Éric Boullier : « On n’a vraiment rien laissé au hasard » (1/2)

Éric Boullier Road Show Nice 2019
Éric Boullier déclare ne pas avoir hésité au moment de rejoindre l'équipe du Grand Prix de France.
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Reconverti comme conseiller stratégique et ambassadeur du Grand Prix de France depuis le 22 février dernier, Éric Boullier dresse un état des lieux des changements apportés par les organisateurs de la manche française à un peu plus de quinze jours du retour des Formule 1 sur le plateau du Castellet.

Son brillant parcours (deux victoires avec Kimi Räikkönen Ndlr) à la tête d’une écurie Lotus en totale déliquescence lors de son arrivée dans les murs d’Enstone en avait fait l’un des team boss les plus respectés du paddock. Choisi par Ron Dennis en personne à l’aube d’une saison 2014 placée sous le signe du renouveau à Woking, Éric Boullier s’est époumoné pendant plus de quatre ans à redresser la barre d’un navire en complète perdition, quitte à multiplier les changements de cap et autres restructurations internes. Contraint et forcé de se plier à un choix (Honda Ndlr) qui n’était pas le sien, l’ingénieur de formation n’est jamais parvenu à remettre McLaren sur la voie du succès, essuyant saison après saison les plâtres d’une collaboration vouée à l’échec. Devenu au fil des désillusions la cible privilégiée d’une presse britannique toujours aussi cruelle avec les « frenchies », le Lavallois a payé au prix fort l’affligeant manque de résultats de l’écurie aux huit couronnes mondiales. Poussé vers la sortie au milieu de l’été 2018 par des actionnaires échaudés par des années d’humiliation, l’ancien directeur de la compétition de McLaren fait désormais profiter sa riche expérience de la course à l’équipe organisatrice du Grand Prix de France. Nommé conseiller stratégique sportif et opérationnel de la manche tricolore en février dernier, le diplômé de l’IPSA (école d’ingénieurs de l’air et de l’espace Ndlr) se donne depuis sans compter pour faire de l’épreuve française une étape incontournable du championnat du monde. Venu prêcher la bonne parole à Nice le temps d’un roadshow organisé en collaboration avec Renault sur la Promenade des Anglais, Boullier met à profit sa visite dans la capitale azuréenne pour dévoiler les grandes lignes d’une édition 2019 profondément revue et corrigée.

Onze mois se sont écoulés depuis votre éviction de l’écurie McLaren en juillet 2018. Avez-vous complètement tourné la page aujourd’hui ou cette démission déguisée demeure-t-elle toujours une cicatrice profonde pour vous ?

(Il éclate de rire avec de lancer sur le ton de la plaisanterie) Non, j’ai un gros tatouage McLaren regardez là (il pointe du doigt son torse), je n’en peux plus ! Plus sérieusement, la page est tournée oui. J’ai le sourire donc ça va. Cela reste une expérience. J’ai la chance d’avoir travaillé pour McLaren pendant près de cinq ans. J’ai également eu la chance d’évoluer en Formule 1 et de remporter deux courses en tant que directeur d’équipe. Tout le monde ne peut pas se « targuer » de ça. Ces victoires, elles sont à moi ! Cela peut paraître très égoïste dit comme ça, mais je l’ai vécu en tant que patron d’écurie. J’ai gagné dans toutes les catégories dans lesquelles j’ai officié. Je suis fier de mon parcours. Je m’occupe du Grand Prix de France désormais et il fait beau ici (à Nice Ndlr). Alors tout va bien.

Après avoir passé près de vingt ans de votre vie professionnelle à la tête d’écuries, vous avez endossé une toute nouvelle casquette en début d’année en acceptant ce rôle de conseiller stratégique sportif et opérationnel du Grand Prix de France. Qu’est-ce qui vous a poussé à relever ce nouveau défi ?

Cette aventure m’intéressait. Tout simplement. Il ne faut pas non plus oublier que je faisais déjà partie de l’équipe originelle, du petit trio qui dix ans plus tôt avait essayé de ramener le Grand Prix de France au calendrier. Quand Christian Estrosi m’a proposé de reconstituer ce trio, j’ai simplement accepté. C’était pour moi un moyen de partager ma passion de la course et de la Formule 1. J’étais ravi d’avoir, en tant que bénévole, participé au retour du Grand Prix de France. Christian m’a appelé au moment où j’ai choisi de donner un nouveau visage à ma carrière. Il m’a simplement dit : « Éric, tu as quand même œuvré à ce retour. Ne souhaiterais-tu pas nous rejoindre afin de renforcer l’équipe et d’améliorer encore davantage ce projet pour le rendre pérenne sur du très long terme ? ».

Vous paraissez comblés par vos nouvelles fonctions au sein de l’équipe organisatrice du Grand Prix de France. L’adrénaline de la compétition, l’excitation d’un week-end de course, la pression du résultat ne vous manquent-ils pas ?

Non, absolument pas. J’ai dirigé des écuries de course pendant dix-huit ans. Ce style de vie est extrêmement demandeur. Aujourd’hui, les exigences diffèrent un petit peu même si le Grand Prix de France requiert aussi une grosse implication au quotidien. Ce mercredi je suis là (à Nice Ndlr), mais samedi je serai également à Salon de Provence (interview réalisée le 1er mai dernier). Forcément ce n’est pas la même chose, mais je trouve ça bien d’apporter mon expérience à un projet comme le Grand Prix de France. On est les seuls au monde à proposer un roadshow. Et ce n’est pas la seule chose que nous faisons différemment des autres en France. Notre produit peut être, au moins, aussi bon que les autres. On souhaite l’installer sur le long terme. Participer à cette aventure, partager ma passion de la course avec les Français, je trouve cela non seulement intéressant, mais aussi très enrichissant.

« On a appris de nos erreurs et de ce qu’il s’est passé en 2018. On a donc effectué un énorme travail en termes de gestion du trafic autour du circuit ou de gestion des parkings. On a également doublé le nombre de campings disponibles » 

Le retour du Grand Prix de France au calendrier de la Formule 1 a, globalement, été couronné de succès l’an dernier. À dix-neuf jours de l’édition 2019, où en êtes-vous des préparatifs ?

Les préparatifs vont bien. Chaque saison, on se lance un nouveau challenge. Les données changent un petit peu d’une année sur l’autre. On a des nouveautés à mettre en place et à anticiper. Pour l’instant, on suit la feuille de route.

Le problème d’accessibilité au circuit Paul-Ricard a constitué le gros point noir de l’édition 2018. Quelles mesures avez-vous prises pour permettre aux fans de ne plus revivre le cauchemar de l’an dernier ?

On a mis en place un gros plan de mobilité cette année. On ne le répète jamais assez, mais on a appris de nos erreurs et de ce qu’il s’est passé en 2018. On a donc effectué un énorme travail en termes de gestion du trafic autour du circuit ou de gestion des parkings. On a également doublé le nombre de campings disponibles. On a, en outre, instauré des parkings de délestage avec des navettes garanties toutes les deux minutes. On collabore désormais avec l’application Waze. Elle va aider les fans à rejoindre le circuit dans les meilleures conditions. Une équipe d’ingénieurs dédiés sera d’ailleurs présente sur place pendant le week-end.

Quelles autres actions avez-vous entreprises pour fluidifier le trafic pendant le week-end ?

On travaille aussi avec la société Citec qui a notamment géré le trafic de la Ryder Cup (compétition de golf Ndlr) l’année dernière. Elle a l’habitude de s’occuper d’événements de grande ampleur, elle nous a donc aidé à modéliser ce plan de mobilité. On n’a vraiment rien laissé au hasard pour être certain que l’accès au circuit et le retour des fans soient optimisés. J’espère que les gens viendront en nombre cette année encore. Forcément, il y aura un petit peu de trafic. On ne peut pas y échapper, mais on souhaite que les délais soient raisonnables et que tout le monde puisse sourire à la fin du week-end.

Pouvez-vous aujourd’hui garantir au public français que les interminables bouchons de 2018 ne se reproduiront pas en 2019 ?

Garantir, c’est un grand mot … En revanche, je peux vous répondre une chose : je suis extrêmement confiant dans le fait que nous ayons résolu la plupart des problèmes rencontrés la saison passée.

Propos recueillis par Andrea Noviello

Daniel Ricciardo Eric Boullier Nice
Selon Boullier, les principaux problèmes de trafic ont été résolus grâce au plan de mobilité adopté.
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