Dans l’ombre des ténors depuis trois ans, McLaren a présenté celle qui doit ramener la mythique écurie britannique dans la lumière. Basée sur sa devancière, la MLC33 troque son piteux moteur Honda contre un rafraîchissant V6 Renault avec l’ambition de retrouver les sommets.
En renouant avec son glorieux passé et en signant un partenariat d’exclusivité avec le revenant Honda, McLaren avait cru réussir le coup du siècle. Sans doute bercée par les illusions d’un retour fracassant du motoriste qui lui avait permis d’écraser tout sur son passage à l’aube des années 90, la mythique écurie britannique n’avait pas vu venir l’immense désastre auquel elle allait se confronter. En trois saisons de collaboration avec le groupe japonais, le team dirigé par Éric Boullier a enchaîné les casses, désillusions et autres humiliations au point de voir son aura sévèrement décliné à l’intérieur du paddock. Désertée par les sponsors, moquée par la concurrence, l’équipe chère à Bruce McLaren venait même à perdre l’un de ses champions du monde, Jenson Button ayant décidé d’arrêter les frais après deux années cauchemardesques à Woking.
Soucieuse de ne pas voir son autre pilote vedette, Fernando Alonso, quitter à son tour le bercail, McLaren a préféré mettre un terme à sa tumultueuse relation avec le constructeur nippon, quitte à s’asseoir sur son statut privilégié de partenaire officiel. Lassée par des promesses jamais tenues et par le manque de progression du V6 Honda, l’équipe aux huit couronnes mondiales a donc choisi d’entamer un nouveau chapitre de son histoire en liant son sort à Renault. Première génèse de cette collaboration britannico-française, la MCL33 a révélé ses lignes au lendemain de la présentation des Mercedes W09 et Ferrari SF-71H. « Toute l’équipe a réalisé un travail formidable pour construire dans un délai aussi restreint cette nouvelle F1, se félicite le directeur de McLaren Racing, Éric Boullier. Nous n’avons jamais emprunté de chemin facile, ni cherché de raccourci. Il en découle une voiture très soignée. »
Retour à l’orange papaye
Logiquement évoluée de la MCL32, la dernière-née des ateliers de Woking marque pourtant une profonde envie de changement de la part de ses géniteurs. Parfait symbole de cette volonté de rompre avec trois années de galère aux côtés de Honda, la teinte orange « papaye » renvoie non seulement aux couleurs mythiques de l’écurie du temps de ses grands débuts en catégorie reine, mais se pose également comme la nouvelle identité visuelle d’un team britannique trop longtemps éloigné de ses racines. « Revenir à une livrée orange papaye cette année n’était pas uniquement une décision émotionnelle, justifie le directeur exécutif de McLaren, Zak Brown. Cela prouve que nous écoutons nos fans et que nous souhaitons construire un engagement plus fort avec eux. Nous voulons également que McLaren soit respectée en piste comme en dehors et montrer pourquoi cette équipe est si particulière. »
Outre ce changement radical en termes de livrée, la dernière création de Peter Prodromou se démarque également de sa devancière au niveau des pontons, les entrées d’air de la MCL33 perdant significativement en volume. Si les ingénieurs britanniques n’ont pas cédé à la mode des pontons hauts lancée par Ferrari l’an dernier, ils n’ont pas pour autant négligé leur importance en termes d’écoulement des flux vers l’arrière de l’auto comme en témoigne la surmultiplication (deux rangées de quatre) de petites ailettes au sommet des entrées d’air. Bénéfique sur le plan purement aérodynamique, l’arrivée du moteur Renault a également permis aux concepteurs du team anglais de supprimer l’ouverture placée derrière la tête du pilote tout en conservant le format de la prise d’air moteur.
Renault en guise de sauveur
Suspectée l’an dernier par la FIA d’avoir mis au point un système permettant d’abaisser la garde au sol de sa voiture en virages, McLaren a néanmoins décidé de conserver la géométrie de sa suspension-avant et de maintenir une assiette toujours autant inclinée vers l’avant, preuve que l’écurie anglaise en a belle et bien terminé avec sa vilaine manie de vouloir changer radicalement de concept d’une année sur l’autre. Copie quasi-conforme de la MCL32 à l’avant, si on excepte évidement un déflecteur encore complexifié et désormais muni d’une nouvelle rangée d’appendices au profil arqué, la 61ème Formule 1 conçue dans les usine de McLaren s’en distingue en revanche nettement davantage sur l’arrière grâce notamment à l’instauration de deux solutions inédites. Jadis en forme de « V », le bras de suspension-arrière affiche désormais un look moins conventionnel en « Y » grâce à un repositionnement des points d’ancrage du triangle supérieur et à un remodelage censé en accroître l’efficacité aérodynamique.
Autre solution particulièrement novatrice : le fond plat de la MCL33 arbore deux immenses entailles sur sa partie extérieure afin d’augmenter la quantité d’air s’écoulant sous la voiture. Source de la plus grande attention des ingénieurs de McLaren, l’intégration du Power-Unit Renault a contraint les équipes techniques de Woking à procéder à une refonte totale du train arrière (caisson de la boîte de vitesses, transmission, système de refroidissement). Un travail titanesque, mais porteur d’immenses espoirs dans les rangs de l’écurie tant la venue du motoriste français doit favoriser le retour aux affaires des hommes d’Éric Boullier. « Le V6 Renault a gagné des courses en 2017 et il évolue constamment, constate le double champion du monde, Fernando Alonso. J’aborde cette saison de manière bien plus optimiste que les trois dernières, car je suis convaincu que nous avons un bon coup à jouer cette année. »
Andrea Noviello
Poster un Commentaire