Les circuits mythiques : Zandvoort (1/2)

Zandvoort départ 1959
Le circuit de Zandvoort a construit une bonne partie de sa légende sur son mythique virage "Tarzan".
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Dessiné entre les dunes de la ville éponyme, le circuit de Zandvoort naît sous les coups de crayons de l’ancien pilote Bentley Sammy Davis le 7 août 1948. Hôte du premier Grand Prix des Pays-Bas quatre ans plus tard, le tracé néerlandais offre un panel de virages particulièrement excitant et des courses toutes aussi enthousiasmantes. Endeuillé en trois ans d’intervalle par les accidents mortels de Piers Courage et de Roger Williamson, Zandvoort subira de nombreuses modifications jusqu’à son abandon définitif en 1985.

Revenus sur le devant de la scène du sport automobile mondial grâce à l’éclosion spectaculaire du surdoué Max Verstappen, les Pays-Bas ont longtemps entretenu un rapport singulier avec le monde de la Formule 1. Si avant l’arrivée du prodige de chez Red Bull rares ont été les pilotes à se mettre en valeur au plus haut niveau (seul son père Jos est parvenu à décrocher deux podiums), le pays a rapidement su se frayer une place de choix dans le cœur de la catégorie reine et de tous les amoureux des sports mécaniques. L’explication tient en un nom : Zandvoort. Derrière cette station balnéaire bordée par la mer du Nord se cache l’un des tracés les plus emblématiques de l’histoire de la F1. L’un de ceux ayant, aussi, connu quelques-uns des plus dramatiques épisodes de la discipline.

Situé à 25 km à l’ouest d’Amsterdam, le village de Zandvoort se caractérise par ses immenses dunes de sable. Un terrain de jeu idéal pour quiconque aimerait organiser des courses de voitures. Séduit par le succès populaire enregistré lors d’exhibitions proposées au cœur de la cité à la fin des années 30, le maire H. Van Alphen décide de plancher sur la construction d’un circuit permanent. Hélas, le déclenchement de la seconde guerre mondiale et l’invasion des troupes allemandes mettent un terme aux belles aspirations de Van Alphen. Du moins pour un temps. Déterminé à aller au bout de son ambitieux projet, le maire continue en secret de travailler sur l’élaboration du futur tracé. Malicieux, Van Alphen va même se servir de l’égo des nazis pour assouvir une partie de ses desseins. En prétextant vouloir bâtir une nouvelle route le long des dunes afin de célébrer les vainqueurs du conflit, le Maire évite non seulement à nombre de ses compatriotes de se voir extrader vers l’Allemagne, mais vient surtout habillement d’ériger la ligne droite principale de la piste. La guerre terminée, la ville peut alors passer à la vitesse supérieure.

Un premier virage mythique

Placée au cœur des travaux de reconstruction de la commune, la création du circuit de Zandvoort prend définitivement forme en 1946 avec la constitution d’un panel d’expert sous l’égide de l’Automobile Club d’Hollande. Confié à l’ancien pilote Bentley Sammy Devis, le dessin du tracé se révèle une franche réussite. Composé de grandes courbes rapides en devers et d’une ligne droite des stands interminable, le circuit néerlandais serpente les dunes de la ville éponyme sur une distance totale de 4, 193 km. Autre singularité de la piste hollandaise : son premier virage surélevé à 180°, prénommé « Tarzan ». L’origine de cette nomination singulière viendrait, selon la mythologie de la ville, de l’ancien propriétaire des terres. Peu emballé à l’idée de vendre sa parcelle au futur acquéreur du tracé, il aurait finalement consenti à abandonner son bien en échange d’une certaine reconnaissance. Ainsi, une clause fut ajoutée au contrat stipulant que le virage en question porterait son surnom. Excentrique et solitaire, l’homme exhibait une longue tignasse au point que tout le monde le surnommait « Tarzan ». Le nom de la future courbe était tout trouvé.

Officiellement inauguré le 7 août 1948, Zandvoort séduit rapidement pilotes et observateurs de par ses infrastructures particulièrement modernes pour l’époque. Si la piste s’avère relativement sinueuse, son caractère rapide et ses courbes vertigineuses enchantent le paddock. Disputée le jour même, la première course de l’histoire du tracé sacre le Prince Bira de Siam au volant de sa Maserati. L’Italie garde la main l’année suivante puisque Luigi Villoresi impose sa Ferrari lors du Grand Prix de Zandvoort. Pas insensible à l’attrait proposé par cette nouvelle destination, la Formule 1 choisit alors d’accueillir le circuit néerlandais dans son championnat du monde en 1952. Encore une fois, l’épreuve sourit à un pilote transalpin avec le triomphe d’Alberto Ascari. Le pilote Ferrari fixe ce jour-là à sept le nombre record de victoires de la discipline. Exigeant pour les pilotes et les machines, le tracé hollandais conduit à des courses souvent riches en dépassements et accidents. La proximité de la mer du nord et le sable poussé par celle-ci modifient les conditions de piste d’un tour à l’autre, rendant la tâche de ces funambules du volant encore plus complexe.

Une piste de champions

Complet et généreux en courbes assassines, Zandvoort se montre très difficile à dompter, si bien que les champions du monde y brillent comme à nul autre pareil. Excepté la victoire de Sterling Moss en 1958, l’étonnant succès de Jo Bonnier l’année suivante (le Suédois enlève la première victoire d’une BRM en F1 et la seule de sa carrière) ou encore celui Wolfgang Van Trips en 1961, treize des seize premières éditions reviennent à un pilote sacré au moins une fois (Fangio en 1955, Brabham en 1960, Graham Hill en 1962, Stewart en 1968, Rindt en 1970). Il faut attendre 1971 et la victoire sous la pluie du maître en la matière Jacky Ickx pour assister au triomphe d’une tête non couronnée. Entre temps, le surdoué Jim Clark a apposé son empreinte sur l’épreuve néerlandaise. Avec trois succès consécutifs entre 1963 et 1965, l’as écossais devient le grand spécialiste de Zandvoort. Jamais aussi redoutable que sur des circuits d’hommes, le double champion du monde réussit même la prouesse d’imposer la révolutionnaire Lotus 49 et le non moins innovant moteur Ford DFV dès leur première sortie officielle en 1967 pour ce qui sera son quatrième et dernier succès en terre batave.

Andrea Noviello

Jim Clark Zandvoort 1967
Jim Clark offre au moteur Ford Cosworth son tout premier succès dans la catégorie reine en 1967.
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