière quand il est question de chambouler une réglementation déjà très complexe, la Fédération Internationale de l’Automobile pensait enfin avoir trouvé la solution miracle pour redonner du piment à des séances qualificatives relativement mornes depuis plusieurs saisons. En mettant sur pied un système de « chaises musicales » contre l’avis des pilotes et des équipes à seulement deux semaines du coup d’envoi de la saison 2016, les têtes pensantes de l’instance dirigeante se sont fourvoyées sur toute la ligne. Non contente d’être incompréhensibles pour les spectateurs présents dans les tribunes de l’Albert Park, les nouvelles qualifications ont accouché d’un bien triste spectacle. Entre la tragicomique élimination des Haas en Q1, la résignation des McLaren et autres Force India en Q2 ou encore l’absence totale de spectacle en Q3, le système censé obliger les pilotes à rester constamment en piste a sombré dans l’absurdité et le ridicule le plus navrant. Alors que la Formule 1 s’apprête à négocier l’un des virages les plus importants de son histoire, la FIA persiste dans son entreprise autodestructrice quitte à se mettre à dos une bonne partie du paddock. Sans une profonde prise de conscience en haut lieu de la part de l’autorité régulatrice, la catégorie reine du sport automobile court clairement à sa perte. Car comme le prouve la grotesque décision d’interdire aux pilotes de jeter leurs tear-offs en piste, en matière d’aberration les équipes de Charlie Whiting n’ont absolument aucunes limites. Affligeant.

Sergio Perez

Auteur de sa meilleure saison en F1 l’an dernier, Sergio Perez a connu un Grand Prix d’Australie pour le moins insipide. Alors qu’il restait sur une impressionnante série de sept entrées dans les points en neuf courses, le Mexicain est lourdement retombé de son nuage dans les rues de l’Albert Park. Recalé aux portes de la Q3 lors des qualifications, auteur du 9^ème chrono il devance tout de même son coéquipier Hulkenberg, le pilote Force India perd deux places dès le départ à la suite d’une mise en action poussive. Jamais en mesure de réellement menacer la McLaren d’Alonso devant lui, le natif de Guadalajara remonte progressivement dans la hiérarchie à la faveur des arrêts au stand de ses adversaires directs. Capable de ménager un long moment ses gommes tendres, le vice-champion 2010 de GP2 émerge en 6^ème position au 13^ème tour avant d’effectuer son premier passage par les box trois boucles plus tard. Retombé au 14^ème rang, le bouillant Sud Américain profite de la neutralisation de la course au 18^ème passage pour chausser un autre train de pneus médiums. Surpris par Button lors du restart, « Checo » va devoir patienter six boucles avant de finalement trouver la faille sur le champion du monde 2009. Revenu dans les échappements des pilotes Toro Rosso grâce au bouchon Palmer, le protégé de Carlos Slim est obligé de considérablement lever le pied en fin de Grand Prix en raison d’une inquiétante surchauffe de freins. Passé par Magnussen à trois tours de l’arrivée, Perez termine son Grand Prix en roule libre à une fade 13^ème place, bien loin de son voisin de garage Hulkenberg convaincant 7^ème. Décevant.

Felipe Nasr

Sensationnel 5^ème l’an dernier à Melbourne pour ses grands débuts dans la catégorie reine, Felipe Nasr a complètement déchanté lors de cette manche d’ouverture de la saison 2016. Battu à la régulière par son coéquipier Ericsson dans l’exercice du tour chronométré, il concède plus de six dixièmes au Suédois, le natif de Brasilia a vécu un Grand Prix tout aussi pénible. Si son bon envol lui permet de gagner une place au détriment de Bottas, le pilote Sauber ne va pas résister longtemps à la Williams. Éliminé par le Finlandais dès le 4^ème tour, le protégé de Steve Robertson marque son premier passage au stand seulement six boucles plus tard. Reparti équipé des gommes tendres, le Sud Américain élimine facilement la Manor de Wehrlein avant de ramarrer son voisin de garage. De retour au 16^ème rang lors du spectaculaire accrochage entre Alonso et Gutierrez, l’ancien pilote Carlin en GP2 profite du drapeau rouge pour monter les pneus mediums. Malheureusement pour lui, son pari stratégique ne s’avèrera pas payant. Clairement pas dans le rythme, il perd deux places dans la 24^ème boucle et tombe en dernière position. Propulsé en 16^ème place par le drive-through infligé à son coéquipier Ericsson, l’Auriverde prend le meilleur sur la McLaren de Button au 30^ème tour, mais va longtemps stagner en 14^ème position. Avalé par le Britannique à trois boucles du drapeau à damier, Nasr achève son pénible après-midi à une triste 15^ème position. Pas glorieux.

Valtteri Bottas

Absent l’an dernier à Melbourne en raison d’une blessure au dos contracté lors de la séance qualificative, Valtteri Bottas ne gardera pas un souvenir impérissable de son retour en Australie. Légèrement plus consistant que Massa en 2015, le Finlandais a en revanche complètement été éclipsé par son coéquipier lors de ce premier Grand Prix de l’année. Piégé par l’aberrant nouveau système de qualification le samedi, il ne décroche qu’un modeste 11^ème chrono à plus de six dixièmes de l’autre Williams, le natif de Nastola est de surcroît sanctionné de cinq places de pénalité sur la grille en raison d’un changement de boîte de vitesse. Condamné à s’élancer depuis le 16^ème rang, le protégé de Toto Wolff s’envole moyennement à l’extinction des feux, perdant même une place au profit de Nasr. Après être finalement venu à bout du pilote Sauber au 4^ème tour, le Nordique amorce son laborieux retour vers les avant-postes. Parti en pneus tendres, le champion 2011 de GP3 couvre un long premier relais qui l’emmène à s’arrêter au stand dans le 17^ème passage soit une boucle seulement avant la neutralisation de la course en raison du vol plané d’Alonso sur Gutierrez. Revenu en 11^ème position à la faveur de son arrêt tardif, il passe toute la deuxième partie du Grand Prix dans l’aileron arrière d’Hulkenberg sans pour autant pouvoir menacer le vainqueur des 24 Heures du Mans. Finalement 8^ème à l’arrivée grâce au second changement de pneus des pilotes Toro Rosso, Bottas enregistre une entrée en matière timide dans une saison pourtant primordiale pour la suite de sa carrière. Pas dans un bon jour.

Andrea Noviello