Ocon l’éclaircie dans la grisaille

Sevré de bons résultats depuis l’ouverture de la saison, Esteban Ocon a attendu le Grand Prix de Monaco pour sortir de sa boîte et réaliser une prestation majuscule lors de l’épreuve la plus mythique du calendrier de la Formule 1. Magnifique troisième dans les rues de la Principauté, le pilote Alpine décroche son troisième podium en carrière et lance enfin une saison 2023 jusque-là bien grise chez les bleus.

Son début de saison avait rimé avec déception. Avec frustration aussi. Loin du compte en termes de performance, la faute notamment à une A523 mal née, Esteban Ocon n’avait jamais réellement pu se mettre en valeur en ce très morose début d’exercice 2023. Condamné à se battre pour les accessits lors de la tournée extra-européenne de la catégorie reine du sport automobile, le pilote Alpine s’était contenté d’un très modeste butin de six points en cinq courses, faisant même moins bien qu’un Pierre Gasly (8 points inscrits. Ndlr) pourtant tout juste arrivé dans les rangs du team basé à Enstone (Angleterre. Ndlr). Tracassé par le manque de répondant d’une écurie Alpine en nette régression par rapport à l’an dernier (l’équipe franco-britannique s’était imposée comme la quatrième force du plateau en 2022. Ndlr), le Français s’est magnifiquement rassuré à l’occasion du Grand Prix le plus renommé du calendrier de la F1.

Déjà magistral samedi dans l’exercice du tour chronométré (il a décroché un très joli quatrième chrono qui s’est ensuite transformé en troisième place sur la grille de départ à la faveur de la pénalité subie par le local de l’étape Charles Leclerc. Ndlr), le natif d’Évreux s’est montré tout aussi brillant dimanche après-midi, ramenant au prix d’une course sans la moindre fausse note une troisième place au goût de victoire pour lui et tout le team Alpine. « Nous l’avons fait, savoure pleinement le Tricolore au micro de David Coulthard. C’était un week-end génial pour tout le monde dans l’écurie. Cela a commencé le premier jour dans le simulateur, puis on a su améliorer la voiture au fil des séances. On n’a pas commis une seule erreur, même au moment de passer les gommes intermédiaires. C’était le tour parfait pour le faire. Je suis heureux, car ça fait longtemps que je n’étais pas monté sur le podium. J’espère que celui-là en amènera beaucoup d’autres derrière. »

« Une course incroyablement difficile à gérer »

Impeccable d’un bout à l’autre du Grand Prix, Esteban Ocon n’aura finalement vécu qu’une seule véritable frayeur lors de cet enivrant dimanche de course monégasque. Percuté à l’arrière par la Ferrari de Carlos Sainz dans le 11^ème tour (le bouillant espagnol se montrant un petit peu trop optimiste sur son freinage à la chicane du Port. Ndlr), le vainqueur du Grand Prix de Hongrie 2021 a subi quelques dégâts au niveau du fond plat de sa A523 ce qui ne l’empêcha pas toutefois de se maintenir devant le Madrilène. Resté de marbre face aux attaques insistantes et parfois brouillonnes du pilote espagnol dans la première moitié de course, le Normand a fait montre de la même inflexibilité et de la même maîtrise en fin d’épreuve devant la Mercedes de Lewis Hamilton, le septuple champion du monde ne parvenant jamais à réellement inquiéter l’Alpine flanquée du numéro 31 malgré tout le talent du Britannique sur le mouillée.

« J’ai subi une énorme pression de la part de Lewis, confirme d’ailleurs le Tricolore en conférence de presse d’après Grand Prix. Jusqu’au dernier tour il poussait à fond. Il était plus rapide dans la section humide des virages 5 à 8 et j’étais plus véloce dans les sections sèches. Ce fut une course incroyablement difficile à gérer, mais la récompense au bout est immense. Je suis très heureux ! » Sorti vainqueur de son duel avec les Ferrari et les Mercedes, le pilote Alpine aurait pourtant perdre tout le bénéfice de son brillant week-end monégasque au jeu des arrêts au stand. Et par deux fois. Victime d’un premier pit-stop un peu longuet (4,2 secondes d’immobilisation. Ndlr) au 33^ème tour, le Français a surtout vu la flèche d’argent de George Russell lui griller la politesse lors de son second passage par la voie des stands dans la 55^ème boucle. Heureusement pour le clan Alpine, un tout droit du Britannique dans la descente de Mirabeau allait aussitôt permettre à Esteban Ocon de récupérer un bien que le natif d’Évreux se chargea de convertir en brillant troisième podium en carrière.

Andrea Noviello