Qualification : le changement de la discorde ?

Qualification F1 2016
Malgré les critiques, le nouveau format des qualifications entrera bien en vigueur dès Melbourne.
Facebooktwitter

Finalement adopté par le conseil stratégique après moult atermoiements, le nouveau système de qualification entrera bien en vigueur dès le Grand Prix d’ouverture en Australie. Déjà vilipendé par une partie du paddock, ce neuvième format de l’histoire de la Formule 1 risque bien de semer encore un peu plus le trouble dans une discipline en pleine crise de désamour.

La Formule 1 n’est décidemment pas une discipline comme les autres. Quand d’autres sports ont fait de la stabilité leur maître mot, la catégorie reine prend un malin plaisir à bouleverser sa réglementation à chaque grande période de domination. Après la fin de la double séance en 1996, après l’obligation de n’effectuer qu’un seul tour chronométré en 2003, après le cumul des temps en 2005 ou encore la scission de la séance en trois parties distinctes l’année suivante, la Fédération Internationale de l’Automobile a décidé de chambouler une nouvelle fois le format des qualifications en 2016.

Inchangé pendant plus de 46 ans, le système utilisé lors des séances qualificatives a depuis été remanié à sept reprises sans jamais réussir pour autant à s’imposer dans la durée. Échaudée par l’outrageuse hégémonie des Mercedes sur la F1, comme elle le fut dans le passé lors des succès à répétition de Ferrari, Renault et autre Red Bull, l’instance dirigeante a, en concertation avec la FOM et le conseil stratégique, imaginé un énième format afin de rajouter un peu d’incertitude dans un exercice qui a vu les flèches d’argents cueillir 36 des 38 dernières pole positions en jeu. Si les qualifications demeurent coupées en trois parties (Q1, Q2 et Q3),  elles se voient désormais greffer d’un nouveau paramètre pour le moins controversé : l’élimination tous les 90 secondes du pilote le plus lent en piste.

« Ils veulent créer du chaos »

« Ce nouveau format de qualification est tout bonnement délirant, s’emporte sur les ondes de la radio espagnole COPE le double champion du monde Fernando Alonso. Il est encore plus complexe que le précédent. La F1 est déjà assez difficile à suivre pour les gens. Avec ce système nous allons donner la migraine aux fans ! » Alors que les pilotes pouvaient jusqu’an l’an dernier se permettre de signer leur temps de référence dans les ultimes instants de chaque partie, ils devront dorénavant se montrer incisif dès leur sortie des stands tout en prenant le soin de bien surveiller le chronomètre sous peine de se faire éjecter des qualifications avant même d’avoir pu réellement démontrer leur potentiel en piste.

Imaginé de telle sorte à enrayer l’écrasante suprématie de la firme à l’étoile dans l’exercice du tour chronométré, ce neuvième système de qualification de l’histoire de la catégorie reine est pourtant loin de susciter un fol enthousiasme chez les adversaires des quadruples champions du monde en titre. « Ils veulent créer du chaos, peste l’un des vétérans du plateau Felipe Massa. Et je suis persuadé que cela arrivera. Des voitures évoluant habituellement à l’avant du peloton pourraient rencontrer des problèmes et se voir contraindre de partir de plus loin sur la grille. Ce nouveau format pourrait être intéressant pour les médias et les spectateurs, mais est-il réellement meilleur que le précédent ? Je n’en suis pas certain. »

Une question de timing

Également pointé du doigt par l’état-major de Ferrari, Sergio Marchionne en tête, et par le grand patron de la Formula One Management Bernie Ecclestone, ce nouveau système censé garantir d’avantage de surprises le samedi après-midi n’a pourtant pas que des opposants à l’intérieur du paddock. Ouvert au changement, Christian Horner reste convaincu que les équipes parviendront très vite à s’adapter à ces nouvelles règles. « Ce n’est pas une révolution par rapport au système actuel, juge le team principal de Red Bull dans les colonnes d’Autosport. Cela met juste un peu plus de pression pour réussir vos premiers relais. Il faudra également bien gérer le timing. Après certes si un drapeau jaune ou un drapeau rouge est brandi en plein milieu de la séance, cela chamboulera probablement la grille. »

Approuvé par les dirigeants de la F1 en dépit de la très nette désapprobation des pilotes, ce quatrième format en dix ans passera dès Melbourne un sérieux test de crédibilité tant auprès des fans que des premiers concernés. Pas forcément enthousiasmés par un changement qu’ils considèrent inapproprié et surtout contraire à l’essence même de la catégorie pinacle du sport automobile, les Hamilton, Vettel et autres Button vont pourtant devoir tenter de prouver sur la piste le bienfondé de ce nouveau système en termes de spectacle. Histoire que la dernière « création » de la FIA ne se transforme pas en véritable bide à l’instar du système d’addition des temps adopté en 2005 et rangé au placard après seulement six courses.

Andrea Noviello

F1 qualification 2016
Les pilotes vont devoir surveiller le chrono pour ne pas risquer une élimination prématurée.

Facebooktwitter

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*