Cloué au pilori par tout le paddock pour sa manœuvre controversée de Jerez, Michael Schumacher entame son opération rachat lors de la manche d’ouverture de la saison 1998 en Australie. Troisième en qualification, l’Allemand voit ses espoirs se briser net dès le sixième tour à la suite de l’explosion de son moteur Ferrari.
Passé à côté d’une possible troisième couronne mondiale en 1997, Michael Schumacher a également vu sa cote de popularité sérieusement s’infléchir dans le paddock après son grossier coup de volant contre Jacques Villeneuve à Jerez. Sévèrement critiqué par tout le microcosme de la F1, le double champion du monde est devenu en quelques mois le stéréotype même de l’anti-fairplay. S’il a longtemps ressassé l’épisode du Grand Prix d’Europe, le pilote Ferrari s’est toutefois pleinement investi dans le développement de la nouvelle F300. Première monoplace réellement dessinée par le duo Ross Brawn-Rory Byrne, la dernière-née des ateliers de Maranello répond aux nombreux changements qui ont chamboulé la réglementation technique. Moins large de 20 cm, elle héberge un tout nouveau V10 à l’inclinaison modifié (80° contre 75° pour le précédent moteur) et se pare de pneumatiques rainurés.
Nettement plus satisfait du comportement de sa monture en arrivant à Melbourne qu’à la même époque douze mois plus tôt, le natif d’Hürt-Hermülheim comprend pourtant rapidement qu’il aura fort à faire pour tenter de rivaliser avec d’impressionnantes McLaren-Mercedes. Homme le plus rapide en piste lors des premiers essais libres de l’année le vendredi matin, le « Baron Rouge » a, en revanche, concédé près d’une seconde de retard à la flèche d’argent de David Coulthard lors de la séance de l’après-midi. L’addition est salée. Et les motifs d’insatisfactions ne manquent pas chez les rouges. Particulièrement brutale, la F300 se révèle très indocile ce qui oblige le protégé de Willi Weber à se surpasser pour pouvoir en tirer la quintessence. Malheureusement, une vilaine grippe vient affaiblir le fer de lance de la Scuderia avant l’épreuve tant redoutée des qualifications.
5 petits tours et puis s’en va
Malgré un très joli tour, « Schumi » doit se contenter du troisième chrono à plus de sept dixièmes des deux McLaren. Un gouffre. L’origine de ce cinglant revers ne réside pourtant pas seulement dans l’état de santé de l’ancien poulain de Flavio Briatore. Le coupable est même facilement désigné : Goodyear. Visiblement nettement moins à l’aise que son homologue japonais dans le développement de ces nouveaux pneus rainurés, le manufacturier américain subit de plein fouet la domination de Bridgestone en Australie, mettant ainsi Ferrari et son pilote phare dans une situation relativement inconfortable. Autre motif de grief : le système de freinage directionnel équipant les MP4/13. Furieuse de s’être vue interdire l’utilisation d’un dispositif similaire, l’écurie la plus titrée de l’histoire conteste la légalité du « steering-brake » équipant les McLaren. Sans succès. Charge au « Kaiser » de tenter de faire vaciller en course les imbattables flèches d’argent.
Crédité d’un envol correct, le pilote de 29 ans ne parvient cependant pas à s’immiscer entre l’une des deux machines grises lors du départ. Bien décidé à compliquer la tâche des hommes de Ron Dennis, le « petit Mozart de la F1 » tente une attaque osée par l’extérieur sur la McLaren de Coulthard dans le virage 3. Peine perdue. L’Ecossais lui oppose une fin de non-recevoir qui se traduit par une manœuvre virile, mais correct. Repoussé à 4,2 secondes du leader de la course Mika Hakkinen à l’entame du 3ème tour, le prodigue de Kerpen constate avec impuissance la très nette supériorité des monoplaces argentées. L’Allemand a beau cravaché, l’écart entre lui et les deux hommes de tête ne cessent de s’accroître. Mais le champion du monde 1995 n’est pas encore au bout de ses peines. Alors qu’il accuse désormais plus de treize secondes de retard, le pilote Ferrari doit immobiliser sa F300 au terme du 5ème passage, moteur explosé. Furieux de devoir si vite renoncer à combattre, Schumacher jette de rage son volant par terre. Son opération reconquête démarre par un fiasco total.
Andrea Noviello
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