Jean-Luc Roy : « Cette victoire de Vettel est clairement inattendue » (1/2)

Jean-Luc Roy considère que l'arrivée de Vettel chez Ferrari lui a fait le plus grand bien.
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Voix des Grand Prix sur RMC depuis 2008, Jean-Luc Roy n’a pas son pareil quand il s’agit d’éplucher l’actualité de la Formule 1. Jamais langue de bois, l’ancien commentateur de Kiosque analyse sans concessions la deuxième épreuve de la saison disputée sur le circuit de Sepang en Malaisie. De l’inattendue victoire de Sebastian Vettel et Ferrari au couac stratégique de Mercedes en passant par le retour de Fernando Alonso et des aberrantes sanctions des commissaires de course : le fondateur et président de Motors TV décrypte en exclusivité pour Warm-up F1 tous les faits marquants de ce week-end malais.  

Jean-Luc, Sebastian Vettel a remporté en Malaisie une victoire aussi inespérée que méritée. Vous attendiez-vous à un succès aussi rapide de l’Allemand en 2015 ?

Cette victoire de Vettel est clairement inattendue à ce stade de la saison. Cependant, comme on l’avait compris dès Melbourne, les Ferrari ont considérablement progressé et se sont rapprochées des Mercedes cette année. Ils ont très bien travaillé pendant l’hiver, le podium de Vettel en Australie en attestait. Ferrari représente indubitablement la deuxième force du plateau. Après de là à gagner, on pensait que ce ne serait pas pour toute de suite. On avait simplement vu dès les premiers essais libres du vendredi que lors des longs runs les Ferrari étaient très constantes et capables d’exploiter les pneus même avec une température très élevée. Cela constituait bien évidemment un atout en course à condition que la météo demeure identique. La clé de cette victoire a été le coup stratégique opéré par Ferrari. Laisser Vettel en piste alors que les deux Mercedes rentraient au stand sous safety-car fut un coup de génie d’autant qu’ils n’étaient pas les seuls à choisir cette option. Si les Mercedes s’étaient retrouvées juste derrière Vettel, je pense que la course aurait été changée. Comme d’autres pilotes de milieu et de fin de grille ont également décidé de rester en piste, les deux pilotes Mercedes se sont retrouvés avec d’autant plus d’obstacles à surmonter.

Après une saison 2014 où il a été outrageusement dominé par son coéquipier Daniel Ricciardo, Sebastian Vettel semble de nouveau à son meilleur niveau chez Ferrari. A-t-on définitivement retrouvé celui qui empilait les titres de champion du monde ?

Exactement. Je crois qu’il est totalement régénéré que ce soit mentalement, physiquement et bien évidemment sportivement. Sebastian a vécu cette saison 2014 comme un fardeau pour diverses raisons. C’est quelqu’un d’intelligent et discret qui ne va pas étaler ses états d’âme sur la place publique. La voiture ne lui convenait pas du tout en 2014. Il avait également compris que sa période là-bas était terminée. Il avait besoin de ce changement parce que c’était un bébé Red Bull. Il devait s’affirmer ailleurs et c’est ce qu’il est en train de faire. Toutes les grandes équipes ont besoin d’avoir un chef de file et Ferrari l’a incontestablement trouvé avec Vettel.

« Mercedes aurait dû laisser Rosberg en piste »

Kimi Räikkönen demeure encore une fois le seul accroc du week-end chez Ferrari. L’erreur du team en qualification et sa crevaison dès l’entame du 2ème tour ont probablement coûté au Finlandais un podium à Sepang …

Oui, c’est souvent comme ça avec Kimi. Je ne sais pas quelles sont les responsabilités dans l’accrochage avec Nasr. Un premier tour est toujours compliqué à gérer. Il n’y est peut être pour rien du tout. En attendant et malheureusement c’est encore tombé sur lui. On sait que lorsque l’on évolue au milieu du paquet les risques d’incidents sont toujours accrus. Le côté positif pour la Scuderia est de voir qu’étant dernier à un moment, il a réussi à terminer 4ème et à garder un rythme de course très élevé. S’il n’a pas d’ennui à l’avenir, on devrait assister à une bataille à quatre dès la Chine. Le spectacle n’en sera que plus sympa.

La supériorité des Mercedes à Kuala Lumpur était indéniable puisque Nico Rosberg a enregistré en course un tour 1,5 seconde plus rapide que le vainqueur Vettel. Peut-on affirmer que les stratèges de Mercedes se sont complètement plantés dans leur stratégie en ayant mis leurs œufs dans le même panier ?

Comme le dit Toto Wolf il fallait bien que la série de victoire s’arrête un jour et qu’ils finissent par être battus. Cela s’est produit plus tôt que prévu. Quand on est le plus fort on a forcément tendance à s’endormir en matière de stratégie puisqu’on n’a pas de risques à prendre. C’est toujours le leader qui dicte la stratégie. Or, on l’a vu des dizaines de fois dans le passé, lorsqu’un safety-car rentre rapidement les pilotes en profitent pour s’arrêter, évacuer le train de pneus qu’ils ont déjà bien cramé en qualification, en remettre un autre et repartir. Mercedes est tellement obnubilée par le fait de traiter ses deux pilotes de la même manière qu’elle a appliqué la même stratégie pour Nico et Lewis. Les dirigeants de l’équipe ne veulent vraiment pas être accusés d’en avoir avantagé un plutôt que l’autre. Dès qu’ils se sont rendus compte que Vettel ne s’arrêtait pas, ils auraient évidemment dû laisser Nico Rosberg en piste afin qu’il le marque à la culotte. La course aurait été tout autre, mais ils n’ont pas su adapter leur stratégie. Ils ont sans doute pensé qu’ils étaient largement assez forts pour faire ça. Ils ont aussi surement été surpris de constater que cinq ou six autres pilotes ne rentraient pas. Cela signifie qu’ils ne se retrouvaient pas derrière Vettel, mais bien derrière d’autres pilotes à dépasser. Et on a vu que cela n’était pas si évident que ça. La course était en partie jouée là. Maintenant, il fallait encore que Vettel ne commette aucune erreur. Il a prouvé être un très grand pilote et pas uniquement un bébé Red Bull.

Propos recueillis par Andrea Noviello

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